Le programme anti-crise

de la direction de QuŽbec solidaire

Sauver le capital

sur fond dĠŽchec Žlectoral

 

 
Marc Bonhomme

Militant anticapitaliste de QuŽbec solidaire

 
 
On conna”t lĠadresse des trois partis traditionnels — le fŽdŽraliste Parti libŽral du QuŽbec (PLQ) de droite au pouvoir, le souverainiste (en paroles) Parti quŽbŽcois (PQ) de centre-droit comme opposition officielle et lĠautonomiste et ultra-droitier ADQ en chute libre et en crise de leadership — au sujet de la lutte contre la crise : sauver le capitalisme avec respectivement un peu, un peu plus et un peu moins dĠintervention Žtatique.  QuŽbec solidaire, en stagnation Žlectorale mais ayant rŽussi a faire Žlire un dŽputŽ, prŽtend plut™t sauver le peuple de la crise.  Quand on analyse son programme contre la crise et son plan dĠaction, a nĠa rien dĠŽvident.  Seulement par de beaux discours, la direction de QuŽbec solidaire (QS) ambitionne plut™t de sauver le capitalisme quŽbŽcois tout en allŽgeant les consŽquences de la crise sur le peuple.  On a affaire ˆ un social-libŽralisme qui sĠest adaptŽ au dŽplacement vers le nŽo-keynŽsianisme de tout lĠŽchiquier nŽolibŽral et social-libŽral, PLQ et Conservateurs fŽdŽraux compris (Voir mon essai Ç La crise globale du capitalisme : Le nŽo-keynŽsianisme, de droite ou de gauche, fait payer le prolŽtariat ; LĠanticapitalisme fait payer le capital financier È sur le site Ç La crise È de Michel Husson).

 

 

TABLE DES MATIéRES

Le PQ : cachez ce nŽolibŽralisme que je ne saurais voir 

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Au QuŽbec, la sortie de crise passe par lĠindŽpendance

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Capituler au fŽdŽral mne ˆ capituler au capital, PME incluses

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La main tendue au PQ

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LĠŽlection dĠun dŽputŽ masque un Žchec rŽelÉ

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É et un refus de mobiliser

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Annexe : Les 20 mesures du plan anti-crise de QuŽbec solidaire

page 14

 

 

26 fŽvrier 2009

 

Le PQ : cachez ce nŽolibŽralisme que je ne saurais voir 

 

Soyons dĠabord clair au sujet du PQ, parti de centre-droit.  Peut-on qualifier autrement que de nŽolibŽral recyclŽ en nŽo-keynŽsien de droite, malgrŽ sa phrasŽologie social-dŽmocrate, un parti qui a ŽtŽ le roi des coupures et des privatisations ˆ la fin des annŽes 90 aprs avoir ŽcrasŽ les syndicats du secteur public en 1982 avec sa coupure salariale de 20% ?  Peut-on qualifier autrement que dĠautonomiste, malgrŽ son discours Ç souverainiste È (pourquoi marginaliser le mot indŽpendance ?), le parti de la Ç souverainetŽ-association È, puis de Ç lĠaffirmationnisme È, puis du Ç beau risque È avec les Conservateurs, ensuite de lĠalliance avec les LibŽraux quŽbŽcois au lendemain de la crise du Lac Meech, ensuite de la Ç souverainetŽ-partenariat È avec lĠADQ lors du rŽfŽrendum de 1995, puis des Ç conditions gagnantes È alors quĠil sĠacharnait ˆ fabriquer des conditions perdantes avec sa politique sociale droitire, finalement de plus rien du tout avec lĠabandon de la stratŽgie rŽfŽrendaire sans rien lui substituer.

 

Encore lĠŽtŽ dernier, Ç Le Parti quŽbŽcois envisage[ait] de dŽposer une motion de non-confiance portant sur les dŽficits affichŽs par le gouvernement Charest. È (Le Devoir, 18 juin 2008).  Aprs tout, le PQ nĠest-il pas le pre de la loi sur lĠŽquilibre budgŽtaire ?  Encore cet automne, il cultivait lĠambigu•tŽ : Ç Pendant que tous les ƒtats dans le monde se prŽparent ˆ faire face ˆ la crise financire actuelle et annoncent des dŽficits, le gouvernement Charest dit que son plan a dŽjˆ ŽtŽ fait il y a un an et soutient que le QuŽbec fera des surplus. È de dire Pauline Marois ˆ la confŽrence nationale des prŽsidentes et des prŽsidents du Parti QuŽbŽcois le 26 octobre (site web du PQ).  Pourtant, une semaine auparavant, Ç Alain Dubuc, chroniqueur de La Presse, en a appelŽ, vendredi, au rejet du ÒtabouÓ entourant le recours aux dŽficits, que Òl'abc de la science ŽconomiqueÓ considre pourtant comme un Òoutil conjoncturel valideÓ. È (Le Devoir, 14 octobre 2008)  Quant au plan Žconomique des LibŽraux, pourtant dŽnoncŽ, Ç Pas question pour Marois de faire tomber le gouvernement Charest sur son plan Žconomique È. (Le Devoir, 27 octobre 2008) 

 

Lors de la dernire Žlection, la plate-forme du PQ Žtait foncirement libre-Žchangiste comme le soulignent les passages suivants : 

Ç Tous ces gestes [du PLQ] ont eu des effets nŽgatifs sur la productivitŽ de nos entreprises. Ils les ont fragilisŽes et privŽes dĠatouts pour faire face aussi bien ˆ la crise actuelle quĠˆ la concurrence sur les marchŽs Žtrangers. È [É]

Ç 1.2. Soutenir les entreprises

á        ƒliminer, avant 2010, la taxe sur le capital.

á        Baisser le taux marginal effectif dĠimposition des entreprises.

á        Adopter des mesures fiscales qui visent ˆ encourager lĠinvestissement privŽ, notamment lĠinvestissement dans les Žquipements.

á        Simplifier la rŽglementation et les procŽdures administratives touchant les entreprises.

á        Appuyer le dŽveloppement de lĠentrepreneurship. È

 

Rien dĠŽtonnant : historiquement, le PQ, dans le cadre de l'alliance du beau risque avec le gouvernement Mulroney, a ŽtŽ un enthousiaste de la promotion de l'Accord de libre-Žchange avec les ƒU, accord qui servira de matrice ˆ tous les autres qui vont suivre dans le monde.  La seule diffŽrence avec le PLQ est un interventionnisme Žtatique plus prononcŽ pour rendre les entreprises quŽbŽcoises plus compŽtitives sur le marchŽ mondial. 

 

CĠest lˆ lĠorigine de la colre du PQ concernant les pertes faramineuses de la Caisse de dŽp™t et de placement du QuŽbec pour lĠannŽe 2008 (Radio-Canada, 23 fŽvrier 2009).  Il aurait fallu, selon le PQ, quĠelle sĠen tienne ˆ soutenir QuŽbec Inc., dont pourtant les entreprises ˆ succs (relatifs) se sont reconverties en Canada Inc. au fur et ˆ mesure quĠelle pŽnŽtraient les marchŽs canadien et mondial (ex. Bombardier, QuŽbŽcor, SNC-Lavallin).  Sans la mission rendement-maximum-ˆ-tout-prix-et-au-diable-QuŽbec-Inc. donnŽe par les fŽdŽralistes LibŽraux quŽbŽcois, les pertes de la Caisse, assume le PQ, auraient ŽtŽ de lĠordre de 15% et non de 25% ou plus.  Cependant, quand on pense ˆ lĠaventure de Steinberg ou mme au prix fort payŽ pour VidŽotron, les hauts risques nŽcessaires pour dŽvelopper QuŽbec Inc. auraient sans doute abouti, dans un contexte de crise profonde, ˆ autant de pertes sinon davantage. 

 

Habile tacticien, le PQ profite de cette crise de la Caisse qui devrait entra”ner des hausses de tarifs de la SociŽtŽ dĠassurance automobile du QuŽbec (SAAQ) et de la Commission de la santŽ et de la sŽcuritŽ au travail (CSST) pour compenser les pertes — et que dire de celle des cotisations au RŽgime des rentes du QuŽbec (RRQ) qui suivront Žventuellement — pour rŽclamer un gel de tous les tarifs (Le Devoir, 23 fŽvrier 2009), ce que ne promettent pas les LibŽraux sauf pour les garderies.  Bien entendu, cette pointe populiste, qui permet de masquer la vacuitŽ totale du programme anti-crise du PQ, est immŽdiatement suivie dĠune garantie ˆ la bourgeoisie.  Aprs la crise, que le PQ estime devoir durer au plus deux ans comme tous les jovialistes, on fera un dŽbat sur les tarifs — lire on les augmentera — et on baissera les imp™ts des entreprises, dŽjˆ parmi les plus compŽtitifs en AmŽrique du Nord impŽrialiste (KPMG, Ç Sherbrooke, QuŽbec et MontrŽal sont les villes les plus concurrentielles du Nord-Est, selon une Žtude de KPMG. È 27/03/08 È 


 

Au QuŽbec, la sortie de crise passe par lĠindŽpendance

 

Cependant, le coup de ma”tre du PQ, ou est-ce un coup de poker, est de dŽclarer que la crise est le meilleur moment pour rŽaliser la souverainetŽ de sorte ˆ donner au peuple quŽbŽcois les moyens quĠOttawa lui refuse pour sauver ses industries forestire et manufacturire ˆ la hauteur de lĠaide milliardaire quĠil consent pour lĠindustrie de lĠautomobile ontarienne ou mme du favoritisme environnemental aux trs polluants sables bitumineux de lĠAlberta (Le Devoir, 23 fŽvrier 2009 et Radio-Canada, 22 fŽvrier 2009).  Ajoutons-y la baisse drastique de prs de un milliard $ en paiements de pŽrŽquation du dernier budget fŽdŽral que le piteux PLQ a niŽ contre toute vraisemblance lors de la dernire campagne Žlectorale de lĠautomne 2008 pour ne pas avantager la cause souverainiste.

 

Bien sžr, ce ixime coup de gueule pro-souverainiste para”t bien peu crŽdible face ˆ lĠabandon par le PQ de toute stratŽgie dĠaccession ˆ lĠindŽpendance sauf ˆ promettre un troisime rŽfŽrendum pour les Calendes grecques.  Ce manque de crŽdibilitŽ est dĠautant plus grand que la thŽmatique souverainiste nĠavait pas ŽtŽ au cÏur de la campagne Žlectorale pŽquiste de par la volontŽ de la nouvelle chef, rŽputŽe pour sa tiŽdeur souverainiste tout autant que de son pragmatisme nŽolibŽral, et, comme on a pu le constater depuis son Žlection ˆ la tte du PQ, dŽcidŽe ˆ exercer une poigne de fer sur lĠaile indŽpendantiste radicale de son parti. 

 

Reste que lier souverainetŽ et crise vise en plein dans le mil ˆ moins de penser que la lutte pour lĠindŽpendance nĠest pas un axe stratŽgique pour la libŽration nationale et sociale du QuŽbec mais un simple rajout culturel et linguistique.  La nŽcessitŽ de passer par lĠindŽpendance pour contrer la crise Žconomique comme dimension de la crise globale du capitalisme nĠa nullement ŽtŽ compris par la direction de QuŽbec solidaire et encore moins par la Commission thŽmatique sur la souverainetŽ qui prŽside lĠactuelle dŽmarche programmatique dont lĠun des quatre thmes est pourtant la stratŽgie pour la souverainetŽ.  Le prŽsident de cette Commission y est mme allŽ de sa propre contribution ˆ un plan anti-crise sans mme mentionner la question de la souverainetŽ (Bernard Rioux, Face ˆ la crise Žconomique, Agir ensemble maintenant !, site de Presse-toi-ˆ-gauche). 

 

Il est futile dĠen appeler ˆ une crŽation massive dĠemplois bien rŽmunŽrŽs et stables par la transformation Žcologique des infrastructures et par la distribution Žgalitaire des revenus sans au dŽpart un contr™le dŽmocratique des flux dĠŽpargne et dĠinvestissement.  La premire t‰che de tout plan anticapitaliste contre la crise est donc lĠexpropriation des institutions financires — de toute faon, leur prix de marchŽ tend vers zŽro en temps de crise profonde — pour en faire un service public essentiel contr™lŽ dŽmocratiquement comme le sont partiellement les garderies populaires du QuŽbec.  LĠexpropriation des institutions financires, cĠest la clef de vožte de tout lĠŽdifice de reconstruction Žcosocialiste de la sociŽtŽ. 

 

Si on ne comprend pas ce point crucial, on ne comprend pas non plus la stratŽgie de lĠindŽpendance.  (Le responsable de la Commission sur la souverainetŽ, pourtant dirigeant dĠun collectif anticapitaliste, hŽsite sur les nationalisations et ne parle pas dĠexpropriation.)  SĠemparer des banques et compagnies dĠassurances, Žpine dorsale de la bourgeoisie canadienne dont la carence manufacturire est lŽgendaire, nŽcessite que la nation quŽbŽcoise en ait le pouvoir constitutionnel, ce qui requiert lĠindŽpendance.  Ainsi il deviendra possible de mettre sur pied la Banque populaire du QuŽbec.  Pour ce faire, il ne faut pas reporter la lutte pour lĠindŽpendance ˆ un horizon mythique dĠAssemblŽe constituante cum rŽfŽrendum aprs la prise du pouvoir par les Žlections comme le propose QuŽbec solidaire.  En termes pratico-pratiques, cette stratŽgie nĠest pas mieux que celle du PQ, les deux approches Žtant strictement Žlectoralistes et dŽmobilisantes. 

 

Le processus de mobilisation pourrait commencer ds maintenant en sĠappuyant sur un prŽcŽdent historique qui a laissŽ sa marque, soit les Ç ƒtats gŽnŽraux du Canada franais È de novembre 1967 qui se conclurent par Ç Éune orientation vers lĠindŽpendance du QuŽbec. È (J. Lacoursire, J.Provencher et D. Vaugeois, Canada-QuŽbec, synthse historique, 1978).  Pour enclencher une ardeur populaire qui nĠŽtait pas au rendez-vous aprs lĠŽlection de 1994 qui lui avait donnŽ le pouvoir avec seulement 15 000 votes de plus que les LibŽraux, le PQ imita p‰lement les ƒtats gŽnŽraux par une consultation populaire qui vit Ç [e]ntre le 6 fŽvrier et le 5 mars [1995], les 17 commissions consultatives mobilis[er] 280 commissaires qui tinrent 435 rencontres o se prŽsentrent 50 164 personnes. È  Ç Les travaux des commissions firent appara”tre de faon rŽcurrente la nŽcessitŽ de lier la souverainetŽ ˆ un projet de sociŽtŽ. È et par le fait mme Ç permi[rent] ˆ l'option souverainiste d'amorcer une remontŽe dans les sondages. È (Denis Monire, La dŽmarche rŽfŽrendaire á Le QuŽbec face ˆ son destin, 1995, UniversitŽ de MontrŽal)

 

Il sĠagit pour QuŽbec solidaire de donner raison au diagnostic de la chef pŽquiste tout en lui donnant tort sur la mŽthode et sur le but.  On sĠattendrait de la part de la direction de QuŽbec solidaire ˆ un appel aux mouvements syndical et populaire dĠorganiser dans les plus brefs dŽlais, car la crise nĠattend pas, des ƒtats gŽnŽraux du QuŽbec populaire sur la base dĠun processus rŽgional-national calquŽ sur le processus imparfait des Forums sociaux quŽbŽcois mais avec tout une autre consistance, ce qui suppose une direction politique de la part des organisateurs, en particulier de QuŽbec solidaire.  Voilˆ un sujet de dŽbat incontournable pour les prochains Conseil national et Congrs dĠici lĠŽtŽ.

 

 

Capituler au fŽdŽral mne ˆ capituler au capital, PME incluses

 

Le plan original anti-crise de la direction de QS, avancŽ lors de la campagne Žlectorale, encore mis de lĠavant au moment de la session spŽciale sur la crise de lĠAssemblŽe nationale en janvier et rŽpŽtŽ lors de lĠassemblŽe publique de MontrŽal du 14 fŽvrier contient vingt mesures (voir annexe) dont plusieurs et non des moindres sont un soutien direct au capital sans aucun bŽnŽfice pour le peuple travailleur. 

 

On note particulirement les trois premires mesures qui servent ˆ renflouer la Caisse de dŽp™t et de placement au bŽnŽfice dĠun capitalisme quŽbŽcois qualifiŽ de vert et social.  (On reconna”t lˆ les dŽrives du Manifeste des solidaires de 2005 que jĠai dŽjˆ signalŽes dans mon essai Ç Les manifestes des Ç lucides È et des Ç solidaires È : Ni lucide ni solidaireÉ mais capitalistes È quĠon trouvera sur mon site personnel.) 

 

La mythologie du capitalisme social repose sur le fait quĠun travailleur bien payŽ est plus productif et consomme plus.  Le capitalisme est dĠaccordÉ jusquĠˆ ce que le concurrent paye moins.  Alors sĠimpose la logique de la peur du ch™mage — le capital en maintient toujours une armŽe de rŽserve quĠil reconstitue quand les syndicats deviennent trop arrogants.  Le capitalisme contemporain y ajoute le patriotisme dĠentreprise, un avatar du nationalisme, visant la prŽcieuse main dĠÏuvre spŽcialisŽe responsable de la productivitŽ de lĠimposant stock de machinerie, et les contrats de performance visant le personnel dĠencadrement responsable de la rentabilitŽ de la mise en Ïuvre du capital comme tel, comme rapport de production.    

 

La mythologie du capitalisme vert repose sur la logique de minimisation des cožts au niveau de lĠentreprise, donc aussi les cožts ŽnergŽtiques et de matires premires.  Un secteur dĠentreprises spŽcialisŽes rŽpondent ˆ ses besoins, secteur auquel il faut ajouter un autre secteur spŽcialisŽ dans les rŽparations de dŽg‰ts environnementaux et dans la dŽpollution exigŽe par la pression populaire. Cette rŽalitŽ micro-Žconomique nĠefface pas la logique macro-Žconomique dĠensemble.  La logique globale du capitalisme est ˆ lĠaccumulation du capital et en corollaire de la consommation qui devient de masse.  Pourquoi ?  Parce que la loi de la concurrence entre capitaux privŽs Žlimine ceux qui ne rŽinvestissent pas systŽmatiquement leurs profits ou qui en font moins que leurs concurrents. 

 

Une image, qui vaut mille mots, au niveau de la consommation : on peut bien amŽliorer la performance ŽnergŽtique de chaque automobile, la croissance du nombre dĠautomobiles finit par effacer le gain potentielÉ et il y a une limite ˆ rŽduire la consommation dĠŽnergie et de matires premires par auto mais non ˆ multiplier le nombre dĠautos.  Le transport collectif ?  Le capital est absolument pour — en mode PPP ce serait encore mieux — car la congestion urbaine augmente indirectement les cožts de la main dĠÏuvreÉ mais pas comme substitut ˆ lĠautomobile individuel, comme ajout.  Pour le capital, cĠest gagnant-gagnant.

 

Le capitalisme quŽbŽcois nĠa pas non plus de problme majeur avec une institution financire Žtatique comme la Caisse — il a toujours compris que cĠŽtait nŽcessaire ˆ un petit capitalisme national se colmatant ˆ des gŽants dans le cadre de lĠALƒNA et de lĠOMC — en autant quĠil le contr™le en dernire analyseÉ ce qui est le cas de la Caisse de dŽp™t et de placement avec lĠassentiment des directions syndicales converties depuis longtemps aux bienfaits de la Ç gouvernance È capitaliste ˆ laquelle elle participent par lĠintermŽdiaire des dit Ç fonds de solidaritŽ È, institutions de capital de risque grassement subventionnŽes par la fiscalitŽ pour rŽcolter lĠŽpargne des travailleurs syndiquŽs.  Ainsi ceux-ci deviennent encore plus liŽs aux rendements du capital financier que par les seuls fonds de pension capitalisŽs.  On rve du jour o QS pr™nera lĠabolition de tous ces fonds finalement spŽculatifs en faveur dĠun systme de retraites uniquement financŽ par lĠimp™t ˆ lĠimage du Ç systme de sŽcuritŽ de la vieillesse È du gouvernement fŽdŽral mais bonifiŽ ˆ la hauteur de 80% du revenu de travail ou, ˆ dŽfaut, dĠun revenu minimum garanti au niveau du seuil de faible revenu de Statistique Canada.

 

Pour combler la mesure, la direction de QS propose dĠemprunter au capital financier les 8.3 milliards $ nŽcessaires au financement de son plan de relance au prix dĠun service de la dette annuelle de 420 millions $ par annŽe.  Il sĠagit donc de forcer les travailleuses et les travailleurs, par lĠimp™t et leurs contributions ˆ la RRQ, ˆ rentabiliser le capital en perdition et ce, par les deux bouts : lui payer un intŽrt pour le capital-argent avancŽ ˆ lĠƒtat et lui redistribuer les fonds de la Caisse de dŽp™ts.  Disparues les vellŽitŽs dĠaugmenter les imp™ts des entreprises et des riches — ce que pourtant sĠapprte ˆ faire la prŽsidence Obama — pourtant promises en campagne Žlectorale et encore lors de lĠassermentation du dŽputŽ Žlu :

Ç A l'image de son parti, M. Khadir se mŽfie de la grande entreprise, ˆ qui il reproche de profiter des largesses de l'Etat sans payer sa juste part des imp™ts. A cet effet, le dŽputŽ montrŽalais est en faveur d'un alourdissement du fardeau fiscal des entreprises pour financer en partie le cožt des mesures sociales que propose QuŽbec solidaire.

Ç Du reste, les entreprises ne sont pas les seules ˆ appara”tre dans le collimateur de QuŽbec solidaire. Les ÇrichesÈ, c'est-ˆ-dire les particuliers dont le revenu atteint 84 000 $ par annŽe, doivent aussi mettre la main dans leur poche, a fait valoir de son c™tŽ Franoise David.

Ç ÒCe que nous prŽtendons ˆ QuŽbec solidaire, chiffres ˆ l'appui, c'est qu'il est possible d'aller chercher de l'argent chez les contribuables ˆ revenu ŽlevŽÓ, a-t-elle opinŽ. È (La presse canadienne, 17 dŽcembre 2009)

 

Mme les dŽpenses budgŽtaires du plan anti-crise de QS iront en grande partie irriguer le capital (quŽbŽcois) en particulier la PME rŽputŽe pour ses bas salaires et son anti-syndicalisme.  Car il nĠest nullement question dĠimposer des normes salariales et de conditions de travail ˆ ces entreprises, grandes et petites — ces dernires Žtant le plus souvent non syndiquŽes — qui, par annŽe, vont bŽnŽficier en grande partie des 600 millions $ pour Ç dŽvelopper le transport en commun È, des 20 millions $ pour Ç entretenir les Žoliennes È, des 110 millions $ de dŽpenses en efficacitŽ ŽnergŽtique, des 30 millions $ pour une agriculture verte, des 60 millions $ pour le dŽveloppement de lĠŽconomie locale, des 160 millions $ pour la mal nommŽe Ç Žconomie sociale È et, last but not least, des 65 millions $ pour subventionner la hausse du salaire minimum.  Sur le prŽjugŽ favorable aux PME, le nouveau dŽputŽ a dĠailleurs ŽtŽ clair lors de son assermentation :

Ç Commentant l'aide financire de 1 milliard de dollars aux entreprises quŽbŽcoises annoncŽe mercredi par le ministre Raymond Bachand, M. Khadir a affirmŽ souhaiter que les petites et moyennes entreprises soient avantagŽes, plut™t que les multinationales. È (Radio-Canada, 17 dŽcembre 2008)

 

La direction de QS va mme jusquĠˆ banaliser les fermetures dĠentreprises — pourquoi utiliser lĠeuphŽmisme Ç dŽlocalisation È au lieu dĠappeler un chat un chat — en encourageant et en subventionnant trs minimalement (50 millions $) les coopŽratives de travailleurs qui les reprendraient.  Il nĠest mme pas question de les exproprier et encore moins dĠinterdire les fermetures, mme pas celles faites par des entreprises rentables.  Comment ne pas voir que ces coopŽratives de travailleurs sĠajouteront ˆ cette prŽtendue Žconomie sociale, Žconomie des pauvres pour les pauvres, avec de misŽrables salaires et conditions de travail ˆ lĠavenant, et rŽceptacle des pots cassŽs des coupures, des privatisationsÉ et des fermetures. 

 

On nĠen revient pas de lĠidŽalisation de la PME sous toutes ses formes et du small is beautiful par la direction de QS, ˆ laquelle malheureusement souscrit une bonne partie des membres ˆ la base.  Ceux-ci sont issus en trop grande proportion du monde des petites organisations communautaires.  Ils sont trop dŽus de services publics charcutŽs dĠo Žmanent aussi une autre bonne partie dĠentre eux et elles.  Plusieurs membres ont trop intŽriorisŽ le dŽfaitisme causŽ par un quart de sicle de dŽfaites successives, dont celle stratŽgique du secteur public en dŽcembre 2005 suivi de lĠeffondrement des luttes Žcologiques et Žtudiantes.  Va-t-on dŽmanteler les rŽseaux de la santŽ, de lĠŽducation, le rŽseau Internet, le rŽseau financier, les grandes entreprises de fabrication du matŽriel de transport ?  Ne sĠagit-il pas plut™t de les arracher ˆ la propriŽtŽ privŽe et ˆ la bureaucratie, de rŽseauter encore davantage et surtout de les dŽmocratiser ?

 

Mme les mesures les plus progressistes ne le sont quĠen apparence tellement elles sont timides.  Tellement que les 38 000 nouvelles places en garderie et le gel des tarifs sont aussi revendiquŽes par le PQ.  La hausse du salaire minimum ˆ 10.20 $ a ŽtŽ votŽe par le gouvernement LibŽral de lĠOntario mme si elle ne sĠappliquera quĠen 2010.  Le plan de relance de la direction de QuŽbec solidaire se targue de crŽer 40 000 nouveaux emplois.  Depuis juin 2007, juste avant le dŽbut de la crise, jusquĠˆ janvier 2009, le nombre de sans emploi au QuŽbec sĠest accrž de 120 000 si lĠon prend en compte la croissance des temps partiels involontaires et celle des travailleuses dite dŽcouragŽes, statistique alternative publiŽe chaque mois par Statistique Canada mais peu publicisŽe (taux R8, tableau CANSIM 282-0085).  Ce taux de ch™mage alternatif Žtait en janvier de 11.7% au QuŽbec.  Et la crise, au QuŽbec, vient tout juste de dŽmarrer en grande vitesse. 

 

Rien de surprenant que la direction de QuŽbec solidaire veuille seulement Ç attŽnuer les effets de la criseÉ È et que, comme les analystes jovialistes, elle considre que la prospŽritŽ sera de retour dans deux ans.  En attendant, de nous dire la direction de QS, il faut que le capital quŽbŽcois passe au travers tout en se modernisantÉ et en restant soumis ˆ Ottawa et ˆ Bay Street.  Somme toute, un nŽo-keynŽsianisme de gauche ratatinŽ et timorŽ.  Le nouveau dŽputŽ ne sĠen cache dĠailleurs pas :

Ç Il nĠy a rien de radical ˆ propos des demandes de QuŽbec solidaire, de dire M. Khadir,[É] Il a maintenu que QuŽbec solidaire ne demandait rien dĠautre que ce que le prŽsident-Žlu Obama a promis pour les ƒU. È (Globe and Mail, 18 dŽcembre 2008, ma traduction)

 

 

La main tendue au PQ

 

Cet objectif est dĠailleurs tout ˆ fait conforme ˆ certains propos tenus en campagne Žlectorale par la porte-parole en chef comme quoi la gauche saura mieux gŽrer lĠŽconomie que la droite, que le problme du libre-Žchange, ce sont les Ç profits rapides ÈÉ et non les profits tout courts, que la plate-forme de QS est Ç faisable et rŽalisable ÈÉ dans le cadre du capitalisme, que le but dĠavoir un dŽputŽ est de faire pression sur le PQÉ et non dĠopposer une alternative aux trois partis nŽolibŽraux dŽsormais reconvertis par la force des choses en nŽo-keynŽsiens droitistes ou centristes.

 

Comme lĠa dit la porte-parole en chef lors de la campagne Žlectorale au sujet de la possibilitŽ dĠalliance avec le PQ, Ç le tŽlŽphone nĠa jamais sonnŽ. [É] On est ouvert au dialogue. È, ce quĠa confirmŽ le nouveau dŽputŽ ˆ LĠAutĠJournal (fŽvrier 2009) : Ç Il nĠen tient quĠˆ nous de nous entendre.  Mme 4% a peut faire la diffŽrence dans une Žlection serrŽe. È  En parallle, au niveau fŽdŽral, lĠancien candidat du Bloc quŽbŽcois, alter ego du PQ sur la scne fŽdŽrale, souhaite Ç une Žlection o le NPD ne prŽsenterait pas des candidats dans la plupart des comtŽs du QuŽbec. È, Ç un modle qui pourrait prŽfigurer une rŽpartition des circonscriptions entre le Parti quŽbŽcois et QuŽbec solidaire lors dĠun prochain scrutin quŽbŽcoisÉ È de commenter fort ˆ propos LĠAutĠJournal.

 

Pourquoi dĠailleurs le SPQ-libre, aile gauche syndicale du PQ, dont LĠAutĠJournal, le plus important journal de la Ç gauche plurielle È du QuŽbec, est le porte-voix, ne sĠentendrait-il pas avec la direction de QuŽbec solidaire sur la base de leur obamisme partagŽ : Ç Énous proposions [durant la campagne Žlectorale] un montant [pour le plan de relance] de 1 700 $ par individu.  Mais le mme aprs-midi, Barack Obama proposait un plan de 785 milliards, soit 2 000 $ par AmŽricain. È  ƒvidemment, il y a Ç beaucoup de gens de lĠancienne administration Clinton dans son entourage. È ce qui pourrait lĠamener ˆ tre Ç incapable de rŽaliser ses promesses. È 

 

On comprendra quĠavec une telle perspective dĠtre lĠinterface entre les directions de QS et du PQ, le SPQ-libre ne saurait tre tentŽ de rallier QuŽbec solidaire pour se sortir du pige o il sĠest fourrŽ dĠtre le faire-valoir de gauche dĠun parti de centre-droite dont le souverainisme affichŽ nĠa servi historiquement que dĠinstrument de dŽmobilisation de la lutte pour la libŽration nationale du peuple quŽbŽcois.  Pourtant, le SPQ-libre serait la porte dĠentrŽe de lĠadhŽsion massive des militants syndicaux ˆ QuŽbec solidaire, ce qui contribuerait ˆ changer une culture organisationnelle o consensus se confond avec dŽmocratie.  CĠest ˆ ce point que le comitŽ de synthse du prochain Conseil national va jusquĠˆ proposer une modification aux statuts permettant que les dŽlŽguŽs aux Congrs puissent tre nommŽs par les coordinations des instances locales et non Žlus par leurs assemblŽes gŽnŽrales.  Ë quand la cooptation de la direction pour se prŽmunir de la pression de la base ?       

 

 

LĠŽlection dĠun dŽputŽ masque un Žchec rŽelÉ

 

Durant la campagne Žlectorale, la porte-parole en chef a dŽclarŽ dans une entrevue ˆ Radio-Canada (Maisonneuve ˆ lĠŽcoute) que QS voulait aller chercher Ç lĠŽlectorat fatiguŽ ÈÉ qui est finalement rester ˆ la maison.  Le taux de participation Žlectorale sĠest effondrŽ ˆ 57.4%, le pire taux, et de loin, sur la base de statistiques comparables (avant lĠŽlection de 1931, il y avait un taux de participation nul pour les Žlus par acclamation).  Les deuxime et troisime pire taux depuis 1931 sont ceux des Žlections de 2003 (70.4%) et de 2007 (71.2%).  Rappelons que pour les Žlections de 1970 ˆ 1981 et pour celle prŽ-rŽfŽrendaire de 1994, ces taux Žtaient au-dessus de 80%É et quĠil Žtait de 93.5% au rŽfŽrendum de 1995. 

 

Pourtant, par rapport ˆ lĠŽlection de mars 2007, le PLQ et le PQ ont quand mme augmentŽ leurs nombres de votes absolus de respectivement 4% et 1.5% (celui de lĠADQ a chutŽ de 57%).  Du c™tŽ des partis alternatifs non prŽsents ˆ lĠAssemblŽe nationale, QS et Parti vert, leurs nombres de votes a chutŽ de respectivement 15% et 54%.  Quant au vote relatif, celui de QS a stagnŽ (une augmentation de 3.64% ˆ 3.78%) et celui des Verts sĠest effondrŽ (de 3.85% ˆ 2.17%).

 

Non seulement QS et les Verts ont-ils ŽtŽ incapables de mobiliser cette partie de la population qui traditionnellement ne va pas voter, environ 20%, et celle qui sĠabstenait depuis une dizaine dĠannŽes, environ 10%, mais ils nĠont pas ŽtŽ en mesure dĠempcher une nouvelle couche de lĠŽlectorat, de 10 ˆ 15%, de bouder les urnes pour la premire fois.  Ont-ils au moins attirŽ vers eux les votants par rapport ˆ lĠŽlection prŽcŽdente ?  Aucunement pour QS et ce fut une perte sche pour les Verts.

 

Heureusement, QS a pu compter sur les bizarreries du systme uninominal ˆ un tour.  Rgle gŽnŽrale, ce systme antidŽmocratique divorce la proportionnalitŽ de la reprŽsentation de celle des votes au dŽtriment des petits partis et des scores Žlectoraux relativement faibles.  En particulier, les petits partis au vote dispersŽ ont besoin de franchir un seuil trs ŽlevŽ pour obtenir un seul dŽputŽ.  Toutefois, chaque rgle comporte ses exceptions : un petit parti au vote trs concentrŽ peut faire Žlire une reprŽsentation avec un trs faible score.  Ce fut le cas des CrŽditistes au dŽbut des annŽes 70 dans certaines rŽgions du QuŽbec et ce lĠest pour QS dans le centre-est de MontrŽal, particulirement dans deux comtŽs.  Le score Žlectoral de QS y est entre 30 et 40%.  Le prochain comtŽ tombe ˆ 15%, toujours dans le centre-est de MontrŽal.  Dans tout le QuŽbec, seulement 6 comtŽs sur 125 ont un score de plus de 10%, tous dans le centre-est de MontrŽal.

 

Le comtŽ de Mercier, celui qui a Žlu le seul dŽputŽ QS, est hŽtŽrogne en termes de revenu par rapport ˆ la moyenne quŽbŽcoise.  Par rapport ˆ la moyenne quŽbŽcoise, il y a ˆ la fois modŽrŽment plus de relativement riches, plus de femmes que dĠhommes, et marginalement plus de relativement pauvres, plus dĠhommes que de femmes.  Mais comme le cožt de lĠhabitation y est significativement plus ŽlevŽ que la moyenne provinciale, le taux de faible revenu de Mercier y est aussi significativement relativement plus ŽlevŽ.  En virant les coins ronds, on pourrait dire que Mercier est ˆ la fois plus petit-bourgeois Ç branchŽ È et plus pauvre que la moyenne quŽbŽcoise, ce qui est typique des quartiers de centre-ville en voie de gentrification.  Il y a lˆ une contradiction entre la base potentielle prolŽtarienne de QS et sa base rŽelle.  Il faut dire que la direction Žlectoraliste de QS a contribuŽ ˆ cette dichotomie en concentrant le travail de terrain lˆ o cĠŽtait Žlectoralement rentable.  Par rapport aux Žlections de 2007, les rŽsultats Žlectoraux sont, ˆ quelques exceptions prs, relativement plus ŽlevŽs dans les centre-villes et relativement plus bas ailleurs.      

 

Pour des partis alternatifs qui prŽtendent mettre fin au cynisme de lĠŽlectorat envers les partis traditionnels qui appliquaient les mmes recettes nŽolibŽrales dans le cadre du fŽdŽralisme quelque soient leurs discours, cĠest un Žchec patent.  Dans une entrevue ˆ lĠAutĠJournal (fŽvrier 2009), le nouveau dŽputŽ invoques les excuses dĠÇ une Žlection dont les gens ne voulaient pas È et Ç lĠabsence dĠun mouvement social combatif È. 

 

Ces fameux gens, qui ont le dos large, Žtaient certainement prts ˆ entendre parler de solutions alternatives aux crises Žconomique et Žcologique en autant quĠon ne leur serve pas encore une fois les vieilles recettes nŽolibŽrales peu ou prou amŽliorŽes ˆ la marge et la rŽsignation ˆ la domination du fŽdŽral pour une autre gŽnŽration.  Tant du c™tŽ des Verts que de celui de QS, comme on vient de lĠanalyser, rien nĠa ŽmergŽ. 

 

Pire, la direction de QS a trouvŽ le moyen de ne pas mettre en Žvidence les quelques revendications claires, prŽcises et concrtes de sa plate-forme qui annonaient peut-tre un tournant radical.  Pour reprendre la caricature des Zapartistes, groupe humoristique progressiste, ˆ la une de lĠhedomadaire culturel Voir (11 au 17 dŽcembre 2008), les slogans Žlectoraux de QuŽbec solidaire se rŽsumaient dans Ç Pour plus de mieux, Contre plus de pire È. Pourtant, malgrŽ le refus totalement injustifiŽ des monopoles mŽdiatiques dĠaccepter la prŽsence de QS et des Verts au dŽbat tŽlŽvisŽ des chefs, la couverture mŽdiatique de la campagne de QS nĠest pas passŽ inaperue mme si on Žtait trs loin dĠune couverture Žquitable entre les partis quĠassureraient seul un financement public adŽquat et surtout une lŽgislation contraignante face aux monopoles mŽdiatiques. 

 

Tant sur les affiches Žlectorales que dans les dŽpliants et que dans les entrevues, on aurait pu avancer :

Un investissement de 6 milliards $ dans le transport en commun

au lieu de

Pour une Žconomie verte et locale ou Contre la dŽpendance au pŽtrole

Nationalisation de lĠindustrie Žolienne

au lieu de

Pour ƒole QuŽbec

Salaire minimum de 10.20$ maintenant

au lieu de

Pour des salaires dŽcents

Salaires plus ŽlevŽs, moins de profits

au lieu de

Contre des profits abusifs

Une assemblŽe constituante pour un QuŽbec souverain

au lieu de

Pour une souverainetŽ solidaire

Pas de privatisation de la santŽ

au lieu de

Pour un systme de santŽ public

Soins dentaires et oculaires gratuits

au lieu de

Contre le profit sur la maladie

50 000 logements sociaux sur 5 ans

au lieu de

Contre lĠabandon des rŽgions

Imposer pleinement les gains en capital

au lieu de

Contre lĠŽconomie casino

GratuitŽ scolaire au CŽgep et ˆ lĠUniversitŽ

 

 

Un mode de scrutin proportionnel

 

 

Retrait immŽdiat de lĠAfghanistan

 

 

 

 

É et un refus de mobiliser

 

Pour ce qui est du recul abyssal de la lutte sociale, la direction de QS et celle de ses prŽdŽcesseurs, ne feraient-elles pas partie du problme ?  De lĠautomne 2003 ˆ dŽcembre 2005, jamais les directions de lĠUnion des forces progressistes (UFP) et dĠOption citoyenne nĠont mis en cause le refus des directions syndicales dĠenclencher un processus de grve gŽnŽrale que voulait la base, ce quĠelle avait dŽmontrŽ tant par ses actions dans la rue quasi ˆ lĠencontre des directions que par ses votes pour la grve.  Pourtant un Conseil national de lĠUFP avait alors votŽ de faire une campagne dĠŽducation sur la nŽcessitŽ de faire une grve gŽnŽrale, vote superbement ignorŽ par la direction de lĠUFP dont faisait alors partie le nouveau dŽputŽ de QS et des reprŽsentants de la section quŽbŽcoise de la Quatrime Internationale composant un bon quart de celle-ci. 

 

Depuis quĠelle sĠest acquise la crŽdibilitŽ dĠun Žlu, la direction de QS a refusŽ de mobiliser sa base ˆ deux occasions servies sur un plateau.  DĠabord, elle sĠest abstenue de mobiliser pour soutenir le militant anti-pauvretŽ et membre de QS Christian Montmarquette qui par deux fois a fait une vigile solitaire devant le Parlement, bien couverte mŽdiatiquement et officieusement appuyŽe par une importante organisation de bŽnŽficiaires de lĠassistance sociale, pour une hausse des prestations de lĠassistance sociale conforme ˆ la plate-forme de QS. 

 

Pire, la direction de QS a ŽcartŽ la possibilitŽ dĠappeler ses membres ˆ se joindre aux organisations appuyant, par une manifestation, la famille Villanueva de MontrŽal-Nord contre la meurtrire brutalitŽ policire et contre le flagrant dŽni de justice du gouvernement du QuŽbec. Pourtant les ŽvŽnements de MontrŽal-Nord, toute proportion gardŽe, sont lĠŽquivalent quŽbŽcois de la rŽvolte des banlieues franaises.  Ils mettent sur la sellette non seulement les rapports tant sociaux que nationaux au sein de la nation quŽbŽcoise mais aussi les rapports nationaux au sein de la gauche quŽbŽcoise.  Si la manifestation du 8 fŽvrier a ŽtŽ modeste, quand mme prs de 200 personnes, cĠest que centrales syndicales, organisations populaires et QuŽbec solidaire Žtaient aux abonnŽs absents.  RŽsultat raciste : le ministre a refusŽ de payer des avocats aux victimes alors quĠil paie ceux des policiers et, surtout, il a restreint lĠenqute aux faits immŽdiats sans Žgard au contexte social.                               

 

La direction de QS nĠa pas eu le choix de se joindre ˆ la mobilisation contre le massacre des Gazaou•s.  Cependant, elle a attendu jusquĠau 10 janvier pour prendre position.  Le contenu de celle-ci est problŽmatique ˆ bien des Žgards.  Elle trouve le moyen de ne pas appuyer la rŽsistance, mme d'en faire une critique pacifiste (Ç ...dŽlaisser les armes de chaque c™tŽ et nŽgocier de bonne foi... È), comme s'il n'Žtait pas lŽgitime de rŽsister par tous les moyens ˆ ce massacre, comme si le gouvernement israŽlien et ses mentors impŽrialistes pouvaient tre de bonne foi.  En concluant que Ç quĠun peuple libŽrŽ prŽfre toujours les moyens pacifiques et dŽmocratiques pour se faire entendre È, la direction nationale de QS est allŽ jusqu'ˆ s'abaisser ˆ bl‰mer publiquement la rŽsistance palestinienne au lieu de lui tŽmoigner sa pleine et entire solidaritŽ en plein milieu dĠun massacre.

 

Cependant, il y aurait moyen de se reprendre au prochain Conseil national o la circonscription dĠHochelaga-Maisonneuve, circonscription prolŽtarienne trs pauvre qui a obtenu un score Žlectoral de plus de 10%, proposera une mobilisation ˆ QuŽbec et ˆ MontrŽal, si possible conjointement avec le mouvement syndical et populaire, pour notre plan de relance soit lors du discours du budget soit lors de la rŽponse de notre dŽputŽ ˆ ce discours.  Ainsi QS pourrait-il sĠaffirmer comme parti de la rue, ce qui est autre chose que se mettre ˆ la queue des manifestations convoquŽes par le mouvement social ou encore faire une sŽrie de confŽrences, et dŽmontrer quĠil fait de la Ç politique autrement È. 

 

On peut penser que la base de QS, restŽe dans lĠindŽterminisme antinŽolibŽral de ses racines altermondialistes, trouvera le ressort dĠencore pousser ˆ gauche sa direction sociale-libŽrale devenue nŽo-keynŽsienne de gauche.  DŽjˆ, ses pressions ont encouragŽ la direction ˆ mettre lĠemphase sur six revendications de son plan anti-crise (mises en italique dans lĠannexe), laissant dans lĠombre les demandes les plus pro-capitalistes ˆ peu de chose prs, et mme dĠy ajouter la revendication de la majoration des prestations de lĠaide sociale pour laquelle le militant Christian Montmarquette sĠŽtait mobilisŽ ˆ peu prs seul.  (Cependant, la direction de QS a aussi cŽdŽ aux pressions de la droite en rŽduisant significativement son Ç cadre de financement È dŽjˆ terriblement modeste.) 

 

Si seulement les collectifs anticapitalistes reconnus par QS pouvaient arrter de se taire, pire dĠtre les meilleurs zŽlateurs de la direction.  QuĠattendent-ils pour critiquer ouvertement lĠorientation nŽo-keynŽsienne de la direction et dĠen dŽgager une alternative programmatique et organisationnelle anticapitaliste et indŽpendantiste qui pourrait dŽcoller quand dŽcollera la lutte sociale, ce qui est tout ˆ fait prŽvisible avec le dŽveloppement de la crise globale.  La base antinŽolibŽrale de QS est en attente.  

 

 

Annexe

 

Les 20 mesures du plan anti-crise de QuŽbec solidaire dĠaprs le dŽpliant

 

1.    Encourager lĠutilisation de lĠŽpargne publique et collective pour la retraite en permettant une augmentation volontaire dans la cotisation du RRQ pouvant aller jusquĠˆ 13% du revenu.

2.    DŽcourager lĠŽpargne dans des rŽgimes privŽs et financiarisŽs en rŽduisant le plafond des REER ˆ 10 000$.

3.    ProtŽger et Ç verdir È notre bas-de-laine en modifiant le mandat de la Caisse de dŽp™t et de placement pour quĠelle investisse dans des entreprises Žcologiques et socialement responsables.

4.    Recentrer les villes, villages et quartiers sur leurs propres capacitŽs ˆ se dŽvelopper Žconomiquement.

5.    Appuyer une agriculture verte, locale,  biologique et du terroir afin de rŽduire notre dŽpendance ˆ lĠimportation et ˆ la monoculture.

6.    ƒtablir une politique dĠachat local, Žcologique et socialement responsable et encourager les initiatives quŽbŽcoises qui sont bŽnŽfiques ˆ lĠenvironnement et ˆ la sociŽtŽ

7.    Encourager les coopŽratives de travailleurs-euses qui reprennent les entreprises rentables qui dŽlocalisent leurs activitŽs.

8.    Exiger des entreprises qui dŽlocalisent leurs activitŽs quĠelles remboursent les prts et aides fiscales quĠelles ont reus du gouvernement quŽbŽcois.

9.    Injecter 1,2 milliard $, dont 600 M$ au cours des 2 prochaines annŽes, dans le transport en commun.

10. Mettre sur pied un vaste chantier sur lĠefficacitŽ ŽnergŽtique

11. Investir massivement en Žconomie sociale, dont 160 M$ au cours des deux prochaines annŽes

12. Construire 50 000 nouveaux logements sociaux.

13. Nationaliser et dŽvelopper lĠŽnergie Žolienne.

14. CrŽer 38 000 nouvelles places en garderie.

15. Embaucher plus dĠenseignant-e-s pour rŽduire le nombre dĠŽlves par classe au primaire et au secondaire

16. Offrir 4 manifestations culturelles par annŽe pour les Žlves du primaire au collŽgial.

17. Ne procŽder ˆ aucune hausse de frais dans les services publics.

18. Hausser le salaire minimum pour quĠil soit Žquivalent au seuil de faible revenu (lĠaugmenter immŽdiatement ˆ 10,20$/heure).

19. Soutenir les PME et les groupes communautaires suite ˆ cette augmentation.

20. Augmenter la liste des biens culturels et de premire nŽcessitŽ exemptŽs de TVQ; moduler cette taxe sur les autres biens afin quĠelle augmente pour les biens de luxe ou polluants.