La crise actuelle est bien pire que celles japonaise et sudoise des annes 1990
LĠdition de ÒThe EconomistÓ du 14 fvrier 2009 contient un article (Worse than Japan?) expliquant que lĠactuelle crise conomico-financire ne peut se comparer ni celle du Japon des annes 90 ni celles des pays nordiques au dbut des annes 90. LĠarticle argumente les points suivants :
á La hausse des prix de lĠimmobilier, surtout rsidentiel, avant la crise a t plus important aux U et en Grande-Bretagne quĠau Japon (une augmentation du prix des maisons respectivement de 80% et 120% versus 40%).
á LĠexplosion du crdit aux U est sans parallle : la dette prive a grimp de 22 billions $ en 2000 (222% du PIB) 41 billions $ en 2007 (294% du PIB). [JĠajouterais quĠen 1980, elle tait de 140% du PIB.]
á Les prts non-performants ont atteint en Sude, leur sommet, 13% du PIB et 35% au Japon. Selon une valuation de Goldman Sachs ils taient rendus rcemment aux U 5.7 billions $ soit 40% du PIBÉ et ce nĠest pas fini.
á La crise sudoise avait t envenime par une brusque dprciation de sa monnaie : les banques sudoises avaient beaucoup emprunt en monnaie trangre. En contrepartie, cette dprciation favorisa une importante hausse des exportations dans une conomie mondiale en reprise. On peut faire le mme argument propos de la sortie de crise est-asiatique la fin des annes 90.
á Le yen japonais, par contre, ne sĠest pas dprci durant la crise japonaise tant donn le surplus structurel du compte courant [et le spculatif Ç carry trade È fait dĠemprunts en yen bas taux dĠintrt ensuite revendus sur le march des changes contre des monnaies permettant des placements court terme plus haut taux dĠintrt].
o De mme, le dollar tasunien ne se dprcie pas ou peu par rapport aux autres monnaies fortes (et sĠapprcie gnralement par rapport aux autres monnaies) malgr un fort dficit structurel de son compte courant qui ne se dment pas ou peu. [Cette contradiction sĠexplique par le rle de monnaie mondiale du dollar qui dans un contexte de crise mondiale devient un lieu de refuge de capitaux en droute, avec le yen et lĠeuroÉ et lĠor.]
o Comme ce dficit est financ en grande partie par lĠendettement tranger, il limite lĠendettement de lĠconomie tasunienne, donc en ce moment du gouvernement des U, pour viter un effondrement du dollar.
á LĠconomie japonaise, malgr le maintien de la valeur du yen, a bnfici finalement de lĠessor de lĠconomie mondiale, particulirement de celui de la Chine, pour attnuer par la hausse des exportations les effets de sa crise et quelque peu sĠen sortirÉ avant dĠy retomber. Comme aujourdĠhui la crise est mondiale, cette voie est ferme.
á Les Ç mauvaises banques È sudoises tant louanges avaient affaire des mauvaises crances traditionnelles soutenues par de claires garanties, et non des Ç produits toxiques È dcoupls de leurs ambigus collatraux. Mme leurs succs furent inhabituels selon une valuation du FMI qui a analys 124 crises bancaires dans le monde depuis 1970.
á La crise financire actuelle est double, contrairement celles du pass. Ë la crise du systme bancaire proprement dit, sĠajoute celle du Ç systme bancaire parallle È faite de banques dĠinvestissement et de fonds de placements privs, lequel sĠest peu prs compltement croul.
á LĠactuelle crise de lĠendettement est avant tout celle des mnages contrairement celle du Japon o elle concernait les entreprises.
o Si cette caractristique explique la lenteur du gouvernement japonais imposer une restructuration bancaire, pour ne pas forcer les banques acculer la banqueroute les entreprises autrement insolvables, la croissance subsquente de lĠendettement des mnages et du gouvernement, plus la croissance des exportations nettes, ont pu compenser le Ç credit crunch È et la baisse des investissements.
o Par contre, il est difficile de voir pourquoi les entreprises tasuniennes et britanniques se mettraient sĠendetter pour un march intrieur atrophi par lĠendettement des mnages ou un march extrieur en crise. Quant au gouvernement tasunien, contrairement au gouvernement japonais, il connaissait au dpart un important dficit structurel combl par un endettement en grande partie tranger, alors que lĠendettement du gouvernement japonais a t financ par des sources domestiques.
Bien sr, The Economist ne conclue pas : le point de comparaison devient la crise-dpression des annes 30. Les Ç pundits È tentent de se faire rassurant en faisant remarquer que la dgringolade nĠest pas la mme. Reste que a dgringole pas mal beaucoup, Canada compris, depuis quelques mois. En termes annuels et rels, selon lĠdition du 19 fvrier de The Economist, le PIB du dernier trimestre de 2008 a chut de 3.8% aux U, de 12.7% au Japon, de 5.9% en Grande-Bretagne, de 5.7% dans la zone euro, de 20.8% en Core du Sud. (La statistique canadienne nĠest pas encore connue mais les chutes mensuelles non annualises ont t respectivement, dĠaot novembre de 0.5%, 0.0%, 0.1% et 0.7%.)
Ce rythme est celui de la crise 1929-1932 aux U et au Canada mme si lĠinterventionnisme massif des tats pour sauver les banques, et les stabilisateurs automatiques non existants en 1929 que le nolibralisme est loin dĠavoir dmantibuls, avaient jusquĠici freiner la descente aux enfers. Il faut bien se mettre dans la tte que lĠorgie financire du nolibralisme va se payer trs cher si on laisse sa solution au capitalisme, nolibral, no-keynsien, Ç vert È ou quoique ce soit. Il faudra y mettre du zeste proltarien pour ruiner les banques et sauver le peuple.