Tout
comme les Libraux ont remport les lections sur la base de contrevrits, ils
imposent, sans riposte de la rue, un budget mensonger pour lequel les
directions syndicales le louangent et contre lequel aucun parti nÕoppose une
alternative. Ce budget
no-keynsien de droite veut sauver le capitalisme nolibral pour y revenir en
courant aprs une crise que lÕon anticipe brve et sans profondeur. Achetes coups de coteuses
dductions fiscales pour leur prtendus Fonds de solidarit et Fondaction, les
directions de la FTQ et de la CSN sÕavilissent en loges pendant que le PQ joue
la chaise musicale (et que lÕADQ prne un pur laisser-aller). Quant la direction de Qubec
solidaire, elle larmoie tout en vitant tout affrontement avec le fdraliste
capital financier, ce qui la condamne de vagues vĻux pieux saupoudrs de
quelques attnuantes mesures concrtes.
Lors
des lections de lÕautomne 2008, les Libraux ont effrontment menti propos
de la rduction drastique de la prquation fdrale, des pertes gargantuesques
de la Caisse de dpt et de placement et du dficit anticip. Voil quÕils rcidivent par des
mystifications coups de pronostics de (d)croissance idylliques pour 2009 et
2010 et de promesses intenables de maintien du niveau actuel des services
publics dj largement inadquat suite aux pouvantables coupures du duo
PQ/Libraux fdraux de 1995-1999 jamais corriges depuis lors. Pour ne pas dtriorer davantage puis
rtablir terme lÕquilibre budgtaire sans rforme fiscale, on coupera encore
plus ds cette anne partout sauf dans la sant et lÕducation qui coperont
plus tard.
Les
Libraux y ajoutent une nouvelle dose de soutien aux entreprises de plus dÕun
milliard $ majoritairement hors budget mettant contribution la Caisse de
dpt, la SGF, Investissement Qubec et, last but not least, le Fond de solidarit
de la FTQ financ en grande partie par les rabais dÕimpt. (Quant Fondaction de la CSN, on lui
accorde un rabais supplmentaire pour lui permettre dÕatteindre une masse
critique lui permettant une prtendue efficacit conomique. Plus racoleur, tu meurs !) Le PQ aurait plutt souhait Ē rduire
les impts des entreprises pour amliorer leur productivit Č (Franois
Legault en entrevue Radio-Canada).
Quand la direction de Qubec solidaire, elle prne le renflouement du
capital financier en proposant de verser davantage de cotisations de travailleurs
dans le panier perc de la Caisse de dpt et en empruntant plus aux
institutions financires, ces pompiers-pyromanes de la crise, que ne le
proposent les Libraux ou le PQ.
Le
PQ est bien embt de critiquer les rgressives hausses, terme, de la taxe de
vente et des tarifs, ce quÕil prne lui-mme, en lieu de la hausse drastique de
lÕimposition des profits, des hauts revenus et de la richesse que personne ne
propose, pas mme la direction de Qubec solidaire ni pour financer ses 20
mesures anti-crise ni dans sa rponse au budget. Rappelons que les dgrvements en faveur des plus pauvres
sont non seulement partiels et humiliants mais surtout sapent politiquement la
solidarit propre aux programmes universels gratuits pour tous et toutes. Rappelons aussi que la crise est loin
dÕavoir fait disparatre profits, revenus levs et richesse relle accumule
mme si elle a fait disparatre pas mal de richesse virtuelle. Rappelons, finalement, quÕen temps de
crise profits et revenus levs ne sont pas investis mais sont soit pargns
soit consomms en produits de luxe et nergivores.
Ė
un plan de relance crateur dÕemplois verts, socialement utiles et quitables
pour les femmes, les Libraux substituent dÕanti-cologiques investissements
hydrolectriques et autoroutiers dÕailleurs prvus bien avant la crise. Le PQ a beau se plaindre de lÕabsence
dÕun plan de relance, il ne propose rien dÕautre que davantage dÕargent pour
lÕducation et pour un chque aux plus pauvres tout en prtendant rtablir
lÕquilibre budgtaire la manire des LibrauxÉce qui signifie implicitement
plus de coupures ailleurs.
Quant
au plan de relance de la direction de Qubec solidaire pour 2009-10, il sÕest
transform en ptard mouill de dpenses supplmentaires de 2.6 milliards $,
moiti dpenses courantes moiti investissements, crant 40 000
emplois. Pourtant, depuis juin
2007, juste avant le dbut de la crise, jusquÕ janvier 2009 inclus, le nombre
de sans emploi au Qubec sÕest accr de 120 000 si lÕon prend en compte la
croissance des temps partiels involontaires et celle des travailleuses dite
dcourages, statistique alternative publie chaque mois par Statistique Canada
mais peu publicise (taux R8, tableau CANSIM 282-0085). Et la dgringolade continuera de plus
belle en 2009 sans compter la ncessit dÕune croissance de lÕemploi pour
absorber les nouveaux arrivants sur le march du travail.
Malgr
tout, le plan de la direction de Qubec solidaire, avec sa construction de
10 000 logis sociaux sur un an, ses investissements en efficacit
nergtique dans les btiments et les transports publics, son embauche
supplmentaire de professeurs et personnel de soutien en ducation et sa
bonification du salaire minimum et de lÕaide sociale, demeure de loin le plus
gauche. Il y a cependant un hic et
il est de taille : le capital financier nÕest pas dÕaccord et il faudra
lÕaffronter, lui et les partis politiques sa solde, pour leur forcer la
main. LÕaffronter au niveau des
revendications et surtout lÕaffronter dans la rue. On sait en partant quÕon ne pourra pas compter sur les
directions de la FTQ et de la CSN qui se sont laisses acheter par des mesures
mettant contribution ou favorisant le petit capital financier sous leur
contrle.
Il
suffit dÕailleurs de lire leurs ractions au budget pour sÕen convaincre au
point que Le Devoir a pu titrer, en tordant peine le bton, Ē Une
rare unanimit patronale et syndicale Č. Aprs tout, la prsidente de la CSN salut Ē le
budget le plus interventionniste des dernires annes Č et le prsident
de la FTQ vante le modle qubcois et Ē lÕeffort louable Č en sant et en
ducation. Rien de surprenant que
la mobilisation du 1er mai sÕannonce comme uniquement dirig contre
le gouvernement fdral, particulirement pour une rforme de
lÕassurance-emploi. CÕest
certainement une cible de choix mais a ne fait pas un plan de relance pour
sauver le peuple et non les banques et a laisse le capital financier et les
responsables proprement qubcois blancs comme neige.
Pourtant,
comme lÕont dit dans la rue des millions de travailleurs et travailleuses
franaises ce 19 mars, Ē La crise cÕest eux, la solution cÕest nous. Č Il faut donc faire payer la crise au
capital et rien quÕ lui. Pour y
arriver, le Nouveau parti anticapitaliste de France propose un programme
dÕurgence la hauteur tout fait applicable un Qubec indpendant. Par exemple, au niveau strictement
conomique :
„ Interdiction
des licenciements, sous peine de rquisition publique, et partage du travail
entre tou-te-s sans diminution de salaires ; poursuite de la production
sous contrle des salari-e-s. Pour les entreprises qui se rvlent rellement
en difficult, le financement sera assur par un service public bancaire, et
assis sur une cotisation spciale acquitte par lÕensemble des actionnaires.
Maintien du salaire en cas de chmage technique financ par le mme fonds.
„ Augmentation des salaires, retraites et des minima
sociaux : 300 euros [500 $CDN] de plus par mois, pas de salaire ni de
revenu infrieurs 1500 euros [2500 $CDN] nets, indexation des salaires
sur les prix. Transformation systmatique des emplois prcaires en emplois
stables (dans le priv) ou statut (dans la fonction publique).
[É]
„ les retraites par rpartition doivent permettre chacun-e de
bnficier aprs une dure maximum de cotisation de 37,5 annuits, 60 ans
maximum (55 ans pour les travaux pnibles), dÕune retraite complte
correspondant 75 % du meilleur salaire, et dans tous les cas gale au SMIC
[salaire minimum]. [É]
„ Rduction massive et progressive du temps de travail
hebdomadaire 35 heures, et vers les 32 heures.
„ Mise en place dÕune allocation pour les jeunes pour tudier et
tre autonomes.
„ Suppression de la TVA sur les produits de premire ncessit.
Mise en place dÕun impt fortement progressif sur les revenus.
„ Arrt des expulsions des logements ; arrt des coupures
dÕeau, de gaz et dÕlectricit ; rquisition des logements vides ;
construction massive de logements sociaux hauteur des besoins ; gel des
loyers ; dsenclavement des quartiers par le dveloppement des transports
publics.
„ Sauvegarde et dveloppement des services publics et arrt
immdiat de la privatisation de la poste et de la sant. Dfense du service
public dÕducation. Nationalisation de lÕindustrie pharmaceutique. Fonds
publics lÕcole publique.
„ Crdit gratuit, annulation de leurs dettes pour les travailleurs
qui exploitent seuls leurs propres moyens de production, les petits
commerants, artisans, paysans qui sont dans le besoin.
„ Annulation des dettes des salaris et chmeurs, en premier lieu
victimes du surendettement. [É]
„ Rquisition des profits et dividendes des actionnaires.
„ Annulation de la dette de lÕtat.
„
Nationalisation (dans le sens de socialisation) sans rachat ni indemnit de
tous les organismes bancaires, expropriation de leurs actionnaires, unification
en un seul service public bancaire (si possible europen) sous le contrle des
travailleurs et de la population qui doivent pouvoir ainsi orienter les
investissements en direction de la satisfaction de leurs besoins.
ATTAC-Qubec ouvre le dbat de lÕanticapitalisme qubcois
On
voit bien que le cĻur conomique de tout programme de relance cÕest le plein
emploi plein temps toute lÕanne avec un salaire dcent, des services publics
de qualit et la socialisation du systme financier qui doit devenir un service
public dmocratis. La seule
organisation qubcoise crdible qui a commenc prendre cette direction
semble tre ATTAC-Qubec qui a fait un tournant 180 degrs par rapport sa
position ultra-modre de lÕautomne dernier. Manifestement, lÕaggravation de la crise mondiale cet hiver,
la fin du mythe de lÕexception canadienne et qubcoise, la comparaison avec la
position dÕATTAC-France y ont provoqu un dbat de fond.
En
lanant ce dbat, on peut dire que quÕATTAC-Qubec joue le rle que devrait
jouer les collectifs marxistes et trotskistes de Qubec solidaire qui se
refusent toute critique de sa direction sociale-librale. ATTAC-Qubec propose les mesures
conomico-financires suivantes :
„ tablir un contrle public des banques et du
secteur financier
[É] Il faut tablir un contrle public des banques au moyen de strictes limites
de leurs activits, de lÕinterdiction de spculer et dÕavoir des filiales dans
les paradis fiscaux ou ailleurs lÕtranger, et dÕun plafond de la
rmunration de leurs dirigeants. Mieux encore serait la nationalisation des
banques commerciales. [Je souligne ici et plus bas, NDLR] Il y aurait lieu
dÕliminer les fonds spculatifs, qui ne produisent aucune richesse sauf pour
leurs managers, et aussi dÕliminer les produits drivs financiers É.
„ liminer les retraites par capitalisation
boursire
Il faut nationaliser les caisses de retraite et tablir un systme
universel et galitaire de retraite par rpartition. Il faut liminer les
retraites par capitalisation boursire, qui forcent les citoyenNEs sÕintgrer
dans lÕconomie casino et entranent des pertes considrables lÕoccasion des
krachs. [É]
„ tablir une fiscalit quitable
Pour contrer les carts toujours grandissants entre les riches et les pauvres,
il faut mettre en place une fiscalit vraiment progressive, en rajoutant
plusieurs paliers dÕimposition, touchant les revenus les plus levs et en haussant
ces derniers des niveaux tenant compte de la gravit de la rcession. [É]
„ Investir massivement dans les services
publics et dans les infrastructures
Il est important de mieux financer tous les niveaux dÕducation, de rduire le
nombre dÕlves par classe et de combler les dficits des universits. Le
systme public de sant doit tre fortement renforc, de faon exclure au
maximum le secteur priv, offrir de meilleurs soins, et renforcer la mdecine
prventive. Il faut relancer les programmes supprims dans le secteur de la
recherche publique, de la culture et augmenter considrablement le budget du
Conseil des arts du Canada. Il faut enfin investir dans les transports en
commun, lÕeau, la rnovation de btiments, et la rparation et lÕentretien des
infrastructures.
„ Lutter contre la pauvret
Il faut assouplir les critres dÕaccs et hausser les prestations
dÕassurance-emploi et dÕaide sociale. Il faut prserver les emplois lors dÕune
diminution de personnel par le biais dÕune diminution du temps de travail,
l o des emplois quivalents perdurent, plutt que de contraindre ces
travailleurs au chmage. Des budgets rcurrents doivent tre dgags pour les
organismes communautaires. Il est important dÕinvestir de faon significative
dans le logement social et lÕaide aux sans-abri.
„ Protger lÕenvironnement et
lutter contre les changements climatiques
La crise financire ne doit pas servir dÕexcuse lÕirresponsabilit en matire
environnementale et climatique. Il faut saisir lÕoccasion pour remettre en
question les projets mis de lÕavant dans un contexte de crises cologiques et
mettre de lÕavant une dmocratisation de la gestion des ressources naturelles.
Il faut aussi mettre en Ļuvre des politiques nergtiques limitant au maximum
la dpendance aux nergies fossiles et ainsi bannir lÕimplantation de ports
mthaniers, comme celui de Rabaska. Plusieurs investissements, notamment dans
les projets dÕnergie renouvelables, permettraient de crer de lÕemploi et de
fournir de lÕnergie un cot quitable. Il est enfin impratif de financer la
mise jour des normes environnementales et dÕen assurer la mise en
application.
Il
va sans dire que la mobilisation de lÕentiret de la force de travail sous la
houlette dÕun service public dmocratis dtenant la totalit du contrle du
flux des pargnes et des investissements de la nation se fera dans le sens dÕun
dveloppement cologique qui pourrait avoir lÕallure suivante :
Implanter sur
cinq ans, pour tre achev en 2020, un programme obligatoire dÕinfrastructures
cologiques de 100 G$ complt par des interdictions des principales
sources de gaz effet de serre sans bouleverser lÕcosystme de nos
rivires :
1.
Interdire au moins dans les grandes villes et leurs banlieues lÕusage
de lÕautomobile individuelle dÕici 2020, soit dans 12 ans, en passant par des
tapes intermdiaires de restriction de la circulation automobile dans les
centre-villes en commenant par les vhicules les plus nergivores et densit
de passagers les moins grandes.
2.
Construire un rseau de transport en commun urbain, lectrifi et
dÕusage gratuit, qui assure dÕici 2020 au moins dans les grandes villes et
leurs banlieues la totalit de la navette au travail et lÕaccs en tout temps
aux centres dÕapprovisionnement et de loisirs. Assurer dans la priode transitoire un rseau de parcs de
stationnement incitatifs pour les banlieusards et de voies prioritaires pour le
transport en commun.
3.
Dvelopper dÕici 2020 un systme de transport interurbain collectif,
lectrifi au maximum et bon march, complt par un parc public ou
communautaire de location dÕautomobiles hybrides puis lectriques qui serait
aussi disponible dans les grandes villes et leurs banlieues dans la priode de
transition.
4.
Interdire dÕici 2020 le transport des marchandises par camions moins
quÕils ne soient nergie hybride sinon totalement lectrique et intgr un
rseau national et public de transport intermodal bas sur le cabotage maritime
et le rail.
5.
Interdire tout nouveau dveloppement autoroutier dont le prolongement
des autoroutes 25 et 50 et la conversion de la rue Notre-Dame en autoroute.
6.
Interdire ds maintenant dans les grandes villes et leurs banlieues la
construction de logements dtachs et mme en range. En corollaire, interdire tout changement dÕusage de terres
agricoles et toute destruction des milieux humides et obliger le dveloppement
de tout terrain urbain vacant dans le cadre de la planification urbaine
publique sous peine dÕexpropriation.
7.
Introduire ds maintenant un code du btiment qui rende obligatoire
les technologies les plus efficaces de conservation de lÕnergie et
dÕintgration du solaire passif et actif.
En corollaire, former tout le personnel concern aux nouvelles normes et
aux nouvelles techniques.
8.
Lancer ds maintenant, pour se terminer en 2020 ou avant, un programme
de rnovation et dÕlvation aux nouvelles normes de tous les btiments du
Qubec, en commenant par les institutions publiques et para-publiques, et sans
pnaliser les locataires.
9.
Lancer ds maintenant une rforme de lÕurbanisme qui assure la mixit
des fonctions urbaines de sorte maximiser les trajets pdestres et cyclistes
et celle des relations ville-campagne de sorte maximiser les marchs
agricoles urbains et le jardinage urbain.
10.
Dvelopper ds maintenant avec lÕaccord obligatoire et lÕimplication
en termes dÕemplois et de redevances des nations Cri, Innu et Inuit de vastes
complexes publics de parcs oliens articuls aux rservoirs hydrauliques
nordiques et de la Basse Cte Nord.
11.
Interdire tout nouveau dveloppement hydrolectrique, dont La Romaine
et la Rupert, toute recherche dÕnergie fossile et tout port mthanier dont
Rabaska et Gros Cacouna.
12.
Interdire le dveloppement du rseau de gaz naturel sauf comme mesure
transitoire en tant que substitut aux produits ptroliers et au charbon et
seulement en cycle combin.
13.
Dmanteler court terme la centrale nuclaire de Gentilly.
14.
Pour la priode de transition, par mesure de scurit conomique,
tant donn que le Ē pic Č ptrolier a probablement t atteint ou le
sera bientt, et politique, tant donn la dpendance du Qubec, exproprier les
raffineries de ptrole — en compensation de la
rente — et constituer une rserve ptrolire stratgique et
faire des ententes dÕtat tat avec certains pays producteurs tels le
Venezuela.
15.
Donner la priorit de la recherche-dveloppement lÕefficacit
nergtique et aux nergies renouvelables particulirement dans le domaine du
transport mais aussi du btiment, des procds industriels et de lÕagriculture.
16.
Transformer 50% dÕici 2020 lÕagriculture industrielle et polluante
sur la base de la tendance la concentration des fermes, de leur endettement
envers les banques et de leur sous-traitance par les
Ē intgrateurs Č, en agriculture biologique de fermes familiales et
de fermes et coopratives forestires encadres par un plan dcid et gr
dmocratiquement et soutenu financirement par lÕtat.
17.
Rduire, r-utiliser et recycler la totalit des dchets industriels
et domestiques dÕici 2020 charge des fabricants de sorte fermer lÕensemble
des sites dÕenfouissement et restaurer les anciens sites industrielles
pollus.
Le
hic de la prise de position dÕATTAC-Qubec cÕest quÕelle sÕadresse uniquement
au gouvernement fdral et quÕelle fait lÕimpasse de toute stratgie de
mobilisation sauf signer une ptition.
Comme ni les partis politiques qubcois ni les organisations syndicales
et populaires ne sont interpells, les mdias progressistes pro-PQ,
lÕAutÕJournal, et pro-direction de Qubec solidaire, Presse-toi--gauche, se
sont empresss de publier la nouvelle dclaration dÕATTAC-Qubec, ce qui leur
permet de se faire une virginit gauche radicale eux qui concrtement
soutiennent des partis ou carrment nolibral ou social-libral. Mais tant mieux si la position
dÕATTAC-Qubec permet lÕintroduction du loup de lÕanticapitalisme, vers
laquelle elle tend, dans la bergerie du dbat politique de la gauche
qubcoise.
Faut-il
rappeler quÕau Qubec on fait de la politique qubcoise tout en tenant
pleinement compte de lÕoppression de la nation qubcoise par lÕtat
canadien. Il y a maintenant plus
dÕune gnration que le peuple qubcois a trouv la rponse programmatique —
lÕindpendance — cette contradiction majeure. Celle-ci est devenue le goulot
dÕtranglement bloquant toute solution de gauche toute crise socio-conomique
et politique de la socit qubcoise.
Si la lutte pour lÕindpendance nÕest pas le fer de lance
de toute stratgie de sortie de crise pour le proltariat qubcois, alors il
faut renoncer cette lutte. Tel
nÕest pas le cas. LÕindpendance
permettra la mise sur pied de la Banque du Qubec et lÕinstauration dÕune
monnaie qubcoise afin dÕencadrer lÕexpropriation des institutions
financires, de mettre en place la nouvelle structure de finance populaire et
dÕimplanter un rgime dÕinvestissements anti-crise et cologique et une
structure de prix favorisant la conservation nergtique, le transport public
et lÕagriculture biologique.
Un parti de gauche ira chercher lÕnergie libratrice
enfouie dans lÕhistoire dÕoppression plus que bi-sculaire de la nation
qubcoise. Il la fusionnera, sans
lÕinstrumentaliser, avec la haine des banques et du patronat que le dploiement
de la crise ne manquera pas de susciter.
La crise permet de donner la revendication de lÕindpendance sa pleine
signification de gauche, non seulement vis--vis Ottawa, sige du pouvoir
politique fdrale, mais aussi vis--vis Bay Street, sige du capital financier
canadien.
LÕindpendance du Qubec est une urgence non seulement
politique et nationale mais aussi conomique, financire, cologique et
sociale. Elle est la
revendication-clef pour librer lÕnergie cratrice du peuple qubcois afin de
contribuer initier dans la rue une vague de libration nationale et
sociale. Cette mobilisation
devrait tre la base dÕtats gnraux des mouvements populaires pour un Qubec
indpendant et cologique afin de prparer la prise du pouvoir par la rue et
les urnes.
Un tel mot dÕordre serait dÕautant plus le bienvenue que
beaucoup de syndicalistes de combat, conscients de lÕenlisement du mouvement
syndical depuis la capitulation sans combat de dcembre 2005, souvent membres
du SPQ-libre par attachement la lutte pour lÕindpendance et dus des
hsitations de Qubec solidaire sur cette question, souhaite ardemment la tenue
dÕtats gnraux du mouvement syndical.
Faute dÕinitiative des directions syndicales, Qubec solidaire de
prendre le relais.
Il
y a urgence pour la gauche politique qubcoise, cÕest--dire pour Qubec
solidaire, organiser une campagne pour la tenue de tels tats gnraux en
sÕappuyant sur un prcdent historique qui a laiss sa marque, soit les
Ē tats gnraux du Canada franais Č de novembre 1967 qui se
conclurent par Ē Éune orientation vers lÕindpendance du Qubec. Č (J.
Lacoursire, J.Provencher et D. Vaugeois, Canada-Qubec, synthse historique,
1978). Voil un sujet de dbat
incontournable dans le cadre de la dmarche programmatique, dont le thme est
justement la question nationale, et pour le prochain Congrs de juin qui
prvoit une journe de discussion ouverte sur le sujet.
Encore
faut-il que ces dbats cessent dÕtre de simples sessions de
parle-parle-jase-jase qui laissent carte blanche une direction nationale qui
sÕengonce dans lÕlectoralisme.
Depuis lÕlection du dput de Mercier qui donne Qubec solidaire
assez de crdibilit pour mobiliser sur ses propres bases, la direction de
Qubec solidaire a rat la mobilisation en appui la vigile devant le
Parlement du militant anti-pauvret Christian Montmarquette pour une hausse des
prestations de lÕaide sociale.
Elle
a ensuite rat la mobilisation en soutien la famille Villanueva. Faute dÕappui des mouvements syndical
et populaire et de Qubec solidaire, le gouvernement a profit de la faiblesse
de la manif de fvrier non seulement pour ne pas payer d'avocats aux victimes
mais aussi pour limiter l'enqute aux faits immdiats. Qubec solidaire
n'a pas ragi cette limitation de mandat, mme pas la rgion de
Montral. Il ne faut pourtant pas sous-estimer l'importance
politique de cette affaire. Le dploiement de la crise globale
du capitalisme ne fait que commencer et elle recle une possibilit de backlash xnophobe et raciste
qui fera paratre l'affaire des Ē accommodements raisonnables Č comme de la
petite bire.
Enfin, la direction nationale a russi manĻuvrer le dernier
Conseil national de sorte reporter, donc enterrer, la proposition de la
circonscription dÕHochelaga-Maisonneuve dÕune mobilisation Qubec et
Montral, si possible conjointement avec le mouvement syndical et populaire,
pour notre plan de relance soit lors du discours du budget soit lors de la
rponse de notre dput ce discours.
Ce triple reniement est en train de cristalliser une politique de
reniement du parti de la rue en faveur de la multiplication des effets de
discours sous forme de communiqus de presse et dÕinterventions parlementaires,
au mieux dÕassembles publiques.
On ne conteste pas ce mode dÕintervention mais en lÕabsence
de mobilisation dans la rue appele par le parti, cÕest le strile
lectoralisme qui se consolide. La
multiplication des discours elle seule nÕa jamais chang un rapport de
forces. Serait-ce rver que la
direction de Qubec solidaire non seulement mobilise en grande pour la
manifestation du 1er mai mais que, sous forme de pancartes et
surtout dÕun tract distribu largement, fasse minimalement connatre les
lments les plus percutants de son plan de relance et mme lance lÕide de
convoquer des tats gnraux des mouvements populaires ?