22 mars 2009

 

Le budget des LibŽraux

Une arrogance Žgale ˆ lÕimpuissance des oppositions

 

Tout comme les LibŽraux ont remportŽ les Žlections sur la base de contrevŽritŽs, ils imposent, sans riposte de la rue, un budget mensonger pour lequel les directions syndicales le louangent et contre lequel aucun parti nÕoppose une alternative.  Ce budget nŽo-keynŽsien de droite veut sauver le capitalisme nŽolibŽral pour y revenir en courant aprs une crise que lÕon anticipe brve et sans profondeur.  AchetŽes ˆ coups de cožteuses dŽductions fiscales pour leur prŽtendus Fonds de solidaritŽ et Fondaction, les directions de la FTQ et de la CSN sÕavilissent en Žloges pendant que le PQ joue ˆ la chaise musicale (et que lÕADQ pr™ne un pur laisser-aller).  Quant ˆ la direction de QuŽbec solidaire, elle larmoie tout en Žvitant tout affrontement avec le fŽdŽraliste capital financier, ce qui la condamne ˆ de vagues vĻux pieux saupoudrŽs de quelques attŽnuantes mesures concrtes.    

 

 

Quel plan de relance ?

 

Lors des Žlections de lÕautomne 2008, les LibŽraux ont effrontŽment menti ˆ propos de la rŽduction drastique de la pŽrŽquation fŽdŽrale, des pertes gargantuesques de la Caisse de dŽp™t et de placement et du dŽficit anticipŽ.  Voilˆ quÕils rŽcidivent par des mystifications ˆ coups de pronostics de (dŽ)croissance idylliques pour 2009 et 2010 et de promesses intenables de maintien du niveau actuel des services publics dŽjˆ largement inadŽquat suite aux Žpouvantables coupures du duo PQ/LibŽraux fŽdŽraux de 1995-1999 jamais corrigŽes depuis lors.  Pour ne pas dŽtŽriorer davantage puis rŽtablir ˆ terme lՎquilibre budgŽtaire sans rŽforme fiscale, on coupera encore plus ds cette annŽe partout sauf dans la santŽ et lՎducation qui Žcoperont plus tard. 

 

Les LibŽraux y ajoutent une nouvelle dose de soutien aux entreprises de plus dÕun milliard $ majoritairement hors budget mettant ˆ contribution la Caisse de dŽp™t, la SGF, Investissement QuŽbec et, last but not least, le Fond de solidaritŽ de la FTQ financŽ en grande partie par les rabais dÕimp™t.  (Quant ˆ Fondaction de la CSN, on lui accorde un rabais supplŽmentaire pour lui permettre dÕatteindre une masse critique lui permettant une prŽtendue efficacitŽ Žconomique.  Plus racoleur, tu meurs !)  Le PQ aurait plut™t souhaitŽ Ē rŽduire les imp™ts des entreprises pour amŽliorer leur productivitŽ Č (Franois Legault en entrevue ˆ Radio-Canada).  Quand ˆ la direction de QuŽbec solidaire, elle pr™ne le renflouement du capital financier en proposant de verser davantage de cotisations de travailleurs dans le panier percŽ de la Caisse de dŽp™t et en empruntant plus aux institutions financires, ces pompiers-pyromanes de la crise, que ne le proposent les LibŽraux ou le PQ.   

 

Le PQ est bien embtŽ de critiquer les rŽgressives hausses, ˆ terme, de la taxe de vente et des tarifs, ce quÕil pr™ne lui-mme, en lieu de la hausse drastique de lÕimposition des profits, des hauts revenus et de la richesse que personne ne propose, pas mme la direction de QuŽbec solidaire ni pour financer ses 20 mesures anti-crise ni dans sa rŽponse au budget.  Rappelons que les dŽgrvements en faveur des plus pauvres sont non seulement partiels et humiliants mais surtout sapent politiquement la solidaritŽ propre aux programmes universels gratuits pour tous et toutes.  Rappelons aussi que la crise est loin dÕavoir fait dispara”tre profits, revenus ŽlevŽs et richesse rŽelle accumulŽe mme si elle a fait dispara”tre pas mal de richesse virtuelle.  Rappelons, finalement, quÕen temps de crise profits et revenus ŽlevŽs ne sont pas investis mais sont soit ŽpargnŽs soit consommŽs en produits de luxe et Žnergivores.

 

Ė un plan de relance crŽateur dÕemplois verts, socialement utiles et Žquitables pour les femmes, les LibŽraux substituent dÕanti-Žcologiques investissements hydroŽlectriques et autoroutiers dÕailleurs prŽvus bien avant la crise.  Le PQ a beau se plaindre de lÕabsence dÕun plan de relance, il ne propose rien dÕautre que davantage dÕargent pour lՎducation et pour un chque aux plus pauvres tout en prŽtendant rŽtablir lՎquilibre budgŽtaire ˆ la manire des LibŽrauxÉce qui signifie implicitement plus de coupures ailleurs. 

 

Quant au plan de relance de la direction de QuŽbec solidaire pour 2009-10, il sÕest transformŽ en pŽtard mouillŽ de dŽpenses supplŽmentaires de 2.6 milliards $, moitiŽ dŽpenses courantes moitiŽ investissements, crŽant 40 000 emplois.  Pourtant, depuis juin 2007, juste avant le dŽbut de la crise, jusquՈ janvier 2009 inclus, le nombre de sans emploi au QuŽbec sÕest accrž de 120 000 si lÕon prend en compte la croissance des temps partiels involontaires et celle des travailleuses dite dŽcouragŽes, statistique alternative publiŽe chaque mois par Statistique Canada mais peu publicisŽe (taux R8, tableau CANSIM 282-0085).  Et la dŽgringolade continuera de plus belle en 2009 sans compter la nŽcessitŽ dÕune croissance de lÕemploi pour absorber les nouveaux arrivants sur le marchŽ du travail.

 

 

Affronter le capital financier

 

MalgrŽ tout, le plan de la direction de QuŽbec solidaire, avec sa construction de 10 000 logis sociaux sur un an, ses investissements en efficacitŽ ŽnergŽtique dans les b‰timents et les transports publics, son embauche supplŽmentaire de professeurs et personnel de soutien en Žducation et sa bonification du salaire minimum et de lÕaide sociale, demeure de loin le plus ˆ gauche.  Il y a cependant un hic et il est de taille : le capital financier nÕest pas dÕaccord et il faudra lÕaffronter, lui et les partis politiques ˆ sa solde, pour leur forcer la main.  LÕaffronter au niveau des revendications et surtout lÕaffronter dans la rue.  On sait en partant quÕon ne pourra pas compter sur les directions de la FTQ et de la CSN qui se sont laissŽes acheter par des mesures mettant ˆ contribution ou favorisant le petit capital financier sous leur contr™le. 

 

Il suffit dÕailleurs de lire leurs rŽactions au budget pour sÕen convaincre au point que Le Devoir a pu titrer, en tordant ˆ peine le b‰ton, Ē Une rare unanimitŽ patronale et syndicale Č.  Aprs tout, la prŽsidente de la CSN salut Ē le budget le plus interventionniste des dernires annŽes Č et le prŽsident de la FTQ vante le modle quŽbŽcois et Ē lÕeffort louable Č en santŽ et en Žducation.  Rien de surprenant que la mobilisation du 1er mai sÕannonce comme uniquement dirigŽ contre le gouvernement fŽdŽral, particulirement pour une rŽforme de lÕassurance-emploi.  CÕest certainement une cible de choix mais a ne fait pas un plan de relance pour sauver le peuple et non les banques et a laisse le capital financier et les responsables proprement quŽbŽcois blancs comme neige.

 

Pourtant, comme lÕont dit dans la rue des millions de travailleurs et travailleuses franaises ce 19 mars, Ē La crise cÕest eux, la solution cÕest nous. Č  Il faut donc faire payer la crise au capital et rien quՈ lui.  Pour y arriver, le Nouveau parti anticapitaliste de France propose un programme dÕurgence ˆ la hauteur tout ˆ fait applicable ˆ un QuŽbec indŽpendant.  Par exemple, au niveau strictement Žconomique :

Interdiction des licenciements, sous peine de rŽquisition publique, et partage du travail entre tou-te-s sans diminution de salaires ; poursuite de la production sous contr™le des salariŽ-e-s. Pour les entreprises qui se rŽvlent rŽellement en difficultŽ, le financement sera assurŽ par un service public bancaire, et assis sur une cotisation spŽciale acquittŽe par lÕensemble des actionnaires. Maintien du salaire en cas de ch™mage technique financŽ par le mme fonds.

„ Augmentation des salaires, retraites et des minima sociaux : 300 euros [500 $CDN] de plus par mois, pas de salaire ni de revenu infŽrieurs ˆ 1500 euros [2500 $CDN] nets, indexation des salaires sur les prix. Transformation systŽmatique des emplois prŽcaires en emplois stables (dans le privŽ) ou ˆ statut (dans la fonction publique).

[É]

„ les retraites par rŽpartition doivent permettre ˆ chacun-e de bŽnŽficier aprs une durŽe maximum de cotisation de 37,5 annuitŽs, ˆ 60 ans maximum (55 ans pour les travaux pŽnibles), dÕune retraite complte correspondant ˆ 75 % du meilleur salaire, et dans tous les cas Žgale au SMIC [salaire minimum]. [É]

„ RŽduction massive et progressive du temps de travail hebdomadaire ˆ 35 heures, et vers les 32 heures.

„ Mise en place dÕune allocation pour les jeunes pour Žtudier et tre autonomes.

„ Suppression de la TVA sur les produits de premire nŽcessitŽ. Mise en place dÕun imp™t fortement progressif sur les revenus.

„ Arrt des expulsions des logements ; arrt des coupures dÕeau, de gaz et dՎlectricitŽ ; rŽquisition des logements vides ; construction massive de logements sociaux ˆ hauteur des besoins ; gel des loyers ; dŽsenclavement des quartiers par le dŽveloppement des transports publics.

„ Sauvegarde et dŽveloppement des services publics et arrt immŽdiat de la privatisation de la poste et de la santŽ. DŽfense du service public dՎducation. Nationalisation de lÕindustrie pharmaceutique. Fonds publics ˆ lՎcole publique.

„ CrŽdit gratuit, annulation de leurs dettes pour les travailleurs qui exploitent seuls leurs propres moyens de production, les petits commerants, artisans, paysans qui sont dans le besoin.

„ Annulation des dettes des salariŽs et ch™meurs, en premier lieu victimes du surendettement. [É]

„ RŽquisition des profits et dividendes des actionnaires.

„ Annulation de la dette de lՃtat.

„ Nationalisation (dans le sens de socialisation) sans rachat ni indemnitŽ de tous les organismes bancaires, expropriation de leurs actionnaires, unification en un seul service public bancaire (si possible europŽen) sous le contr™le des travailleurs et de la population qui doivent pouvoir ainsi orienter les investissements en direction de la satisfaction de leurs besoins.

 

 

ATTAC-QuŽbec ouvre le dŽbat de lÕanticapitalisme quŽbŽcois

 

On voit bien que le cĻur Žconomique de tout programme de relance cÕest le plein emploi ˆ plein temps toute lÕannŽe avec un salaire dŽcent, des services publics de qualitŽ et la socialisation du systme financier qui doit devenir un service public dŽmocratisŽ.  La seule organisation quŽbŽcoise crŽdible qui a commencŽ ˆ prendre cette direction semble tre ATTAC-QuŽbec qui a fait un tournant ˆ 180 degrŽs par rapport ˆ sa position ultra-modŽrŽe de lÕautomne dernier.  Manifestement, lÕaggravation de la crise mondiale cet hiver, la fin du mythe de lÕexception canadienne et quŽbŽcoise, la comparaison avec la position dÕATTAC-France y ont provoquŽ un dŽbat de fond. 

 

En lanant ce dŽbat, on peut dire que quÕATTAC-QuŽbec joue le r™le que devrait jouer les collectifs marxistes et trotskistes de QuŽbec solidaire qui se refusent ˆ toute critique de sa direction sociale-libŽrale.  ATTAC-QuŽbec propose les mesures Žconomico-financires suivantes :

„ ƒtablir un contr™le public des banques et du secteur financier
[É] Il faut Žtablir un contr™le public des banques au moyen de strictes limites de leurs activitŽs, de lÕinterdiction de spŽculer et dÕavoir des filiales dans les paradis fiscaux ou ailleurs ˆ lՎtranger, et dÕun plafond de la rŽmunŽration de leurs dirigeants. Mieux encore serait la nationalisation des banques commerciales. [Je souligne ici et plus bas, NDLR] Il y aurait lieu dՎliminer les fonds spŽculatifs, qui ne produisent aucune richesse sauf pour leurs managers, et aussi dՎliminer les produits dŽrivŽs financiers É.

„ ƒliminer les retraites par capitalisation boursire
Il faut nationaliser les caisses de retraite et Žtablir un systme universel et Žgalitaire de retraite par rŽpartition. Il faut Žliminer les retraites par capitalisation boursire, qui forcent les citoyenNEs ˆ sÕintŽgrer dans lՎconomie casino et entra”nent des pertes considŽrables ˆ lÕoccasion des krachs. [É]

„ ƒtablir une fiscalitŽ Žquitable
Pour contrer les Žcarts toujours grandissants entre les riches et les pauvres, il faut mettre en place une fiscalitŽ vraiment progressive, en rajoutant plusieurs paliers dÕimposition, touchant les revenus les plus ŽlevŽs et en haussant ces derniers ˆ des niveaux tenant compte de la gravitŽ de la rŽcession. [É]

„ Investir massivement dans les services publics et dans les infrastructures
Il est important de mieux financer tous les niveaux dՎducation, de rŽduire le nombre dՎlves par classe et de combler les dŽficits des universitŽs. Le systme public de santŽ doit tre fortement renforcŽ, de faon ˆ exclure au maximum le secteur privŽ, offrir de meilleurs soins, et renforcer la mŽdecine prŽventive. Il faut relancer les programmes supprimŽs dans le secteur de la recherche publique, de la culture et augmenter considŽrablement le budget du Conseil des arts du Canada. Il faut enfin investir dans les transports en commun, lÕeau, la rŽnovation de b‰timents, et la rŽparation et lÕentretien des infrastructures.

„ Lutter contre la pauvretŽ
Il faut assouplir les critres dÕaccs et hausser les prestations dÕassurance-emploi et dÕaide sociale. Il faut prŽserver les emplois lors dÕune diminution de personnel par le biais dÕune diminution du temps de travail, lˆ o des emplois Žquivalents perdurent, plut™t que de contraindre ces travailleurs au ch™mage. Des budgets rŽcurrents doivent tre dŽgagŽs pour les organismes communautaires. Il est important dÕinvestir de faon significative dans le logement social et lÕaide aux sans-abri.

„ ProtŽger lÕenvironnement et lutter contre les changements climatiques
La crise financire ne doit pas servir dÕexcuse ˆ lÕirresponsabilitŽ en matire environnementale et climatique. Il faut saisir lÕoccasion pour remettre en question les projets mis de lÕavant dans un contexte de crises Žcologiques et mettre de lÕavant une dŽmocratisation de la gestion des ressources naturelles. Il faut aussi mettre en Ļuvre des politiques ŽnergŽtiques limitant au maximum la dŽpendance aux Žnergies fossiles et ainsi bannir lÕimplantation de ports mŽthaniers, comme celui de Rabaska. Plusieurs investissements, notamment dans les projets dՎnergie renouvelables, permettraient de crŽer de lÕemploi et de fournir de lՎnergie ˆ un cožt Žquitable. Il est enfin impŽratif de financer la mise ˆ jour des normes environnementales et dÕen assurer la mise en application.

 

 

Un plan de relance Žcologique          

 

Il va sans dire que la mobilisation de lÕentiretŽ de la force de travail sous la houlette dÕun service public dŽmocratisŽ dŽtenant la totalitŽ du contr™le du flux des Žpargnes et des investissements de la nation se fera dans le sens dÕun dŽveloppement Žcologique qui pourrait avoir lÕallure suivante :

Implanter sur cinq ans, pour tre achevŽ en 2020, un programme obligatoire dÕinfrastructures Žcologiques de 100 G$ complŽtŽ par des interdictions des principales sources de gaz ˆ effet de serre sans bouleverser lՎcosystme de nos rivires :

1.     Interdire au moins dans les grandes villes et leurs banlieues lÕusage de lÕautomobile individuelle dÕici 2020, soit dans 12 ans, en passant par des Žtapes intermŽdiaires de restriction de la circulation automobile dans les centre-villes en commenant par les vŽhicules les plus Žnergivores et ˆ densitŽ de passagers les moins grandes.

2.     Construire un rŽseau de transport en commun urbain, ŽlectrifiŽ et dÕusage gratuit, qui assure dÕici 2020 au moins dans les grandes villes et leurs banlieues la totalitŽ de la navette au travail et lÕaccs en tout temps aux centres dÕapprovisionnement et de loisirs.  Assurer dans la pŽriode transitoire un rŽseau de parcs de stationnement incitatifs pour les banlieusards et de voies prioritaires pour le transport en commun.

3.     DŽvelopper dÕici 2020 un systme de transport interurbain collectif, ŽlectrifiŽ au maximum et bon marchŽ, complŽtŽ par un parc public ou communautaire de location dÕautomobiles hybrides puis Žlectriques qui serait aussi disponible dans les grandes villes et leurs banlieues dans la pŽriode de transition.  

4.     Interdire dÕici 2020 le transport des marchandises par camions ˆ moins quÕils ne soient ˆ Žnergie hybride sinon totalement Žlectrique et intŽgrŽ ˆ un rŽseau national et public de transport intermodal basŽ sur le cabotage maritime et le rail.

5.     Interdire tout nouveau dŽveloppement autoroutier dont le prolongement des autoroutes 25 et 50 et la conversion de la rue Notre-Dame en autoroute.

6.     Interdire ds maintenant dans les grandes villes et leurs banlieues la construction de logements dŽtachŽs et mme en rangŽe.  En corollaire, interdire tout changement dÕusage de terres agricoles et toute destruction des milieux humides et obliger le dŽveloppement de tout terrain urbain vacant dans le cadre de la planification urbaine publique sous peine dÕexpropriation.

7.     Introduire ds maintenant un code du b‰timent qui rende obligatoire les technologies les plus efficaces de conservation de lՎnergie et dÕintŽgration du solaire passif et actif.  En corollaire, former tout le personnel concernŽ aux nouvelles normes et aux nouvelles techniques.

8.     Lancer ds maintenant, pour se terminer en 2020 ou avant, un programme de rŽnovation et dՎlŽvation aux nouvelles normes de tous les b‰timents du QuŽbec, en commenant par les institutions publiques et para-publiques, et sans pŽnaliser les locataires.

9.     Lancer ds maintenant une rŽforme de lÕurbanisme qui assure la mixitŽ des fonctions urbaines de sorte ˆ maximiser les trajets pŽdestres et cyclistes et celle des relations ville-campagne de sorte ˆ maximiser les marchŽs agricoles urbains et le jardinage urbain.   

10.  DŽvelopper ds maintenant avec lÕaccord obligatoire et lÕimplication en termes dÕemplois et de redevances des nations Cri, Innu et Inuit de vastes complexes publics de parcs Žoliens articulŽs aux rŽservoirs hydrauliques nordiques et de la Basse C™te Nord.    

11.  Interdire tout nouveau dŽveloppement hydroŽlectrique, dont La Romaine et la Rupert, toute recherche dՎnergie fossile et tout port mŽthanier dont Rabaska et Gros Cacouna.   

12.  Interdire le dŽveloppement du rŽseau de gaz naturel sauf comme mesure transitoire en tant que substitut aux produits pŽtroliers et au charbon et seulement en cycle combinŽ. 

13.  DŽmanteler ˆ court terme la centrale nuclŽaire de Gentilly.

14.  Pour la pŽriode de transition, par mesure de sŽcuritŽ Žconomique, Žtant donnŽ que le Ē pic Č pŽtrolier a probablement ŽtŽ atteint ou le sera bient™t, et politique, Žtant donnŽ la dŽpendance du QuŽbec, exproprier les raffineries de pŽtrole — en compensation de la rente — et constituer une rŽserve pŽtrolire stratŽgique et faire des ententes dՃtat ˆ ƒtat avec certains pays producteurs tels le Venezuela.    

15.  Donner la prioritŽ de la recherche-dŽveloppement ˆ lÕefficacitŽ ŽnergŽtique et aux Žnergies renouvelables particulirement dans le domaine du transport mais aussi du b‰timent, des procŽdŽs industriels et de lÕagriculture.

16.  Transformer ˆ 50% dÕici 2020 lÕagriculture industrielle et polluante sur la base de la tendance ˆ la concentration des fermes, de leur endettement envers les banques et de leur sous-traitance par les Ē intŽgrateurs Č, en agriculture biologique de fermes familiales et de fermes et coopŽratives forestires encadrŽes par un plan dŽcidŽ et gŽrŽ dŽmocratiquement et soutenu financirement par lՃtat.

17.  RŽduire, rŽ-utiliser et recycler la totalitŽ des dŽchets industriels et domestiques dÕici 2020 ˆ charge des fabricants de sorte ˆ fermer lÕensemble des sites dÕenfouissement et ˆ restaurer les anciens sites industrielles polluŽs. 

 

 

Au QuŽbec, la sortie de crise passe par lÕindŽpendance

 

Le hic de la prise de position dÕATTAC-QuŽbec cÕest quÕelle sÕadresse uniquement au gouvernement fŽdŽral et quÕelle fait lÕimpasse de toute stratŽgie de mobilisation sauf ˆ signer une pŽtition.  Comme ni les partis politiques quŽbŽcois ni les organisations syndicales et populaires ne sont interpellŽs, les mŽdias progressistes pro-PQ, lÕAutÕJournal, et pro-direction de QuŽbec solidaire, Presse-toi-ˆ-gauche, se sont empressŽs de publier la nouvelle dŽclaration dÕATTAC-QuŽbec, ce qui leur permet de se faire une virginitŽ gauche radicale eux qui concrtement soutiennent des partis ou carrŽment nŽolibŽral ou social-libŽral.  Mais tant mieux si la position dÕATTAC-QuŽbec permet lÕintroduction du loup de lÕanticapitalisme, vers laquelle elle tend, dans la bergerie du dŽbat politique de la gauche quŽbŽcoise.

 

Faut-il rappeler quÕau QuŽbec on fait de la politique quŽbŽcoise tout en tenant pleinement compte de lÕoppression de la nation quŽbŽcoise par lՃtat canadien.  Il y a maintenant plus dÕune gŽnŽration que le peuple quŽbŽcois a trouvŽ la rŽponse programmatique — lÕindŽpendance — ˆ cette contradiction majeure.  Celle-ci est devenue le goulot dՎtranglement bloquant toute solution de gauche ˆ toute crise socio-Žconomique et politique de la sociŽtŽ quŽbŽcoise.   

 

Si la lutte pour lÕindŽpendance nÕest pas le fer de lance de toute stratŽgie de sortie de crise pour le prolŽtariat quŽbŽcois, alors il faut renoncer ˆ cette lutte.  Tel nÕest pas le cas.  LÕindŽpendance permettra la mise sur pied de la Banque du QuŽbec et lÕinstauration dÕune monnaie quŽbŽcoise afin dÕencadrer lÕexpropriation des institutions financires, de mettre en place la nouvelle structure de finance populaire et dÕimplanter un rŽgime dÕinvestissements anti-crise et Žcologique et une structure de prix favorisant la conservation ŽnergŽtique, le transport public et lÕagriculture biologique.

 

Un parti de gauche ira chercher lՎnergie libŽratrice enfouie dans lÕhistoire dÕoppression plus que bi-sŽculaire de la nation quŽbŽcoise.  Il la fusionnera, sans lÕinstrumentaliser, avec la haine des banques et du patronat que le dŽploiement de la crise ne manquera pas de susciter.  La crise permet de donner ˆ la revendication de lÕindŽpendance sa pleine signification de gauche, non seulement vis-ˆ-vis Ottawa, sige du pouvoir politique fŽdŽrale, mais aussi vis-ˆ-vis Bay Street, sige du capital financier canadien. 

 

LÕindŽpendance du QuŽbec est une urgence non seulement politique et nationale mais aussi Žconomique, financire, Žcologique et sociale.  Elle est la revendication-clef pour libŽrer lՎnergie crŽatrice du peuple quŽbŽcois afin de contribuer ˆ initier dans la rue une vague de libŽration nationale et sociale.  Cette mobilisation devrait tre la base dՎtats gŽnŽraux des mouvements populaires pour un QuŽbec indŽpendant et Žcologique afin de prŽparer la prise du pouvoir par la rue et les urnes. 

 

Un tel mot dÕordre serait dÕautant plus le bienvenue que beaucoup de syndicalistes de combat, conscients de lÕenlisement du mouvement syndical depuis la capitulation sans combat de dŽcembre 2005, souvent membres du SPQ-libre par attachement ˆ la lutte pour lÕindŽpendance et dŽus des hŽsitations de QuŽbec solidaire sur cette question, souhaite ardemment la tenue dՎtats gŽnŽraux du mouvement syndical.  Faute dÕinitiative des directions syndicales, ˆ QuŽbec solidaire de prendre le relais. 

 

Il y a urgence pour la gauche politique quŽbŽcoise, cÕest-ˆ-dire pour QuŽbec solidaire, ˆ organiser une campagne pour la tenue de tels Žtats gŽnŽraux en sÕappuyant sur un prŽcŽdent historique qui a laissŽ sa marque, soit les Ē ƒtats gŽnŽraux du Canada franais Č de novembre 1967 qui se conclurent par Ē Éune orientation vers lÕindŽpendance du QuŽbec. Č (J. Lacoursire, J.Provencher et D. Vaugeois, Canada-QuŽbec, synthse historique, 1978).  Voilˆ un sujet de dŽbat incontournable dans le cadre de la dŽmarche programmatique, dont le thme est justement la question nationale, et pour le prochain Congrs de juin qui prŽvoit une journŽe de discussion ouverte sur le sujet. 

 

 

Mobiliser, encore mobiliser, toujours mobiliser

 

Encore faut-il que ces dŽbats cessent dՐtre de simples sessions de parle-parle-jase-jase qui laissent carte blanche ˆ une direction nationale qui sÕengonce dans lՎlectoralisme.  Depuis lՎlection du dŽputŽ de Mercier qui donne ˆ QuŽbec solidaire assez de crŽdibilitŽ pour mobiliser sur ses propres bases, la direction de QuŽbec solidaire a ratŽ la mobilisation en appui ˆ la vigile devant le Parlement du militant anti-pauvretŽ Christian Montmarquette pour une hausse des prestations de lÕaide sociale. 

 

Elle a ensuite ratŽ la mobilisation en soutien ˆ la famille Villanueva.  Faute dÕappui des mouvements syndical et populaire et de QuŽbec solidaire, le gouvernement a profitŽ de la faiblesse de la manif de fŽvrier non seulement pour ne pas payer d'avocats aux victimes mais aussi pour limiter l'enqute aux faits immŽdiats.  QuŽbec solidaire n'a pas rŽagi ˆ cette limitation de mandat, mme pas la rŽgion de MontrŽal.  Il ne faut pourtant pas sous-estimer l'importance politique de cette affaire.  Le dŽploiement de la crise globale du capitalisme ne fait que commencer et elle recle une possibilitŽ de backlash xŽnophobe et raciste qui fera para”tre l'affaire des Ē accommodements raisonnables Č comme de la petite bire.

    

Enfin, la direction nationale a rŽussi ˆ manĻuvrer le dernier Conseil national de sorte ˆ reporter, donc ˆ enterrer, la proposition de la circonscription dÕHochelaga-Maisonneuve dÕune mobilisation ˆ QuŽbec et ˆ MontrŽal, si possible conjointement avec le mouvement syndical et populaire, pour notre plan de relance soit lors du discours du budget soit lors de la rŽponse de notre dŽputŽ ˆ ce discours.  Ce triple reniement est en train de cristalliser une politique de reniement du parti de la rue en faveur de la multiplication des effets de discours sous forme de communiquŽs de presse et dÕinterventions parlementaires, au mieux dÕassemblŽes publiques. 

 

On ne conteste pas ce mode dÕintervention mais en lÕabsence de mobilisation dans la rue appelŽe par le parti, cÕest le stŽrile Žlectoralisme qui se consolide.  La multiplication des discours ˆ elle seule nÕa jamais changŽ un rapport de forces.  Serait-ce rver que la direction de QuŽbec solidaire non seulement mobilise en grande pour la manifestation du 1er mai mais que, sous forme de pancartes et surtout dÕun tract distribuŽ largement, fasse minimalement conna”tre les ŽlŽments les plus percutants de son plan de relance et mme lance lÕidŽe de convoquer des Žtats gŽnŽraux des mouvements populaires ?

 

Marc Bonhomme, 22 mars 2009