Soyons dĠabord clair au
sujet du PQ, parti de centre-droit. Peut-on qualifier autrement que de nolibral, malgr sa
phrasologie parfois social-dmocrate, un parti qui a t le roi des coupures
et des privatisations la fin des annes 90 aprs avoir cras les syndicats
du secteur public en 1982 avec sa coupure salariale de 20% ? Rien dĠtonnant : historiquement,
le PQ, dans le cadre de l'alliance du beau risque avec le gouvernement
Mulroney, a t un enthousiaste de la promotion de l'Accord de libre-change
avec les U, accord qui servira de matrice tous les autres qui vont suivre
dans le monde. La seule diffrence
avec le PLQ est un interventionnisme tatique plus prononc pour rendre les
entreprises qubcoises plus comptitives sur le march mondial.
Lors de la dernire
lection, la plate-forme du PQ tait foncirement libre-changiste comme
le soulignent les passages suivants :
Ç Tous
ces gestes [du PLQ] ont eu des effets ngatifs sur la productivit de nos
entreprises. Ils les ont fragilises et prives dĠatouts pour faire face aussi
bien la crise actuelle quĠ la concurrence sur les marchs trangers. È [É]
Ç 1.2.
Soutenir les entreprises
á
liminer, avant 2010, la taxe sur le capital.
á
Baisser le taux marginal effectif dĠimposition des entreprises.
á
Adopter des mesures fiscales qui visent encourager
lĠinvestissement priv, notamment lĠinvestissement dans les quipements.
á
Simplifier la rglementation et les procdures administratives
touchant les entreprises.
á
Appuyer le dveloppement de lĠentrepreneurship. È
Peut-on
qualifier autrement le PQ que dĠautonomiste, malgr son discours
Ç souverainiste È (pourquoi marginaliser le mot indpendance ?),
le parti de la Ç souverainet-association È, puis de
Ç lĠaffirmationnisme È, puis du Ç beau risque È avec les
Conservateurs, ensuite de lĠalliance avec les Libraux qubcois au lendemain
de la crise du Lac Meech, ensuite de la Ç souverainet-partenariat È
avec lĠADQ lors du rfrendum de 1995, puis des Ç conditions
gagnantes È alors quĠil sĠacharnait fabriquer des conditions perdantes
avec sa politique sociale droitire, finalement de plus rien du tout avec
lĠabandon de la stratgie rfrendaire sans rien lui substituer.
Malgr
tout, au conseil national de fvrier, la chef du PQ a dclar que la crise
est le meilleur moment pour raliser la souverainet de sorte donner au
peuple qubcois les moyens quĠOttawa lui refuse pour sauver ses industries
forestire et manufacturire la hauteur de lĠaide milliardaire quĠil consent
pour lĠindustrie de lĠautomobile ontarienne ou mme du favoritisme
environnemental aux trs polluants sables bitumineux de lĠAlberta (Le Devoir, 23 fvrier 2009 et Radio-Canada, 22 fvrier 2009).
Ajoutons-y
la baisse drastique de prs de un milliard $ en paiements de prquation
du dernier budget fdral que le piteux PLQ a ni contre toute vraisemblance
lors de la dernire campagne lectorale de lĠautomne 2008 pour ne pas avantager
la cause souverainiste. Tout comme
les Libraux avaient remport les lections sur la base de contrevrits, ils
ont impos un budget mensonger pour lequel les directions syndicales lĠont
louang et contre lequel le PQ nĠa oppos aucune alternative.
Bien
sr, ce ixime coup de gueule pro-souverainiste parat bien peu crdible face
lĠabandon par le PQ de toute stratgie dĠaccession lĠindpendance sauf
promettre un troisime rfrendum pour les Calendes grecques. Ce manque de crdibilit est dĠautant
plus grand que la thmatique souverainiste nĠavait pas t au cÏur de la
campagne lectorale pquiste de par la volont de la nouvelle chef, rpute
pour sa tideur souverainiste tout autant que de son pragmatisme nolibral,
et, comme on a pu le constater depuis son lection la tte du PQ, dcide
exercer une poigne de fer sur lĠaile indpendantiste radicale de son
parti.
Reste
que lier souverainet et crise vise en plein dans le mil moins de
penser que la lutte pour lĠindpendance nĠest pas un axe stratgique pour la
libration nationale et sociale du Qubec mais un simple rajout culturel et
linguistique. Il sĠagit pour
Qubec solidaire de donner raison au diagnostic de la chef pquiste tout en lui
donnant tort sur la mthode et sur le but. Il est futile dĠen appeler une cration massive dĠemplois
bien rmunrs et stables par la transformation cologique des infrastructures
et par la distribution galitaire des revenus sans au dpart un contrle
dmocratique des flux dĠpargne et dĠinvestissement. La crise globale du capitalisme, tant conomique et
financire quĠcologique, alimentaire et nergtique, pose drastiquement la
question de qui va payer la crise.
On
objectera que le Qubec nĠest quĠune province canadienne sans pouvoir
significatif sur le capital financier.
Il y a maintenant plus dĠune gnration que le peuple qubcois a trouv
la rponse programmatique — lĠindpendance — pour
se sortir de ce cul-de-sac. Sans
lĠindpendance, le peuple qubcois reste coinc dans un goulot dĠtranglement
bloquant toute solution de gauche toute crise socio-conomique et politique
de la socit qubcoise.
Un parti de gauche saisit le maillon faible de la
Confdration canadienne, la question nationale qubcoise. Il comprend lĠhistoire du peuple
qubcois faite de conqute, de rbellion crase dans le sang, de constitution
impose, de conscription force, dĠoccupation arme, de rejet de
lĠautodtermination rfrendaire et du mpris des commandites. Il ralise que bon an mal an la volont
souverainiste, malgr le lchage pquiste, oscille entre 40 et 50%.
Se rendant compte de son potentiel dĠnergie libratrice,
ce parti lvera sans hsiter, sans tergiverser, lĠtendard de lĠindpendance
nationale. Point question pour ce
parti de parler de souverainet au lieu dĠindpendanceÉ afin de choisir, la
mode PQ, le Canada comme associ ou partenaire ou Ç beau risque ÈÉ
sĠil est consentant. Point
question de noyer lĠindpendance dans la formule vide de la Ç souverainet
populaire È ou de la Ç souverainet solidaire È qui est la
lutte nationale ce que le Ç dveloppement durable È est la lutte
cologique.
Un parti anticapitaliste ira chercher lĠnergie libratrice
enfouie dans lĠhistoire dĠoppression plus que bi-sculaire de la nation
qubcoise. Il la fusionnera, sans
lĠinstrumentaliser, avec la haine des banques et du patronat que le dploiement
de la crise ne manquera pas de susciter.
La crise permet de donner la revendication de lĠindpendance sa pleine
signification de gauche, non seulement vis--vis Ottawa, sige du pouvoir
politique fdrale, mais aussi vis--vis de Bay Street, sige du capital financier
canadien et de Wall Street, sige du capital financier tasunien.
Ce renouvellement de gauche de lĠindpendantisme est
dĠautant plus ncessaire que lĠaxe ptrolier Toronto-Calgary, avec son emphase
sur la rente, essaie de se substituer lĠaxe moribond Ç Canada
central È Toronto-Montral dont la dominante tait le profit
manufacturier. Non seulement
lĠindpendantisme en devient-il plus pertinent conomiquement mais aussi
socialement car la rente a toujours t la base matrielle du capitalisme le
plus ractionnaire, particulirement envers les femmes, les gays/lesbiennes,
les minorits de couleur et les autochtones, ce que les politiques du parti
Conservateur ont amplement dmontr.
SĠemparer
des institutions financires, pine dorsale de la bourgeoisie canadienne dont
la carence manufacturire est lgendaire, ncessite que la nation qubcoise en
ait le pouvoir constitutionnel, ce qui requiert lĠindpendance. Ainsi il deviendra possible de mettre
sur pied la Banque populaire du Qubec.
Pour
ce faire, il ne faut pas reporter la lutte pour lĠindpendance un horizon
mythique dĠAssemble constituante cum rfrendum aprs la prise du pouvoir par
les lections. Le processus de
mobilisation pourrait commencer ds maintenant en sĠappuyant sur un prcdent
historique qui a laiss sa marque, soit les Ç tats gnraux du Canada
franais È de novembre 1967 qui se conclurent par Ç Éune
orientation vers lĠindpendance du Qubec. È (J. Lacoursire,
J.Provencher et D. Vaugeois, Canada-Qubec, synthse historique, 1978).
Pour
enclencher une ardeur populaire qui nĠtait pas au rendez-vous aprs lĠlection
de 1994 qui lui avait donn le pouvoir avec seulement 15 000 votes de plus
que les Libraux, le PQ imita plement les tats gnraux par une consultation populaire
qui vit Ç [e]ntre le 6 fvrier et le 5 mars [1995], les 17 commissions
consultatives mobilis[er] 280 commissaires qui tinrent 435 rencontres o se
prsentrent 50 164 personnes. È
Ç Les travaux des commissions firent apparatre de faon
rcurrente la ncessit de lier la souverainet un projet de socit. È et par le fait
mme Ç permi[rent] l'option souverainiste d'amorcer une remonte dans
les sondages. È (Denis Monire, La dmarche rfrendaire á Le Qubec
face son destin, 1995, Universit de Montral)
Un tel mot dĠordre serait dĠautant plus le bienvenu que
beaucoup de militants syndicaux, conscients de lĠenlisement du mouvement
syndical depuis la capitulation sans combat de dcembre 2005, souvent membres
du SPQ-libre par attachement la lutte pour lĠindpendance et dus des
hsitations de Qubec solidaire sur cette question, souhaitent ardemment la
tenue dĠtats gnraux du mouvement syndical. Faute dĠinitiative des directions syndicales, Qubec
solidaire de prendre le relais.
LĠindpendance du Qubec est une urgence non seulement
politique et nationale mais aussi conomique, financire, cologique et
sociale. Elle est la
revendication-clef pour librer lĠnergie cratrice du peuple qubcois afin de
contribuer initier dans la rue une vague de libration nationale et
sociale. Cette mobilisation
devrait tre la base dĠtats gnraux des mouvements populaires pour un
Qubec indpendant et cologique afin de prparer la prise du pouvoir par
la rue et les urnes.
1.
LĠindpendance du Qubec est une urgence non seulement nationale mais
aussi conomique, cologique et sociale.
Elle est la revendication-clef pour librer lĠnergie cratrice du
peuple qubcois. Il faut mettre
en branle sans plus attendre une campagne politique pour convoquer des tats
gnraux des mouvements populaires pour un Qubec indpendant et cologique sur
la base du plein emploi.
2.
LĠindpendance permettra la mise sur pied de la Banque du Qubec et
lĠinstauration dĠune monnaie qubcoise afin dĠencadrer lĠexpropriation des
institutions financires, de mettre en place la nouvelle structure de finance
populaire et dĠimplanter un rgime dĠinvestissements anti-crise et cologique
et une structure de prix favorisant la conservation nergtique, le transport
public, lĠagriculture biologique et la rduction du temps de travail.
Ce texte est la fois
un texte dĠanalyse et un texte de perspective se conformant aux normes des
Ç cercles citoyens È de la dmarche programmatique de Qubec
solidaire.
JĠinvite tous les membres
de Qubec solidaire et les non membres lĠappuyer.
NĠhsitez pas me
contacter pour en discuter, proposer une rencontre ou pour appuyer ce texte.
Marc Bonhomme
Tlphone : 514-303-7156
Adresse courriel : bonmarc@videotron.ca