1er dŽcembre 2009

 

Ë la veille de la confŽrence de Copenhague

Le PLQ et le PQ ont pris positionÉ QuŽbec solidaire se tait

 

Ë la veille de la confŽrence de Copenhague, les LibŽraux, sur le tard, se sont engagŽs ˆ rŽduire pour 2020 les Žmissions de gaz ˆ effet de serre (GES) du QuŽbec de 20% par rapport ˆ 1990.  Pour y arriver, il mise sur une stratŽgie de Ç capitalisme vert È qui bien sžr prŽvoit un peu plus dĠefficacitŽ ŽnergŽtique, dĠŽnergie Žolienne et de transport public mais aussi et surtout beaucoup plus dĠhydroŽlectricitŽ (exportŽe), de marchandisation du carbone, sous forme de marchŽ ou de taxe, dont lĠachat de crŽdits carbone dans les pays Žmergents et dŽpendants (au moins le quart de la cible quŽbŽcoise de 20%).  Pour faire bonne mesure, le PQ, aprs avoir appuyŽ cette cible de 20% lors de la dernire pŽriode Žlectorale, a fait trs rŽcemment montŽ les enchres ˆ 25%. 

 

LĠobjectif du gouvernement quŽbŽcois ne para”t sensationnel que comparer ˆ ceux du Canada et des ƒU qui, en plus, ont compltement ratŽ leurs objectifs assignŽs par le protocole de Kyoto pour la pŽriode 2008-2012 mme si le QuŽbec ne prŽvoit lĠatteindre que de peine et de misre en 2012 seulement.  En 2007, le Canada en Žtait ˆ 34% au-dessus de sa cible moyenne 2008-2012, le QuŽbec ˆ 11.5% au-dessus.  Pour lĠobjectif post-Kyoto de 2020, si lĠon se fie aux donnŽes du gouvernement du QuŽbec dans son rŽcent document de consultation Ç Le QuŽbec et les changements climatiques È, le Canada sĠest fixŽ un misŽrable objectif de 3% par rapport ˆ 1990, tant il soutient fortement le dŽveloppement des sables bitumineux, et les ƒU dĠObama de 7%. 

 

Le gouvernement du QuŽbec adore se vanter de sa bonne performance sur la question des GES par rapport au Canada et aux ƒU mais celle-ci est du tiers infŽrieure ˆ celle de la Sude et lŽgrement infŽrieure ˆ la moyenne de lĠUnion europŽenne.  Le gouvernement du QuŽbec devrait reconna”tre que cette bonne performance nĠest pas due au miracle du marchŽ mais ˆ une politique dŽlibŽrŽe issue de la RŽvolution tranquille dĠachever la nationalisation des centrales hydroŽlectriques commencŽe en 1944 et dĠen faire un instrument de dŽveloppement Žconomique et de climatisation des b‰timents.  Rappelons que cette politique avait toutefois gravement sous-estimŽ les dŽg‰ts Žcologiques propres aux barrages et surtout fait fis des droits autochtones. 

 

SĠil y a donc une leon ˆ tirer de la relative bonne performance du QuŽbec cĠest quĠil doit se dŽcoupler de la politique ŽnergŽtique (pŽtrolire) canadienne ; se donner les moyens dĠune politique ŽnergŽtique avant tout publique, lesquels moyens sont en majeure partie contr™lŽs par Ottawa dont le pouvoir financier nĠest pas le moindre sans compter une grande partie de lĠassiette fiscale ; sĠentendre avec les nations autochtones sur la base de la reconnaissance de leur droit ˆ lĠindŽpendance, laquelle politique autochtone est essentiellement contr™lŽe par Ottawa. 

 

Faut-il faire un dessin ?  LĠindŽpendance de la politique ŽnergŽtique du QuŽbec passe par son indŽpendance politique.  Faut-il ajouter que le QuŽbec nĠa ni Žnergie fossile ni industrie automobile ou ˆ peine mais une importante industrie des moyens de transport public et, bien sžr, une industrie du b‰timent et de lĠingŽnierie qui mŽriteraient, cependant, une bonne dose dĠintervention publique pour les nettoyer si ce nĠest les nationaliser en partie ?  Donc lĠindŽpendance politique se conjugue non seulement avec lĠindŽpendance ŽnergŽtique mais aussi avec lĠindŽpendance Žconomique.      

 

La cible du QuŽbec est infŽrieure ˆ lĠobjectif minimum de 25% du GIEC, mandatŽ par les Nations unies, alors que la rŽalitŽ du rŽchauffement depuis le dernier rapport du GIEC du dŽbut 2007 confirme son pire scŽnario sans compter lĠinattendue fonte accŽlŽrŽe des glaces et glaciers des p™les et du pergŽlisol arctique, ce qui nŽcessiterait une cible de 40%, pour les pays dŽveloppŽs et historiquement responsables de la situation, soit lĠobjectif supŽrieur du GIEC pour 2020.  Le recours au marchŽ pour combattre les GES a dŽmontrŽ son inefficacitŽ (dans lĠUnion europŽenne pour le marchŽ du carbone, en Sude pour la taxe carbone, en Chine et ailleurs pour les crŽdits carbone) et son injustice (faire payer le prolŽtariat pour le bŽnŽfice des grands pollueurs).

 

On attend toujours la prise de position de QuŽbec solidaire sur les objectifs du GIEC, son positionnement sur les mŽthodes du capitalisme vert et son orientation sur les moyens.  QuŽbec solidaire sĠest payŽ le luxe dĠun congrs ˆ moins de trois semaines de la confŽrence de Copenhague sans mme glisser un mot sur cette confŽrence.  En tout cas, la direction de QuŽbec solidaire ne semble pas penser que le QuŽbec ait besoin de puiser dans son gisement dĠhydroŽlectricitŽ rŽsidentiel et commercial pour Žlectrifier les futurs mŽtros, trains et tramways en nombre suffisant pour remplacer ˆ terme camionnage ˆ moyenne et longue distance et lĠessentiel du transport automobile.  Elle propose plut™t de lĠexporter.

 

Pour avoir une idŽe de ce que pourrait tre la position anticapitaliste de QuŽbec solidaire dans la perspective dĠun QuŽbec indŽpendantÉ (je souligne)

 

Marc Bonhomme, 1er dŽcembre 2009  

 

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Extraits du rŽsumŽ du plan dĠurgence post-Kyoto du Nouveau Parti Anticapitaliste de France

[É]

La premire chose ˆ dire, cĠest quĠon sait dŽjˆ quĠil nĠy aura pas de bon accord ˆ Copenhague. [É] A contrario donc de ce qui se profile, nous dŽfendons donc lĠobjectif dĠun traitŽ international juste, solidaire et efficace, [É]

- Juste, cĠest ˆ dire qui fasse payer le cožt des transformations ˆ opŽrer par les riches, non par les pauvres, en finanant les mesures ˆ partir des profits non des salaires.

- Solidaire, cĠest-ˆ-dire fondŽ sur le principe de responsabilitŽ diffŽrenciŽe entre le Nord et le Sud, donc qui fasse payer le Nord pour le Sud dans la perspective du remboursement de la dette Žcologique contractŽe depuis des dŽcennies, et qui organise les transferts de technologies et suspende les brevets. Cela implique immŽdiatement lĠannulation de la dette financire.

- Efficace, cĠest-ˆ-dire faisant sien les objectifs du GIEC et se calant sur le haut des fourchettes des prŽvisions, mais aussi sans marchŽ de droits ˆ polluer et sans taxe carbone, instruments inefficaces Žcologiquement et socialement injustes. Nous exigeons donc que les objectifs de lĠUE, et par consŽquent de la France, soient de 40 % de diminution des Žmissions de gaz ˆ effet de serre.

[É]

- Il faut rŽsolument sortir du tout routier que ce soit pour le transport de marchandises ou pour le transport de personnes. Cela suppose un service public de transports en commun de personnes, qui les rende gratuits, en prioritŽ pour les transports de proximitŽ. [É] SĠagissant des marchandises, il faut en finir avec le tout camion. Le transport de marchandises par camion doit tre rŽservŽ aux courtes distances, et donc interdit sur les longues distances, de mme [É] pour les lignes aŽriennes court courrier. Un service public de transport unifiŽ doit permettre dĠorganiser le transport des marchandises au-delˆ des trajets locaux. Un plan de reconversion des conducteurs routiers et autres salariŽs de ces entreprises doit tre mis en place.

[É] en effet, toutes les marchandises actuellement transportŽes ne pourront tre mises sur des trains. Une grande partie de la production doit tre relocalisŽe dans des circuits courts.

- LĠagriculture doit avant tout remplir sa mission alimentaire, Žcologique, territoriale et sociale. Pour ce faire elle ne doit ni avoir comme objectif dĠtre concurrentielle dans un marchŽ international, ni dĠaugmenter les rendements ˆ lĠaide dĠune consommation trop importante dĠintrants, ni de compromettre les Žquilibres futurs en inventant des OGM ou des agrocarburants. [É] Il faut favoriser lĠinstallation massive dĠagriculteurs pour permettre lĠapprovisionnement de proximitŽ [É] sortir lĠagriculture du cycle de nŽgociations de lĠOMC, [É] des quotas de production et des aides soumises au respect de conditions sociales et environnementales de production.

[É]

- Un grand service public du logement et de lĠisolation doit tre mis en place afin de planifier la rŽnovation Žcologique du parc existant, et dĠimposer le respect des nouvelles normes de construction (gŽnŽralisation des b‰timents ˆ Žnergie positive). Une rŽorganisation du secteur de la construction doit sĠaccompagner dĠune transformation complte des conditions de travail des salariŽs de la construction, notamment lĠinterdiction de la sous-traitance en cascade, et des formations sur lĠutilisation de matŽriaux naturels ou de techniques dĠisolation bio- climatiques.

- Un coup dĠarrt doit tre portŽ ˆ la dispersion de lĠhabitat.

- LĠalternative ŽnergŽtique doit combiner une rŽduction de grande ampleur de la consommation ŽnergŽtique avec le dŽveloppement massif des Žnergies renouvelables. [É] un service public unifiŽ de lĠŽnergie dŽcentralisŽ et dŽmocratique, cĠest-ˆ-dire contr™lŽ par les salariŽs et la population. Un plan de reconversion des industries polluantes doit tre mis en place. Les contrats de travail doivent tre maintenus, avec les rŽmunŽrations et lĠensemble des droits sociaux. Dans le mme temps, il faut crŽer les milliers dĠemplois nŽcessaires dans les domaines des Žnergies renouvelables et des Žconomies dĠŽnergie. Enfin, prŽcisons que pour nous le nuclŽaire nĠest pas la solution, mais bien une partie du problme. [É]

[É]

Pour le moment, lĠŽtat des nŽgociations sur les fonds de rŽduction et dĠadaptation, tant leur financement que leur gestion, relve plus de lĠimpŽrialisme ou du nŽo-colonialisme que de la solidaritŽ internationale. [É] Changer de logique, cĠest reconna”tre la responsabilitŽ historique des puissances capitalistes dans cette situation. Cela passe donc par lĠannulation de la dette financire des pays du Sud, la reconnaissance de la dette Žcologique envers les pays du Sud, qui induit un transfert massif dĠargent sans contrepartie vers le Sud, autrement dit, un fonds dĠadaptation international, financŽ par les pays dŽveloppŽs, et gŽrŽ par les peuples concernŽs, [É] cela doit sĠaccompagner dĠun transfert gratuit de technologies propres dans les secteurs publics des pays les plus pauvres, [É]

[É]

Le protocole de Kyoto a ouvert une brche qui conduit ˆ marchandiser ce qui devrait tre considŽrŽ comme un bien commun de lĠhumanitŽ [É] pour faire de la finance carbone lĠaxe majeur des politiques climatiques, malgrŽ son inefficacitŽ et ses consŽquences sociales. [É]

Quant aux politiques concrtement menŽes, marchŽ des droits ˆ polluer et taxe carbone ne sont pas des solutions. LĠune est lĠautre sont socialement injustes et inefficaces Žcologiquement. [É] il permet ˆ certaines multinationales de rŽaliser des superprofits tout en continuant ˆ polluer. De plus la connexion avec les mŽcanismes de flexibilitŽ de Kyoto permet une dŽfausse de la rŽduction des Žmission de GES vers les pays du Sud en reculant les mesures drastiques ˆ prendre au Nord [É]. Quant ˆ la taxe carbone, [É] LĠexemple suŽdois o le prix de la tonne est beaucoup plus ŽlevŽ (il est Žgal aujourdĠhui ˆ ce qui est prŽvu en France en 2030) montre par ailleurs ˆ quel point ce type de dispositif est peu efficace puisque les Žmissions nĠont pas significativement reculŽ.

Par contre, il est nŽcessaire de mettre en Ïuvre une fiscalitŽ socialement juste, axŽe sur la taxation des profits des multinationales ou les transactions financires pour permettre de financer des mesures sociales et Žcologiques. [É] DĠune part la taxation Žcologique des entreprises ne doit pas conduire ˆ un allgement de leurs cotisations sociales. DĠautre part, une telle taxation ne doit pas se transformer en principe payeur = pollueur ; en effet, une nouvelle fiscalitŽ ne peut constituer une autorisation aux entreprises ˆ ne pas changer profondŽment les modes de production.

Mais on ne peut rŽduire lĠalternative ˆ la question des taxes et de la fiscalitŽ. LĠalternative rŽelle passe en effet nŽcessairement par poser la question de la propriŽtŽ des grands moyens de production et dĠŽchange [É] La gauche et le mouvement Žcologiste doivent cesser dĠŽluder cette question sans laquelle aucune avancŽe significative durable nĠest possible. [É] Cette appropriation permet la mise en place dĠune planification dŽmocratique, outil indispensable ˆ la rŽalisation du bouleversement nŽcessaire.

[É] les comportements qui doivent changer sont dĠabord ceux des entreprises et de ceux qui dŽcident des grandes politiques publiques. LĠŽvolution des comportements collectifs et individuels doit tre permise par des changements structurels, et non pas dĠabord orientŽe par une fiscalitŽ inŽgalitaire.

{On trouvera le texte complet du rŽsumŽ

ˆ http://www.europe-solidaire.org/spip.php?page=article&id_article=15614 }