13 mai 2009

 

Le Manifeste du premier mai de QuŽbec solidaire

Discours anticapitaliste, plan anti-crise social-libŽral

 

Le Manifeste habille dĠun hŽsitant discours anticapitaliste le mme plan anti-crise (voir annexe) avancŽ lors des Žlections puis systŽmatisŽ en fŽvrier dernier et objet dĠune tournŽe du dŽputŽ de Mercier. 

á       La crise y est expliquŽe comme dĠabord une crise financire qui sĠest ensuite rŽpercutŽe sur lĠŽconomie rŽelle alors quĠelle nĠa quĠamplifiŽ, ˆ grande Žchelle il est vrai, une classique crise de surproduction.  Rien dĠalors surprenant que la prioritŽ du plan anti-crise soit de sauver la Caisse de dŽp™t et de placement du QuŽbec [CDPQ], le fleuron du capitalisme (financier) quŽbŽcois, en y injectant davantage dĠŽpargnes du prolŽtariat aux dŽpens des banques canadiennes.

á       La crise Žcologique est expliquŽe sans nulle mention du rŽchauffement planŽtaire.  Il faut le faire !  Rien de surprenant que le plan anti-crise nĠait jugŽ bon que dĠy consacrer un minable petit milliard $ alors quĠil serait possible dĠy allouer proportionnellement autant dĠargent que les gouvernements canadien ou Žtasunien ont engagŽ pour sauver les banques.

á       En appendice, comme dĠhabitude, le Manifeste plogue la Ç souverainetŽ populaire, dŽmocratique, Žconomique, politique È.  NĠimporte quoi pour noyer la lutte pour lĠindŽpendance nationale.  Rien de surprenant que lĠindŽpendance nĠait jouŽ aucun r™le dans le plan anti-crise.  Elle est pourtant essentielle pour exproprier les banques afin de se doter des moyens de la nŽcessaire rŽvolution Žcologique et Žgalitaire.       

á       On explique la fin de lĠƒtat providence par lĠintensification de la compŽtition inter-capitaliste alors que la raison essentielle en est le renoncement du mouvement ouvrier ˆ la rŽvolution en faveur de la conciliation de classe.  Rien de surprenant que le plan anti-crise cherche non pas ˆ rŽgler la crise par lĠaffrontement contre le capital mais seulement ˆ lĠattŽnuer en limitant et en mitigeant les effets nŽfastes de la compŽtition par le seul jeu parlementaire.

á       On sĠinterroge sĠil faut Ç dŽpasser le capitalisme È alors quĠon veut plut™t substituer au capitalisme nŽolibŽral une mythique Ç Žconomie sociale È de PME et coopŽratives Ç Žcologiques et socialement responsables È pratiquant entre elles le Ç commerce Žquitable È.  Faut-il alors se surprendre quĠon se contente en rŽalitŽ que de dŽnoncer Ç le libre marchŽ ˆ outrance È et Ç le capitalisme dŽbridŽ, sans rgles ni entraves È et non pas le libre-Žchange et le capitalisme tout court.  


Crise financire ou typique crise de surproduction

 

Selon le Manifeste, il Žtait une fois la crise hypothŽcaire des subprimes aux ƒU Ç rendus possibles par une dŽrŽglementation du marchŽ financier [É] Puis viennent les impacts sur lĠŽconomie rŽelle [É] La crise financire a donc commencŽ par un assouplissement des rgles dans le crŽdit hypothŽcaire. [É] Cette dŽb‰cle financire a plongŽ lĠŽconomie rŽelle, cĠest-ˆ-dire la production de biens et services, en crise ˆ son tour. È  Faux.  Pourtant les auteurs du Manifeste avaient mis le doigt sur le bobo : Ç LĠendettement permet de rŽpondre ˆ une contradiction inhŽrente au capitalisme : pour dŽgager des profits, les patrons baissent les salaires ou les font stagnerÉ È

 

La raison dĠtre de la crise se situe donc dans lĠŽconomie rŽelle.  Elle est une crise de surproduction amplifiŽe par le dŽrapage de la finance.  CĠest la stagnation salariale mondiale depuis une gŽnŽration, et les coupures concomitantes dans les services publics, qui met en panne lĠaccumulation du capital.  LĠenflure de lĠendettement hypothŽcaire et aux consommateurs nĠarrive plus ˆ combler le trou noir de lĠabsence de la demande solvable quelque soit lĠimagination dŽbridŽe des banques pour endetter un prolŽtariat qui nĠa plus les moyens de rembourser et pour distribuer largement le risque par lĠintermŽdiaire des Ç produits dŽrivŽs È.  

 

RŽgler la crise et surtout lĠempcher dĠtre suivie par une longue dŽpression appelle alors ˆ la crŽation dĠun nouveau pouvoir dĠachat et non pas ˆ sauver la CDPQ en y engouffrant encore plus dĠŽpargnes populaires.  Draper la CDPQ dĠune verte fleur de lys dans le poing social-dŽmocrate est faire croire ˆ la quadrature du cercle.  Le mythe du capitalisme social repose sur le fait quĠun travailleur bien payŽ est plus productif et consomme plus.  Le capitalisme est dĠaccordÉ jusquĠˆ ce que le concurrent paye moins.  Alors sĠimpose la logique de la peur du ch™mage — le capital en maintient toujours une armŽe de rŽserve quĠil reconstitue quand les syndicats deviennent trop arrogants. 

  

Le mythe du capitalisme vert repose sur la logique de la minimisation des cožts au niveau de lĠentreprise, donc aussi les cožts ŽnergŽtiques et des matires premires.  Cette vŽritŽ micro-Žconomique nĠefface pas la logique macro-Žconomique dĠensemble.  La logique globale du capitalisme est ˆ lĠaccumulation du capital et en corollaire ˆ la consommation de masse.  Une image vaut mille mots : on peut bien amŽliorer la performance ŽnergŽtique de chaque automobile, la croissance du nombre dĠautomobiles finit par effacer le gain potentielÉ et il y a une limite ˆ rŽduire la consommation dĠŽnergie et de matires premires par auto mais non ˆ multiplier le nombre dĠautos.  

 

 

Pour le plein emploi Žcologique

 

Rappelons que si en un an, dĠavril 2008 ˆ avril 2009, le nombre de sans emploi a crž au QuŽbec de 40 000 personnes, il faut y ajouter un ch™mage cachŽ de transformation de temps plein en temps partiel.  Durant la mme pŽriode, lĠemploi temps plein y a baissŽ de 22 000 personnes tandis que celui ˆ temps partiel a augmentŽ de 12 000.  Ajoutons-y aussi la transformation des emplois salariŽs en Ç travailleurs indŽpendants È qui explique la relative bonne performance du QuŽbec dans la crŽation dĠemplois de mars ˆ avril.  Comme le dit Ç l'Žconomiste Sylvain Schetagne, du Congrs du travail du Canada: ÒSi vous n'tes pas admissible ˆ l'assurance-emploi ou si vous n'y avez plus droit et qu'il n'y a pas d'emplois de disponibles, que faites-vous? Vous vendez tout et allez sur l'aide sociale, ou vous devenez travailleur indŽpendant. Ces travailleurs passent du statut d'employŽ au statut de travailleur indŽpendant, mais peuvent-ils vŽritablement en vivre?Ó È (Le Devoir, 9 mai 2009)

On voit bien que lĠobjectif de crŽation de 40 000 emplois que sĠassigne le plan anti-crise de QuŽbec solidaire est tout ˆ fait inadŽquat dĠautant plus que tous les Žconomistes, de droite comme de gauche, prŽvoient une continuelle hausse du ch™mage durant lĠannŽe 2009 mme si certains prŽvoient un dŽbut de reprise.  Tant par rapport ˆ la protection des emplois existants, du maintien des salaires et des conditions de travail que de la crŽation dĠemplois Žcologiques nouveaux, la direction de QuŽbec solidaire capitule sur toute la ligne.  CĠest se moquer des travailleurs congŽdiŽs que de leur proposer de former des coopŽratives sans financement, sans rŽseaux dĠapprovisionnement ni de mise en marchŽ, sans expertise suffisante.  CĠest abandonner les travailleurs en emploi que de ne pas exiger une lŽgislation protŽgeant leur pouvoir dĠachat non seulement par une indexation obligatoire en cas de hausse des prix et par une participation aux gains dus ˆ la hausse de la productivitŽ du travail mais surtout par une baisse du temps de travail ˆ au moins 35 heures sans diminution du salaire rŽel.   

 

Son plan anti-crise repris dans le Manifeste accepte les fermetures dĠusines et les congŽdiements massifs mme dĠentreprises rentables comme, par exemple, Bombardier et Pratt et Whitney.  Il ne viendrait mme pas ˆ lĠesprit de la direction de QuŽbec solidaire de proposer une lŽgislation anti-fermeture et anti-congŽdiement massif, comme le fait le Nouveau parti anticapitaliste franais quitte ˆ ce que ce soit les compŽtiteurs des entreprises en banqueroute, comme par exemple pour le cas dĠAbitibi-Bowater, qui prennent en charge les employŽs congŽdiŽs et les plans de retraite car, aprs tout, ce sont eux qui profitent de la situation.  La direction de QuŽbec solidaire, sur ce point, est plus ˆ droite que le gouvernement Conservateur de Terre-Neuve qui a nationalisŽ les droits de coupe et les actifs hydroŽlectriques dĠAbitibi-Bowater suite ˆ la fermeture de lĠusine de Grand Falls.

 

 

Exproprier les banques pour un tournant Žcologique

 

Il nĠy a rien dĠŽtonnant ˆ la pusillanimitŽ de la direction de QuŽbec solidaire face ˆ la crŽation dĠemplois Žcologiques — un petit milliard $ supplŽmentaire sur deux ans — ˆ la vue de son incomprŽhension et de sa sous-estimation de la crise Žcologique.  Le diagnostic que fait le Manifeste de la crise Žcologique passe compltement sous silence le rŽchauffement de la plante causŽ par les gaz ˆ effet de serre.  Il faut le faire.  Une chose est de rŽduire la question Žcologique ˆ lĠeffet de serre, comme par exemple le faisait la dernire plate-forme Žlectorale de QuŽbec solidaire en dŽclarant lĠhydroŽlectricitŽ comme une Žnergie propre avant de devoir sĠajuster aux normes du gouvernement Žtasunien et aux protestations des Innus de la base et des Žcologistes.  Une autre est de marginaliser cet effet qui dŽjˆ enveniment sŽcheresses et inondations et qui a commencŽ ˆ modifier significativement la biodiversitŽ et ˆ hausser le niveau des ocŽans :

Ç 326 catastrophes climatiques ont ŽtŽ enregistrŽes en moyenne chaque annŽe entre 2000 et 2004 ; elles ont fait 262 millions de victimes - prs de trois fois plus quĠentre 1980 et 1984. Plus de 200 millions dĠentre elles vivaient dans des pays non-membres de lĠOCDE qui ne portent quĠune responsabilitŽ marginale dans lĠaccroissement de lĠeffet de serre. Pour les annŽes 2000-2004, un habitant sur 19 a ŽtŽ affectŽ par une catastrophe climatique dans les pays en dŽveloppement. Le chiffre correspondant pour les pays de lĠOCDE est de 1 sur 1500 (79 fois moins). È (Daniel Tanuro dĠaprs le rapport du Programme des Nations Unies pour le DŽveloppement (PNUD), rapport mondial sur le DŽveloppement humain, 2007/2008)

 

Le plan anti-crise de QuŽbec solidaire ne tient aucun compte que le QuŽbec, en tant que pays dŽveloppŽ spŽcialement Žnergivore et selon les recommandations du GIEC relevant de lĠONU, doit cesser de hausser ses Žmanations de gaz ˆ effet de serre dĠici 2015, doit les rŽduire de 25% ˆ 40% dĠici 2020 et de 80 ˆ 95% dĠici 2050.  Ë cette hauteur dĠexigence, cĠest lĠautomobile individuelle dans les grandes villes qui doit tre remplacŽe par le transport collectif public et ŽlectrifiŽ ; cĠest lĠensemble des b‰timents du QuŽbec qui doit tre restaurŽ selon les normes les plus performantes de lĠefficacitŽ ŽnergŽtique, lesquelles permettent une baisse de la consommation ŽnergŽtique dĠau-delˆ de 50% ˆ confort Žgal ; cĠest la planification de nos villes et les normes du b‰timent qui doivent tre immŽdiatement rŽvolutionnŽes pour minimiser la consommation dĠŽnergie.  CĠest, en dernier lieu et seulement en dernier lieu, les productions Žolienne et solaire qui doivent tre augmentŽes. 

 

On objectera quĠil faudrait un investissement massif pour y arriver ?  On conna”t les sommes gigantesques quĠont mobilisŽ les gouvernement Žtasunien et canadien pour sauver ou soutenir leurs institutions financires mme si au Canada les banques vont trs bien merci.  Proportionnellement, pour le QuŽbec, on parle dĠune somme dĠune quarantaine de milliards $ mesurŽ ˆ lĠaulne canadienne, de prs de 200 milliards $ ˆ lĠaulne Žtasunienne.  La premire somme donne une idŽe de ce qui serait mobilisable immŽdiatement, la seconde dĠici, disons, 2020.  Bien sžr, les trs capitalistes gouvernements canadien et Žtasunien ou bien recourent ˆ la Ç planche ˆ billets È ou bien empruntent au taux dĠintŽrt du marchŽ les sommes nŽcessaires au mme capital financier quĠils sauvent par ailleurs sous forme de prts ˆ taux rŽduit sinon quasi nuls, de garanties et parfois dĠachats dĠactions.  Bel arnaque.  Un gouvernement de gauche se procurerait ces sommes par une rŽforme fiscale radicale imposant et taxant les profits, les hauts revenus, les fortunes et la consommation de luxe et Žnergivore.  Inutile de chercher pareille idŽe dans le plan dĠaction prŽtendant dŽpasser le capitalisme.

 

 

LĠindŽpendance pour la Banque populaire du QuŽbec

 

Pour faire payer ˆ cette hauteur le capital, dont les banques et les autres institutions financires sont le noyau dirigeant, sĠimpose la nationalisation sans compensation des institutions financires pour en faire un service public essentiel contr™lŽ dŽmocratiquement comme le sont partiellement les garderies populaires du QuŽbec.  La gauche doit profiter du fait que nŽo-keynŽsiens de droite (The Economist) comme de gauche (le prix Nobel dĠŽconomie Paul Krugman) proposent de nationaliser les banques afin de sauver le capital pour se rŽapproprier cette traditionnelle revendication anticapitaliste tout en faisant la porte dĠentrŽe dĠun QuŽbec Žcologique et ŽgalitaireÉ et en la liant ˆ la revendication de lĠindŽpendance.   

 

La province canadienne du QuŽbec est en effet sans pouvoir sur le capital financier.  Il y a plus dĠune gŽnŽration que le peuple quŽbŽcois a trouvŽ la rŽponse programmatique — lĠindŽpendance — pour se sortir de ce cul-de-sac.  Ainsi il deviendra possible de mettre sur pied la Banque populaire du QuŽbec pour contr™ler les flux monŽtaires tant pour empcher la fuite de fonds dans les paradis fiscaux et lĠŽvasion fiscale que pour centraliser lĠŽpargne quŽbŽcoise et la diriger, par des politiques fiscale et monŽtaire appropriŽes, vers des investissements Žcologiques et sociaux dŽmocratiquement dŽcidŽs. 

 

Non seulement le Manifeste relgue-t-il en appendice la question nationale mais il lĠa rŽduit ˆ la Ç souverainetŽ populaire, dŽmocratique, Žconomique, politique È.  Il nĠy a pas de souverainetŽ suivie de mille adjectifs sans passer par lĠindŽpendance nationale.  Elle est la revendication-clef pour libŽrer lĠŽnergie crŽatrice du peuple quŽbŽcois, pour le libŽrer de lĠhumiliation de la conqute de 1760, de la rŽbellion ŽcrasŽe dans le sang de 1837, de la constitution imposŽe de 1867, des conscriptions forcŽes de 1917 et de 1942, des occupations armŽes de 1970 et de 1990, du rejet lŽgislatif de lĠautodŽtermination rŽfŽrendaire en lĠan 2000 et du mŽpris du scandale des commandites en 2004.  Ce nĠest pas pour rien que bon an mal an la volontŽ souverainiste, malgrŽ le l‰chage pŽquiste, oscille entre 40 et 50%. 

 

La crise globale du capitalisme permet de fusionner la haine du fŽdŽral avec la haine des banques et du patronat.  Cette crise permet de donner ˆ la revendication de lĠindŽpendance sa pleine signification de gauche, non seulement vis-ˆ-vis Ottawa, sige du pouvoir politique fŽdŽrale, mais aussi vis-ˆ-vis de Bay Street, sige du capital financier canadien et de Wall Street, sige du capital financier Žtasunien. 

 

 

Affrontement de classe ou Ç concertation È

 

La prŽsente lŽthargie du mouvement social quŽbŽcois depuis la capitulation sans combat des syndicats du secteur public en dŽcembre 2005 — cependant la rŽcente dŽtermination et militance de la longue grve des professeurs de lĠUQAM appuyŽe de sporadiques grves Žtudiantes laisse peut-tre entrevoir un retour de la riposte sociale qui pourrait tre la reconstitution du Front commun de 1972 — laisse peu de prise ˆ lĠexpression publique de la haine nationale et de classe.  Il revient en particulier ˆ la gauche politique de prŽparer politiquement le terrain ˆ son inŽvitable retour au fur et ˆ mesure de lĠintensification de la crise.  Celle-ci conna”t peut-tre une certaine accalmie gr‰ce aux billions $ jetŽs en p‰ture aux banques et ˆ lĠindustrie automobile, et ˆ un moindre impact sur le QuŽbec dont les industries du textile/vtement, du meuble et de la fort sont en crise depuis longtemps, mais ce sera pour mieux rebondir.  Le problme de fond de la demande solvable due ˆ la stagnation salariale et des services publics, et ˆ la persistance des inŽgalitŽs de revenu, sans oublier lĠaggravation continuelle des consŽquences de la crise Žcologique, nĠest pas du tout en voie dĠtre rŽglŽ.

 

Le Manifeste prŽpare plut™t le terrain en sens contraire.  Il laisse entendre que Ç [l]es ÒTrente glorieusesÓ, comme on les appelle, soit la pŽriode allant de 1945 ˆ 1972 environ, sont marquŽes par une situation exceptionnelle dans lĠhistoire du capitalisme, soit lĠabsence dĠune rŽelle concurrence sur le plan international. [É] Ë partir des annŽes 1970, toutefois, ce systme est dŽstabilisŽ par la montŽe des compŽtiteurs en Europe et en Asie. È  Il attribue ˆ ce recul de la concurrence la capacitŽ des Ç grandes entreprises comme GM, General Electric, Boeing, etc. [É] dĠaccorder des concessions ˆ leurs travailleuses et travailleursÉ È  Si ce recul momentanŽ de lĠintensitŽ de la concurrence mondiale dž aux dŽvastations de la Seconde guerre mondiale a certes faciliter lĠƒtat providence, cĠest-ˆ-dire le partage inŽgal des gains de productivitŽ, il nĠen est nullement la cause.

 

La cause de ces concessions fut la peur de la rŽvolution.  Les syndicats et les partis sociaux-dŽmocrates, profitant de la peur de la montŽe rŽvolutionnaire ˆ la fin de la Deuxime Guerre tant en Europe quĠen Asie du Pacifique, ont pu imposer au capital une meilleure distribution des gains de productivitŽ.  Si en Grce, en Italie et en France, le capital a pu compter sur le sabotage des partis staliniens pour couper court au danger rŽvolutionnaire, tel ne fut pas le cas en Yougoslavie, en Chine et au Vietnam o les partis dirigeants avaient partiellement rompu avec le stalinisme et o en Asie la rŽvolution combinait libŽration nationale et libŽration sociale.  Le capitalisme mondial, affaibli et dŽconsidŽrŽ par la guerre surtout gagnŽe par lĠarmŽe rouge (et lĠutilisation criminelle et inutile de la bombe atomique contre le Japon et du Ç carpet bombing È contre lĠAllemagne) nĠa pas eu dĠautres choix que de faire des concessions majeures pour sauver sa peau.

 

La btise stratŽgique des directions syndicales et des partis sociaux-dŽmocrates fut alors de renoncer ˆ la perspective rŽvolutionnaire et dĠaccepter la collaboration de classe, appelŽe au QuŽbec Ç concertation È, pour le partage inŽgal des gains de productivitŽ.  Cette capitulation stratŽgique revenait ˆ laisser le pouvoir au capital.  Au fur et ˆ mesure de la baisse du taux de profit due au retour des puissances vaincues puis des Ç nouveaux pays industrialisŽes È sur le marchŽ mondial, le capital sĠest concentrŽ en transnationales qui ont investi dans des zones peu syndiquŽes (sud des ƒU, sud de lĠEurope, certains pays du tiers monde comme la CorŽe du Sud et Taiwan qui, comme par hasard, servait de vitrines ˆ succs face ˆ la Chine dite communiste) et a libŽrŽ ses Žpargnes du contr™le Žtatique (eurodollars, pŽtrodollars), ce qui permettra de faire chanter les peuples du monde en les opposant les uns aux autres au grŽ de la circulation mondiale des flux de capitaux.

 

Cet Žchec de la collaboration/concertation de classe rŽsulte de lĠimpossibilitŽ structurelle dĠamoindrir lĠintensitŽ de la compŽtition inhŽrente au mode de production capitalisteÉ ˆ moins dĠaccepter de trs profondes crises qui gŽnrent de dŽvastatrices guerres mondiales mettant en pŽril la civilisation mme et dorŽnavant lĠŽquilibre Žcologique de la plante.  Le Manifeste, sous forme de questionnements, suggre de Ç favoriser la coopŽration au lieu de la compŽtition È ou encore de Ç redistribue[r] la richesse Žquitablement È et mme de Ç [c]ontr™ler dŽmocratiquement les institutions financires È et jĠen passe.  Fort bien.  Cela nŽcessite, si on est sŽrieux, le renversement du capitalisme. 

 

Et comme lĠa dŽmontrŽ encore une fois le sanglant coup dĠƒtat militaire contre le gouvernement Allende au Chili en 1973, il se suffit pas de conquŽrir la majoritŽ parlementaire pour y arriver.  LĠHistoire a maintes fois prouvŽ que la voie parlementaire mne directement dans un cul-de-sac.  Il faut surtout renverser le capital dans la rue, par la grve gŽnŽrale ou/et par une guerre populaire prolongŽe ou/et une insurrection gŽnŽrale, tout dŽpendant de la structure socio-Žconomique et des rapports de forces.  Mme lˆ, la mobilisation gŽnŽrale peut sĠarrter ˆ mi-chemin comme cĠest le cas au Venezuela et en Bolivie o elle a favorisŽ la victoire dans les urnes de radicales rŽgimes nationalistes anti-impŽrialistes.  Ces rŽgimes, il est vrai, crŽent des conditions favorables ˆ une re-mobilisation anticapitaliste mais peuvent aussi crŽer les conditions dĠune rŽgression nŽolibŽrale par le mŽcanisme de la cooptation des directions du mouvement social. 

 

Mme le renversement du capitalisme ne prŽmunit pas contre la gangrne bureaucratique comme lĠa prouvŽ le socialisme rŽellement existant du XX sicle.  Ce nĠest pas une raison de nier le caractre progressiste des importantes avancŽes socio-Žconomiques de ces rŽgimes.  Sauf pour la nouvelle couche capitaliste et ses alliŽs, les pays de lĠex-URSS, depuis le dŽmantlement de lĠURSS en 1990, ont connu un important recul socio-Žconomique marquŽ notamment par une rŽgression de lĠespŽrance de vie.  Par exemple, en Russie, malgrŽ lĠatout de sa richesse pŽtrolire qui a gonflŽ artificiellement les principaux indicateurs Žconomiques depuis 2000, lĠespŽrance de vie est passŽ de 68.8 ans en 1989, dernire annŽe dĠexistence de lĠURSS ˆ 65.4 ans en 2007. Au Canada, durant le mme temps elle est passŽe de 77.3 ˆ 80.6 (ƒtat du monde 2009, site web). 

 

Cela est aussi vrai pour Cuba qui maintient les acquis de son systme de santŽ, dĠŽducation et de garderies, malgrŽ le criminel blocus Žtasunien et le traumatisme maintenant surmontŽ de la disparition de lĠURSS gr‰ce ˆ lĠALBA avec le Venezuela.  SĠy ajoutent dĠimportants acquis Žcologiques dans le domaine de lĠagriculture urbaine et du transport public, sans compter un systme remarquable de sŽcuritŽ contre les ouragans qui fait honte aux ƒU.  Le drame de la dictature bureaucratique nĠest pas la rŽgression socio-Žconomique, au contraire, mais le gaspillage des ressources et la frustration dŽmocratique qui prŽpare le terrain au retour du capitalisme qui lui provoque le dŽmantlement des acquis socio-Žconomiques de la rŽvolution.  Ce nĠest pas pour rien que, par exemple, Le Devoir (9 mai 2009) se livre ˆ la une au dŽnigrement de la rŽvolution cubaine Ç dŽboulonn[ant Castro] au nom de la fiction È.  Quand mme !  Au fur et ˆ mesure de lĠapprofondissement de la crise globale du capitalisme, mme le peuple quŽbŽcois pourrait voir dĠun bon Ïil les acquis du plein emploi et des services publics cubains malgrŽ la grande modestie du niveau de vie, malgrŽ les inŽgalitŽs dues ˆ lĠaccs diffŽrenciŽ au dollar et malgrŽ les importantes dŽformations bureaucratiques.

 

 

Des ƒtats gŽnŽraux pour gagner la bataille du Front commun

 

Au QuŽbec, le concertationnisme a ŽtŽ institutionnalisŽ par le PQ ˆ la fin des annŽes 90 par les sommets Žconomiques imposant le dŽficit zŽro.  Sa force paralysante pour le mouvement syndical a encore ŽtŽ prouvŽe lors de la dŽfaite sans combat du secteur public en dŽcembre 2005.  Il faut bien saisir que le problme de fond de la nŽgociation 2003-2005 dans le secteur public fut moins le manque dĠunitŽ, comme le prŽtendait la plupart des analystes de gauche, que la concertation quĠon croyait autant possible avec les LibŽraux quĠavec le PQ.

 

Le dŽmenti le plus clair de cette analyse erronŽe fut dĠailleurs la longue et profonde grve partiellement rŽussie du mouvement Žtudiant en 2005 malgrŽ le manque dĠunitŽ organisationnelle.  On peut mme dire que cĠest lĠautonomie combative de lĠASSƒ qui a permis de dŽmarrer le moteur mme si aprs coup le manque dĠunitŽ, dž cependant au concertationnisme des grandes associations Žtudiantes que le sectarisme de lĠASSƒ encourageait, a empchŽ de donner ˆ la grve un caractre offensif et surtout de faire le lien avec la grve du secteur public.  Comment cette fois-ci sĠassurer un Front commun combatif qui prŽpare lĠaffrontement avec le gouvernement en union avec le mouvement Žtudiant et appuyŽ activement par le mouvement populaire ?

 

Encore cette fois-ci, les centrales syndicales quŽbŽcoises auront beau sĠorganiser en un grand front commun, sĠils le font dans un esprit de concertation avec le gouvernement, le rŽsultat sera le mme quĠen 2005.  Il le sera dĠautant plus que toute lĠaffaire se jouera dans le contexte dĠune grave crise Žconomique.  SĠimaginer quĠil y aura rattrapage salariale dans le secteur public et para-public quŽbŽcois alors que les travailleurs du secteur privŽ, surtout ceux et celles des branches en crise profonde comme lĠautomobile mais aussi la foresterie, font concession sur concession, est rver en couleur.  SĠimaginer que la nŽgociation se fera rapidement comme le dŽclarent les chefs syndicaux relve de lĠinconscience ou de la dŽsinformation. 

 

SĠimaginer de plus quĠil y aura reprise en 2010, annŽe de lĠŽchŽance des conventions collectives, cĠest participer aux illusions des analyses des Žconomistes patentŽs.  Mme ceux-ci admettent que la reprise ne pourra quĠtre faible et longue Žtant donnŽ la montagne de dettes ˆ digŽrer par tous les acteurs Žconomiques que ce soit mŽnages, entreprises ou gouvernements, ce qui signifie que le ch™mage continuera de grimper et quĠensuite il se maintiendra ˆ un haut niveau.  Mme si lĠengagement de non-maraudage est un bon signe, pour que ce grand mouvement des syndicats du secteur public atteigne ses buts, il lui faudra inscrire sa lutte, qui ne pourra quĠtre fŽroce, dans le cadre dĠun projet global de sortie de crise ˆ gauche. 

 

La crŽation du rapport de forces nŽcessaire implique la construction dĠun mouvement social qui devra, au niveau des revendications, prendre en compte le refus des privatisations et la reconstruction quantitative et qualitative des services publics.   Il ne suffira pas de se limiter aux domaines traditionnels de la santŽ, de lĠŽducation, des garderies et des services sociaux. Il faudra proposer de dŽvelopper ˆ une Žchelle sans prŽcŽdent les services publics dans les domaines de lĠefficacitŽ ŽnergŽtique, des transports publics, du logement social, de la foresterie et des ressources ŽnergŽtiques renouvelables.  Cette Žchelle gigantesque nŽcessitera une profonde rŽforme fiscale, permettant dĠaller chercher plusieurs dizaines de milliards $, ce qui devra faire partie des revendications. 

 

Il en sera de mme pour la diminution du temps de travail sans baisse salariale afin, quĠen combinaison avec la crŽation dĠemplois dans le secteur public, dĠatteindre le plein emploi, seule faon de rallier les travailleuses et travailleurs du privŽ au grand combat qui sera nŽcessaire.  On ne fera pas lĠŽconomie dĠune grve gŽnŽrale bien plus large que le secteur public.  Se posera inŽvitablement la question de la fuite des capitaux, celle de la grve des investissements.  Il nĠy a pas dĠautre rŽponse que celle dĠexproprier les institutions financires, ce qui en plus permettra le contr™le des flux dĠŽpargne et dĠinvestissement afin de les orienter dans le mme sens que les choix publics.  Et qui dit expropriation des banques dit une Banque populaire du QuŽbec et qui dit Banque populaire du QuŽbec dit indŽpendance.

 

CĠest ˆ ce niveau quĠon attend QuŽbec solidaire, le niveau de la conqute du pouvoir par la rue et par les urnes, avec un projet dĠŽtats gŽnŽraux du mouvement populaire pour un QuŽbec indŽpendant et Žcologique.  Le processus de mobilisation pourrait commencer ds maintenant en sĠappuyant sur un prŽcŽdent historique qui a laissŽ sa marque, soit les Ç ƒtats gŽnŽraux du Canada franais È de novembre 1967 qui se conclurent par Ç Éune orientation vers lĠindŽpendance du QuŽbec. È (J. Lacoursire, J.Provencher et D. Vaugeois, Canada-QuŽbec, synthse historique, 1978). Un tel mot dĠordre serait dĠautant plus le bienvenu que beaucoup de militants syndicaux, conscients de lĠenlisement du mouvement syndical depuis la capitulation sans combat de dŽcembre 2005, souvent membres du SPQ-libre par attachement ˆ la lutte pour lĠindŽpendance et dŽus des hŽsitations de QuŽbec solidaire sur cette question, souhaitent ardemment la tenue dĠŽtats gŽnŽraux du mouvement syndical. 

 

Sans attendre dĠinitiative des directions syndicales, qui ne viendra peut-tre pas, ˆ QuŽbec solidaire dĠaller de lĠavant.  CĠest un tel manifeste de sortie de crise quĠon attendait et non pas un projet de rŽforme de la CPDQ pour sauver QuŽbec Inc. baignant en plus dans lĠillusion dĠun capitalisme vert et social.  NĠimaginons pas non plus de troisime voie entre ce projet et la dŽfaite.  La crise globale du capitalisme lĠa dŽfinitivement fermŽe.


DŽpassement du capitalisme ou nostalgie passŽiste ?

 

Est-ce que le dŽpassement du capitalisme — point dĠinterrogation — est un pas en avant, du moins sŽmantique, vers le renversement du capitalisme — point final ?  Ë lire le Manifeste par ses chemins de traverse, on y dŽcouvre maints indices de la signification concrte de ce capitalisme soi-disant dŽpassŽ.  Ç Voyez les initiatives citoyennes, ici-mme, au QuŽbec : entreprises coopŽratives, agriculture biologique et de proximitŽ, commerce Žquitable et Žconomie socialeÉ È  Nous y voilˆ.  Le problme avec Ç le milliard de dollars accordŽ ˆ la SociŽtŽ gŽnŽrale de financement [par le gouvernement Charest, cĠest quĠil] exclut les petites entreprises qui emploient le tiers de la main dĠÏuvre au QuŽbec È.  Donc aussi davantage de PME dĠailleurs soignŽes au petits oignons par le plan anti-crise, par exemple par des subventions pour payer le salaire minimum qui ne sera pourtant pas plus ŽlevŽ que celui de lĠOntario en 2010.

 

CoopŽratisme

 

Concrtement parlant, au QuŽbec favoriser les coopŽratives et les PME, cĠest favoriser lĠanti-syndicalisme.  Desjardins, Agropur et la Coop fŽdŽrŽe sont rŽputŽs pour leur zle anti-syndical.  Ce nĠest pas un hasard.  Comme coopŽratives et PME sont gŽnŽralement dŽsavantagŽes dans leur concurrence contre les transnationales, elles font tout leur possible pour moins bien payer leurs employŽes et leur donner de moins bonnes conditions de travail.  On notera dĠailleurs quĠaucune mesure du plan anti-crise contenue dans le Manifeste ne concerne la syndicalisation, les salaires et les conditions de travail.  PME et coopŽratives nĠen seraient pas contentes.  Dans le capitalisme rŽellement existant, les coopŽratives qui rŽussissent ont pleinement intŽriorisŽes la loi de la concurrence.  Cela se voit, par exemple, chez le groupe Mondragon, qui compte pour 4% du PIB du Pays Basque, considŽrŽ par plusieurs comme le modle mondial des coopŽratives de production et de distribution.

 

De dire son responsable des ressources humaines : Ç  Nous sommes des compagnies privŽes opŽrant dans le mme marchŽ que tous les autres.  Nous sommes exposŽs aux mme conditions que nos compŽtiteurs. È (The Economist, 26 mars 2009)  La prospŽritŽ du groupe fait quĠil emploie deux personnes non-membres par membre employŽ, soit dans des filiales, par exemple en Chine et aux ƒU, soit comme employŽs temporaires.  La rŽcession frappe dĠabord les non-membres dĠo des grves.  Elle frappe quand mme les membres qui doivent geler ou rŽduire leurs salaires, rŽduire leurs heures et mme congŽdier collectivement certains membres individuels quoique la Coop est tenue de leur trouver un autre emploi dans un rayon de 50 kilomtres.  Quant aux gestionnaires, la politique salariale a dž sĠadapter au marchŽ : dĠun ratio salarial de 3 pour 1 vis-ˆ-vis les salaires des employŽs, la coop a dž faire passer les salaires des gestionnaires ˆ 8 pour 1 afin dĠarrter lĠhŽmorragie.

 

Le coopŽratisme comme force sociale est nŽ au XIX sicle en mme temps que le syndicalisme et le socialisme en tant que rŽponse du prolŽtariat Žmergeant ˆ lĠexploitation du capitalisme triomphant.  Le coopŽratisme se situe alors entre le socialisme compris comme le pouvoir politique du prolŽtariat par le renversement du capitalisme et le syndicalisme comme pouvoir collectif de rŽsistance du prolŽtariat ˆ lĠexploitation au sein de la sociŽtŽ capitaliste.  Au sein du capitalisme, le coopŽratisme sĠassocie au syndicalisme comme force de rŽsistance en tentant de supprimer le rapport patronal, qui cependant cherche constamment ˆ se reproduire au sein de la coopŽrative, mais sans aucunement pouvoir supprimer le rapport dĠexploitation qui opre par lĠintermŽdiaire du marchŽ capitaliste. 

 

CĠest ce que dŽmontre autant Mondragon (coop de travailleurs) que la FŽdŽrŽe (coop agricole) ou Desjardins (coop dĠŽpargnants) ou mme les nombreuses coops dĠhabitation qui seraient peu viables sans lĠaide de lĠƒtat.  On a vu pourquoi le coopŽratisme, y compris celui de travailleurs, nĠest pas nŽcessairement compatible avec le syndicalisme.  Il faut le socialisme pour rŽsoudre la contradiction car alors coopŽratisme rime avec autogestion de bas en haut, cĠest-ˆ-dire avec la suppression de la domination du marchŽ, qui peut cependant jouer un r™le auxiliaire, en faveur de la dŽmocratie (Žconomique).  Dans la premire moitiŽ du XIX sicle,  coopŽratisme et socialisme se distinguaient dĠailleurs ˆ peine :

Ç La postŽritŽ fŽministe [de St-Simon], avec Flora Tristan, Jeanne Deroin, Pauline Roland, [É] proposait ˆ tous les ouvriers de France de se rassembler dans une organisation unitaire o le travail serait rŽglŽ et contr™lŽ en dŽtail par les ouvriers eux-mmes et qui prendrait en charge les orphelins et les vieillards [É] o l'autogestion ouvrire s'Žtendrait de l'atelier ˆ la branche et de celle-ci ˆ l'ensemble de l'industrie, et se prolongerait en un double systme de planification dŽmocratique et de welfare state gŽrŽ par les producteurs. È (Franois Espagne, ancien secrŽtaire gŽnŽral de la ConfŽdŽration gŽnŽrale des SCOP [SociŽtŽs coopŽratives ouvrires de production, France], Ç Les coopŽratives ouvrires de production entre utopies fondatrices et idŽologies concurrentes È, 2000, Internet)

 

Une fois que le coopŽratisme eut commencŽ ˆ prendre les formes concrtes quĠon lui conna”t aujourdĠhui non pas comme substitut mais dans le cadre du capitalisme, Marx apportera la distinction essentielle entre le coopŽratisme avant et aprs la rŽvolution socialiste :

Ç [Marx] voyait dans les coopŽratives ouvrires, comme d'ailleurs dans les sociŽtŽs anonymes, des formes de transition entre le mode de production capitaliste et le systme d'association (Capital). Ce qui Žtait condamnable ˆ ses yeux Žtait moins la formule elle-mme que la prŽcipitation ˆ la recommander comme un remde miracle dans n'importe quelle situation historique : justifiŽe dans la situation rŽvolutionnaire d'un Etat ouvrier-socialiste comme la Commune de Paris, elle est condamnŽe dans une situation quasi-fŽodale et un Etat rŽactionnaire comme la Prusse de la mme Žpoque. La diffŽrence de position dans les deux situations fait Žcho ˆ l'objectif assignŽ aux prolŽtaires de "renverser l'Etat pour rŽaliser leur personnalitŽ" (L'idŽologie allemande, 1846). Tant que cet objectif n'est pas atteint, dans une phase antŽrieure de dŽveloppement, le "socialisme critico-utopiste" ne peut qu' "Žmousser la lutte des classes" (Manifeste, 1848). Le renversement de l'ordre social rŽalisŽ, l'utopie associationniste devient rŽalisable, elle est mme probablement le modle que choisira spontanŽment le prolŽtariat È (idem)

 

ƒconomie sociale

 

SĠil faut bien distinguer un coopŽratisme de petits propriŽtaires (coops agricole et forestire) liguŽs contre les monopoles agro-industriels et forestiers et mme une coop de travailleurs sĠorganisant pour sauver leurs emplois, on nĠen constate pas moins que coopŽratives, PME et OSBL subventionnŽes par lĠƒtat et/ou la charitŽ privŽe, les trois composantes de lĠŽconomie sociale, ne sont ni un renversement ni mme un dŽpassement du capitalisme.  Soit elles y sont pleinement intŽgrŽes mais comme secteurs dominŽs par le grand capital, dĠo leur propension anti-syndicale, soit elles en sont une appendice socialement nŽcessaire pour gŽrer les consŽquences des coupures/privatisation de services publics et de programmes sociaux.     

Ç L'Žconomie sociale reste un concept encore flou et peu mobilisateur. Il a de la peine ˆ se distinguer des acceptions initiales(Žconomie charitable) ou universitaires (analyse des interdŽpendances entre le social et l'Žconomique). S'il s'entend au sens de Walras [Žconomiste qui a mathŽmatiquement systŽmatisŽ lĠŽconomie de marchŽ, NDLR] (Etudes d'Economie sociale, 1896), il concerne la rŽpartition de la richesse sociale et son optimisation du point de vue de la justice, il englobe alors les coopŽratives de consommation mais il exclut les coopŽratives de production. S'il s'entend au sens de Charles Gide (L'Economie sociale, 1900), il concerne "tous les efforts pour Žlever la condition du peuple" et regroupe les actions du "patronage" (l'aide du fort au faible, patronage d'employeurs ou patronage philanthropique), les associations fondŽes sur le "aide-toi toi-mme" et qui englobent les coopŽratives, les mutuelles et les syndicats avec les associations proprement ditesÉ È (idem)

 

Commerce Žquitable

 

Si coops et tutti quanti dŽfinissent les unitŽs de production et dĠŽchange de lĠŽconomie sociale, leurs rapport rŽciproques, surtout internationaux, seraient dŽfinis par le Ç commerce Žquitable È et lĠinvestissement tout aussi Žquitable Ç dans des entreprises Žcologiques et socialement responsables È de dire le Manifeste du premier mai.  Le commerce Žquitable est la redŽfinition contemporaine de la doctrine du Ç juste prix È du thŽologien catholique du XIII sicle, Thomas dĠAquin :

Ç [P]armi les critres fondamentaux du commerce Žquitable, le prix juste doit non seulement couvrir le cožt de la matire premire, des moyens de production et du temps de travail, mais aussi les cožts sociaux et environnementaux. Il doit en outre assurer un bŽnŽfice, qui peut par exemple tre versŽ en espces aux producteurs ou tre affectŽ au groupement, ˆ lĠamŽlioration Žcologique, ˆ lĠorganisation associative ou ˆ la promotion fŽminine. (Laure De Cenival, 1998, Internet)

 

Ë partir du moment o pour sortir de la marginalitŽ — le commerce Žquitable comprend moins de 1% du commerce mondial, moins de 5% pour son produit vedette, le cafŽ — la grande majoritŽ du commerce Žquitable passe de plus en plus par les transnationales de la distribution, le prix final doit tre au-dessus du marchŽ :

Ç Dans les rŽseaux alternatifs, les cožts de distribution et les marges sont rŽduits au maximum par rapport au commerce conventionnel. Pour les produits sous label Žquitable vendus dans la grande distribution, les marges des intermŽdiaires sont en principe les mmes que pour les produits classiques. AjoutŽs au prix Žquitable payŽ aux producteurs, ces cožts engendrent souvent un prix final supŽrieur ˆ celui dĠun produit conventionnel Žquivalent. È (Idem)

 

Pour finir, si Ç [l]e prix Žquitable payŽ au producteur est supŽrieur ˆ celui du marchŽÉ il faut bien admettre quĠun prix supŽrieur ˆ celui du marchŽ nĠest pas forcŽment juste. È (idem) puisque il est quand mme dŽfini sur la base du prix de marchŽ.  Ç Il ne peut y avoir de commerce Žquitable que si les termes d'Žchange [dont] les taux de change sont Žquitables È (Le Devoir web, commentaires, 28/04/09)  En rŽsulte que Ç Ò[s]auf quelques cas particuliers, la rŽpartition de la plus-value, elle, ne change pas entre le modle d'Žchange traditionnel et ŽquitableÓ, avec ˆ la clef une plus grande quantitŽ de la richesse gŽnŽrŽe au moment de l'Žchange, 70 % en moyenne, qui finit dans des coffres du Nord, contre 30 % dans les Žconomies du Sud. È (Corinne Gendron, titulaire de la Chaire de responsabilitŽ sociale et de dŽveloppement durable de l'UniversitŽ du QuŽbec ˆ MontrŽal (UQAM), dans Le Devoir, 28/04/09). 

 

Le commerce Žquitable ne modifie quĠˆ la marge lĠŽchange inŽgal.  Les rapports internationaux de prix ne refltent en rien les rapports internationaux de valeur-travail, sans compter le remboursement sans fin de la dette des pays dŽpendants elle aussi reflŽtŽe dans ces prix.  Ces prix sont dŽformŽs par un fort inŽgal ratio capital/travail entre pays impŽrialistes et pays dŽpendants qui explique une exportation nette de temps de travail vers les pays impŽrialistes mme ˆ un Ç juste È prix de marchŽ car dans les pays dŽpendants il y a plus de temps de travail pour rŽmunŽrer la mme quantitŽ de capital, et vice-versa, dans le cadre dĠun marchŽ mondial nivelant tendanciellement les taux de profit.  Or avec la crise de la dette des pays dŽpendants, qui redevient plus aigu‘ avec la crise Žconomique, ces pays doivent vendre mme en bas du Ç juste È prix de marchŽ Žtant donnŽ lĠintensitŽ de la compŽtition entre les pays dŽpendants pour exporter matires premires et produits finis vers les pays impŽrialistes afin de rembourser leurs dettes contractŽes en devises fortes. 

 

Le soi-disant commerce Žquitable est en voie dĠtre rŽcupŽrŽ par les transnationales pour devenir Ç une simple niche pour les consommateurs È (Le Devoir, 28/04/09) en mal de bonne conscience ce qui a pour effet de les dŽmobiliser pour la lutte collective.  On peut mme douter de lĠŽquitŽ formelle de ce commerce car Ç si les producteurs Žquitables du Sud doivent se conformer ˆ un ensemble de critres de certification, il nĠen est rien pour les distributeurs du Nord. Toute entreprise peut sĠenorgueillir - et publiciser - le fait quĠelle offre des produits Žquitables, sans avoir ˆ mettre en Ïuvre les critres de transparence, de dŽmocratie et dĠŽducation du consommateur, qui sont pourtant ˆ la base mme du mouvement. È (Beno”te Labrosse, 30/04/09, Internet)  Dans les pays dŽpendants, le commerce Žquitable contribue au dŽveloppement des cash crops aux dŽpens de la souverainetŽ alimentaire et de la durabilitŽ Žcologique.

 

Faut-il alors sĠŽtonner que le Manifeste de la direction de QuŽbec solidaire dŽnonce Ç la mondialisation nŽolibŽrale, comme une forme ÒavancŽeÓ du capitalisme È sans doute pour proposer une forme de capitalisme sans Ç profiteurs cupides È, sans Ç libre marchŽ ˆ outrance È et sans Ç financiers sans scrupules È qui ne soit pas Ç un capitalisme dŽbridŽ, sans rgles ni entraves È.  LĠhorizon de la direction de QuŽbec solidaire semble tre un capitalisme avec rgles et contraintes avec des profiteurs raisonnables et des financiers scrupuleux qui oprent dans le cadre dĠun libre marchŽ Žthique dŽveloppant des PME et coops vertes et sociales !  Un cercle carrŽ avec a ?

 

 

La fermeture du dŽbat

 

DĠaffirmer le responsable du collectif de QuŽbec solidaire Gauche socialiste que Ç [l]Ġobjectif de cette publication [le Manifeste] est dĠouvrir un dŽbat sur les voies de sortie de la crise Žconomique et de la crise Žcologique. È  Si la direction de QuŽbec solidaire avait voulu ouvrir un dŽbat, elle aurait utilisŽ la procŽdure bien connue et bien rodŽe dĠŽcrire une proposition quĠelle aurait envoyŽe dans les instances de base pour fin dĠamendements et de contre-propositions afin dĠtre adoptŽe au congrs de juin ou ˆ celui de cet automne.  ƒtant donnŽ la question centrale de la crise globale du capitalisme dans la conjoncture, ce dŽbat selon des procŽdures simples et bien connues aurait soulevŽ enthousiasme et passion et haussŽ dĠautant le niveau de participation dans le parti.  Ë la place, la direction de QuŽbec solidaire a donnŽ la prioritŽ ˆ un tel dŽbat sur les statuts et ˆ une discussion sans possibilitŽ de vote sur la question nationale dans le cadre dĠune procŽdure complexe o une chatte nĠy retrouve pas ses petits.

 

Le fermeture du dŽbat sur la question cruciale dĠun plan anti-crise a un sens politique quĠil faut saisir.  Le responsable du collectif de QuŽbec solidaire Gauche socialiste prŽtend que Ç le Manifeste constitue une bonne amorce [pour] rŽflŽchir sur les excs du capitalisme et oser dŽpasser le capitalisme lui-mmeÉ È.  Cela est vrai que si lĠon refuse la fermeture du dŽbat par la direction de QuŽbec solidaire.  Cette direction se doute fort bien que si elle ouvrait enfin le dŽbat sur la question de la crise, elle verrait fortement critiquŽ sinon rejetŽ son plan anti-crise en faveur dĠun plan alternatif qui ressemblerait davantage au plan dĠurgence proposŽ, par exemple, par le Nouveau parti anticapitaliste de France.  Ce plan en acquerrait dĠautant un caractre anticapitaliste. 

 

Il est dĠailleurs Žtonnant que le responsable du collectif de QuŽbec solidaire Gauche socialiste prŽtende que le Manifeste laisse dans lĠombre la question du plan dĠurgence alors quĠil est clairement explicitŽ mme sĠil propose une restauration du capitalisme quŽbŽcois donc ˆ seulement Ç attŽnuer les effets de la crise et non ˆ nous sortir de cette crise È.  Si lĠauteur fait cette critique — on se rŽjouira quĠil ose enfin critiquer la direction de QuŽbec solidaire — cĠest que le programme dĠurgence, le plan anti-crise en annexe de ce texte, est bien lˆ en toutes lettres.

 

Alors ne fermons pas la discussion et essayons dĠutiliser le dŽbat sur le programme pour faire avancer celui sur le plan anti-crise malgrŽ que la direction nationale se soit donnŽe le droit de faire un cahier de propositions sans sŽlection prŽalable par une procŽdure de propositions votŽes ˆ la base dans les instances statutaires du parti.  On se fera donc encore une fois assommer par une brique ˆ discuter en un temps record, comme ce fut le cas lors de la discussion sur la dernire plate-forme, rendant trs difficile une appropriation et donc la possibilitŽ de contre-propositions alternatives ŽlaborŽes et structurŽes.  MalgrŽ tout, ma proposition sur Ç Une stratŽgie pour lĠindŽpendance en temps de crise È va dans ce sens. 

 

Il faut avouer que les propositions de modifications statutaires en vue du congrs de juin, qui renforce la centralisation au nom de la dŽcentralisation, nĠont rien de rassurantes pour une Žventuelle ouverture du dŽbat dŽmocratique.  La seule prŽoccupation prŽsente dans la rŽforme des statuts concerne le renforcement organisationnel de la direction, coordination nationale et exŽcutif.  Aucun autre sujet nĠest abordŽ. 

 

La direction, ˆ travers son comitŽ des statuts nommŽ par elle, propose le rapetissement de la coordination nationale qui se voit confirmer explicitement Ç un r™le de direction politique È et dont le quart des membre, trois sur douze, deviendra salariŽ.  Deux de ces postes sont stratŽgiques.  Les postes de prŽsidence et de porte-parole (non dŽputŽe) fusionnent et cette personne est chargŽe de rien de moins que Ç de lĠŽlaboration et de la mise en oeuvre de la stratŽgie politique du parti È.  Celle-ci, en plus, a le nouveau pouvoir de convoquer lĠexŽcutif, en pratique le bureau dĠorganisation, mme si elle nĠen fait pas partie, exŽcutif dont les pouvoirs sont renforcŽs aux dŽpens de la coordination nationale.  Le poste de coordination de la permanence est transformŽ en coordination gŽnŽrale et cette personne est chargŽe de lĠimportante t‰che de Ç supervise[r] la prŽparation et la rŽalisation des plans de travail È.  Il y a lˆ toute une concentration de pouvoir qui nĠa rien ˆ voir avec le renforcement de la direction collŽgiale ˆ laquelle on prŽtend par ailleurs.

 

LĠŽlectoralisme conna”t aussi une promotion avec lĠapparition dĠun nouveau poste de responsable aux Žlections, la disparition dĠun des deux postes de liaison avec les rŽgions, la disparition du responsable de la formation — ˆ remarquer que pour ce quĠil y avait de formation dans le partiÉ — et, last but not least, la fusion du responsable ˆ lĠorganisation avec celui ˆ la mobilisation dont la premire t‰che devient interne, soit Ç lĠorganisation des instances nationales È.  Le parti de la rue en prend un coup.  On peut peut-tre se rŽjouir du fait que rien nĠapparaisse du c™tŽ comitŽ de discipline aprs la frousse du Conseil national de septembre 2008 o la base a rŽsistŽ ˆ la tentative de la direction dĠimposer une structure de dŽlation o un seul membre pouvait porter plainte contre un autre auprs dĠun de ces nombreux nouveaux comitŽ, crŽŽs spŽcifiquement pour lĠoccasion, sur la seule base de Ç nuire ˆ la rŽputation du parti È.  Le pluralisme et la dissidence ont encore un espace.  NĠattendons pas que la brche se ferme.

 

Marc Bonhomme, 13 mai 2009
    
  

 

Annexe : Plan anti-crise du Manifeste du premier mai

 

á       DŽcourager lĠŽpargne dans des rŽgimes privŽs et financiarisŽs en rŽduisant le plafond des REER ˆ 10 000$;

á       Encourager lĠutilisation de lĠŽpargne publique et collective pour la retraite en permettant une augmentation volontaire dans la cotisation du RRQ pouvant aller jusquĠˆ 13 % du revenu;

á       ProtŽger et Ç verdir È notre bas de laine en modifiant le mandat de la Caisse de dŽp™t et de placement pour quĠelle investisse prioritairement au QuŽbec et dans des entreprises Žcologiques et socialement responsables.

á        CrŽer au moins 40 000 emplois viables en :

-        Investissant massivement dans le transport en commun et collectif;

-        Mettant sur pied un vaste chantier sur lĠefficacitŽ ŽnergŽtique;

-        Investissant massivement en Žconomie sociale, dont 160 M $ au cours des deux prochaines annŽes;

-        Construisant 50 000 nouveaux logements sociaux;

-        Nationalisant et dŽveloppant lĠŽnergie Žolienne;

-        CrŽant 38 000 nouvelles places en garderie;

-        Embauchant plus dĠenseignant-e-s pour rŽduire le nombre dĠŽlves par classe au primaire et au secondaire;

-        Offrant 4 manifestations culturelles par annŽe pour les Žlves du primaire au collŽgial;

á       Hausser le salaire minimum pour quĠil soit Žquivalent au seuil de faible revenu;

á       Soutenir financirement les PME et les organismes communautaires ˆ la suite ˆ cette augmentation;

á       Augmenter substantiellement les prestations ˆ la sŽcuritŽ du revenu;

á       Encourager les coopŽratives de travailleuses et de travailleurs qui reprennent les entreprises rentables qui dŽlocalisent leurs activitŽs;

á       Exiger des entreprises qui dŽlocalisent leurs activitŽs quĠelles remboursent les prts et aides fiscales quĠelles ont reus du gouvernement quŽbŽcois;

á       Ne procŽder ˆ aucune hausse de frais dans les services publics;

á       Augmenter la liste des biens culturels et de premire nŽcessitŽ exemptŽs de TVQ;

á       Recentrer les villes, villages et quartiers sur leurs propres capacitŽs ˆ se dŽvelopper Žconomiquement en finanant adŽquatement les Centre locaux de dŽveloppement par exemple.

á       Investir plus de 1 milliard $ dans des mesures crŽatrices dĠemplois Ç verts È (voir plus haut);

á       Appuyer une agriculture verte, locale, biologique et du terroir afin de rŽduire notre dŽpendance ˆ lĠimportation et ˆ la monoculture;

á       ƒtablir une politique dĠachat local, Žcologique et socialement responsable et encourager les initiatives quŽbŽcoises qui sont bŽnŽfiques ˆ lĠenvironnement et ˆ la sociŽtŽ;

á       Moduler la TVQ sur les biens autres que culturels et de premire nŽcessitŽ afin quĠelle augmente pour les biens de luxe ou polluants.