Mouvements sociaux et gauche qubcois de 2000 2009 :
Graphique 1
Graphique
2
Ministre du travail du
Qubec
De lĠespoir
de la Marche des femmes de lĠautomne
2000 la capitulation des syndicats du secteur public en dcembre 2005
La premire phase
de cette pousse du mouvement de riposte fit dbuter en trombe le dbut du
nouveau millnaire :
á
La Marche des femmes (automne 2000),
dont la Fdration des femmes du Qubec tait lĠinstigatrice mondiale
á
Le contre-sommet des peuples des
Amriques contre la ZLA (avril 2001)
á
La manifestation de la guerre contre
lĠIraq (mars 2003), relativement importante Montral compare celles
ailleurs dans le monde
Cette premire phase 2000-2003 fut
politique et internationaliste, consquences de la manifestation de Seattle en
1999 et du premier Forum social mondial en 2001. Elle intgra la gauche
qubcoise la gauche mondiale.
LĠenvers de la mdaille en fut sa faible rpercussion en termes de la
riposte sociale mme si celle-ci a quand mme un peu augment (voir le
graphique 2). Les consquences lectorales furent, elles,
percutantes. Le rsultat inattendu
(24%) de lĠlection partielle dans Mercier (centre-ville de Montral) en avril
2001 pour un candidat soutenu par la grande majorit de la gauche politique
rvla le potentiel pour un parti de gauche.
La seconde phase de cette pousse, de
lĠautomne 2003 dcembre 2005, fut principalement sociale tout en tant
accompagne dĠun dveloppement politique positif mais problmatique. Comme le montre le graphique 2, cause
des grves dĠune journe sans coordination du secteur public (ensemble des
fonctionnaires, des enseignantes et des travailleuses dĠhpitaux), il y eut une
croissance notable des journes-personnes en grve en 2005. Certes, cette croissance est reste
modeste par rapport aux annes 60 et 70 (voir graphique 1). Cependant le graphique ne montre ni la
plus longue et la plus large grve tudiante jamais vue dans lĠhistoire du
Qubec, ni lĠimportante mobilisation du mouvement cologique et ni
lĠoccupation, en 2004, dĠune usine de lĠaluminerie ALCAN pendant presque une
semaine par ses travailleurs, soutenus par la population du Saguenay,
laquelle la direction de la Fdration des travailleurs du Qubec a mis
brusquement fin.
Cette mobilisation dont le noyau tait les
syndicats du secteur public se termina abruptement en dcembre 2005 non pas par
une dfaite aprs une dure bataille mais par une capitulation sans combat la
loi spciale de retour au travail du gouvernement Libral. Le graphique 2 montre le dclin
dramatique des jours-personnes de grve/lock-out en 2006, non compens par des
ripostes dans dĠautres secteurs, situation dont on nĠest peut-tre pas encore
sorti en 2009. Le problme majeur
ne fut pas tant que les directions syndicales entreprirent le combat divises,
au point de se marauder les unes les autres en pleine ngociation, mais surtout
quĠelles sĠen tinrent la concertation, forme
qubcoise de la collaboration de classe, stratgie institutionnalise par le
Parti qubcois (PQ) dans les sommets conomiques de la fin des annes 90. Pour combler la mesure, les directions
syndicales persistrent dans cette stratgie mme si les Libraux eurent
soulign en termes clairs quĠil nĠy aurait pas cette fois une psychodramatique
entente de dernire minute.
Que la concertation eut t le problme
majeur, et non lĠabsence dĠunit qui en fut une consquence, fut prouv par le
relatif succs de la grve tudiante.
Ce fut lĠassociation tudiante la plus petite mais la plus radicale,
lĠASS, qui initia la grve obligeant les deux plus importantes associations
pro-PQ lui emboter le pas. Il
est cependant vrai, quĠune fois aprs avoir joint le mouvement, les deux
organisations pro-PQ prirent le contrle des ngociations et acceptrent une
entente minimaliste suffisante pour empcher la contre-rforme gouvernementale
mais non pour modifier le statu-quo, tout en ne liant pas la grve tudiante
celle en cours des enseignantes, ce pour quoi toutefois les directions
syndicales portent la principale responsabilit. En ce sens, le manque
dĠunit devint un problme qui conduisit un bilan mitig : pourquoi une
grve si longue et si large pour si peu ?
La premire phase de la pousse 2000-2005 a t la mre de Qubec solidaire, le nouveau parti politique de gauche fond en fvrier 2006 sur la base de la fusion entre le groupe politique Option citoyenne regroup autour de Franoise David (dirigeante de la Marche des femmes), sans programme ni stratgie, avec le parti Union des forces progressistes (UFP), dot dĠun programme antilibral et avec une exprience lectorale. Les acquis de lĠUFP ont t ce point ignors que Qubec solidaire est toujours sans programme aprs plus de trois ans dĠexistence.
Il nĠen reste pas moins que la fondation
dĠun parti de gauche significatif, mais au nombre de membres et lĠlectorat
stagnants (3.8% du vote tant aux lections du printemps 2007 que de lĠautomne
2008) depuis sa fondation est lĠaspect positif du bilan de la pousse
2000-2005. On dit souvent que
parmi les nations imprialistes, seul les U, lĠIrlande et le Qubec nĠavaient
pas de parti de masse de type social-dmocrate ou travailliste. Peut-tre le cas qubcois est-il en
voie dĠtre (mal) rsolu aprs les tentatives prometteuses mais avortes de
1905-07 et de 1944-47.
Il ne faut pas oublier que cette fondation
a aussi eu un pre, soit la seconde phase
2003-2005 se terminant par la dfaite stratgique de dcembre 2005. Cet aspect sombre se manifeste par
lĠlectoralisme de Qubec solidaire.
Son expression en est le verticalisme, une bureaucratisation prcoce et
une politique sociale-librale, rcemment dore par un hsitant discours
anticapitaliste (Ç Le Manifeste du premier mai È) beaucoup plus
modr, par exemple, que celui dĠOskar Lafontaine, dirigeant du Parti de Gauche
allemand, quĠon pourrait qualifier de no-keynsien radical de gauche.
Cet aspect ngatif de Qubec solidaire
provient dĠun mauvais bilan de la pousse 2000-2005, soit que les
manifestations ne donnent rien, que les grves finissent en dfaites mais que
les lections parviennent dĠinattendus rsultats positifs dont lĠlection
dĠun premier dput en 2008 est lĠheureux aboutissement. En fait, tant le mouvement des femmes
que le mouvement communautaire, dĠo provient la majorit des membres de Qubec
solidaire, ne se sont pas mobiliss de faon significative sur des enjeux concrets,
contrairement aux syndicats et aux mouvements tudiant et cologique, lors de
la seconde phase de la pousse 2000-2005 et depuis lors. Leurs dfaites, spcialement en ce qui
concerne le logement social et pour une lgislation anti-pauvret, les ont incit
dlaisser Ç la rue È en faveur Ç des urnes È.
Cette logique sĠapplique spcialement aux
suites de la Marche des femmes. Le
lendemain de lĠimportante manifestation de 2000, lĠorganisation de la Marche
des femmes a brusquement cess toute mobilisation suite au refus du Parti
qubcois (PQ) alors au pouvoir de majorer le salaire minimum 8.50 $
lĠheure sauf accorder une hausse humiliante de 10˘ 7.00 $. Elle a plutt fait un tournant
lectoraliste, spcialement le groupe autour de Franoise David, dornavant la
dirigeante principale de Qubec solidaire. La Fdration des femmes
du Qubec (FFQ) vient dĠailleurs de se piger dans un diviseur et strile dbat
sur le voile islamique quĠelle a elle-mme initi au lieu, par exemple,
dĠappeler la mobilisation pour dfendre les droits sociaux des travailleuses
domestiques des Philippines lesquels font en ce moment lĠactualit suite un
apparent scandale li une dpute fdrale et un rapport accablant.
Pour ce qui est des principaux groupes de
la gauche anticapitaliste — Gauche socialiste (Quatrime
Internationale), Socialisme international (li au SWP britannique) et le Parti
communiste du Qubec (scission rcente du Parti communiste canadien sur la
question de lĠindpendance) — ils sont devenus des
Ç collectifs È reconnus de Qubec solidaire aprs avoir
pass par les fourches caudines dĠun processus long et bureaucratique et
aprs avoir renonc lĠorganisation dĠun ple anticapitaliste ouvertement
critique et proposant un programme alternatif, comme par exemple dans le Parti
de gauche allemand. Cette alliance
tactique avec la direction lectoraliste et sociale-librale de Qubec
solidaire a t accepte sur la base dĠune analyse unilatrale et complaisante
de lĠapparition du nouveau parti.
Pour utiliser ma prcdente analogie : pour ces collectifs,
Qubec solidaire avait une mre mais pas de pre. Les analyses dtailles et jovialistes faites par Gauche
socialiste et Socialisme international au dbut 2006 pour expliquer la
fondation de Qubec solidaire ignoraient compltement lĠimpact de la dfaite
stratgique de dcembre 2005 au point de ne mme pas la mentionner.
Un rebondissement aprs la
catastrophe ?
Comme le montre le graphique 2, la
capitulation de dcembre 2005 a alors ananti le mouvement de riposte. Cependant, il montre aussi une lgre
reprise des luttes de 2006 jusquĠau dbut 2009. On peut noter des victoires contre le patronat non-qubcois
(Ptro-Canada et les propritaires des htels viss par la Ç ngociation
coordonne È du Conseil des syndicaux nationaux), un dur et long conflit
perdu contre Qubcor dont lĠenjeu est la restructuration de ses journaux
tablods et une srie de grves victorieuses de syndicats de professeurs et de
chargs de cours depuis 2007 (Concordia, Laval), 2008 (Universit du Qubec
Trois Rivires) culminant dans la grve trs militante et mdiatise de sept
semaines des professeurs de lĠUniversit du Qubec Montral (UQAM) en 2009
soutenue par de nombreuses et sporadiques grves tudiantes.
Le lock-out dĠun an de Ptro-Canada la raffinerie de Montral se terminant la fin 2008 est remarquer parce que lĠemployeur refusait dĠy appliquer lĠentente globale pan-canadienne, ce qui donnait ce conflit un caractre qui le liait nettement lĠoppression nationale, ce que la gauche tant canadienne que qubcoise ne remarqua pas mme si les travailleurs canadiens soutenaient financirement leurs confrres qubcois. On peut aussi supposer que la contradiction nationale a renforc la contradiction de classe lors de la remarquable Ç ngociation coordonne È organise par le Conseil des syndicaux nationaux (CSN) impliquant quarante syndicats locaux dont deux sont toujours en grve. La stratgie dĠune grve coordonne durant lĠt, moment fort de la saison touristique, dĠabord par une grve dĠavertissement dĠun jour ensuite par une grve illimite est particulirement efficace dans ce secteur peu concern par le libre-change. (Une stratgie similaire commence tre applique dans 38 grandes surfaces du secteur alimentaire.)
Ce fut toute une autre histoire avec le
lock-out dĠune anne en 2007-2008 du tablod Le Journal de Qubec par Qubcor
et maintenant avec celui du Journal de Montral commenc en janvier 2009.
Ce fleuron de Qubec Inc. est renomm pour sa ligne dure antisyndicale tant au
Qubec quĠaux U ou en France.
Bien que les travailleurs du Journal de Qubec aient russi le
remarquable exploit de publier une dition papier quotidienne dĠun journal
alternatif durant toute la dure du lock-out avec lĠappui de la population et
mme de celui de certains marchands, le conflit fut perdu parce que la
direction syndicale a refus dĠorganiser cette sympathie spontane. En ce
qui concerne le lock-out en cours du Journal de Montral (et du Progrs du
Saguenay), et considrant que Qubcor est aussi propritaire des tablodes Sun
au Canada dont certains employs servent de briseurs de grve pour certaines
tches, on aurait souhait une solidarit pan-canadienne. Pour lĠinstant les lock-outs
produisent un quotidien web mais ils semblent isols.
La relative bonne situation de lĠemploi au Qubec jusquĠ la fin de 2008 (voir le graphique 2) a certainement cr de bonnes conditions objectives a ce modeste sursaut de la riposte. Mme depuis lors, la crise conomique a moins frapp le Qubec que le Canada, particulirement lĠOntario dvast par lĠeffondrement des secteurs de lĠautomobile et de lĠacier et de son important secteur financier. Au Qubec, le traditionnel secteur du textile/vtement est en crise depuis la mise sur pied de lĠOMC au dbut des annes 90 et particulirement depuis la fin de lĠaccord multi-fibres ; la foresterie depuis la prtendue rsolution du litige Canada-U sur le bois dĠÏuvre, la drastique rduction de la demande de papier-journal et le pillage de la fort. LĠagonie du conglomrat Abitibi-Bowater en est peut-tre le chapitre ultime. Pour lĠinstant, lĠimportant secteur pharmaceutique montralais ne semble pas atteint quoique les fusions de grandes entreprises en cours pourrait entraner plus tard des Ç rationalisations È sans compter quĠil est en stagnation depuis plusieurs annes. LĠindustrie du logiciel semble aussi sĠen tirer de mme que le secteur du transport collectif (autobus, mtro, locomotives) qui pourrait mme profiter des plans de relance gouvernementaux. Toutefois, lĠimportant secteur de lĠavionnerie est durement frapp tout comme celui de lĠaluminium. Quant au secteur financier, il est relativement moins important que celui de lĠOntario. Finalement, les importants projets hydrolectriques en cours de construction pour des fins dĠexportation amoindrissent la crise. Ainsi la relative diversification de lĠconomie qubcoise, compare celle du Canada, agit pour lĠinstant comme effet tampon. Cependant, le continuel accroissement relatif de lĠendettement des consommateurs malgr le dploiement de la crise recle une bombe retardement.
La crise a durci lĠattitude du patronat
confront la baisse de ses profits.
Des onze conflits en cours la mi-mai, sept taient des lock-out. Ce qui toutefois dterminera le futur
rapport de forces sera ce qui se produira dans le secteur public o la
convention collective globale doit tre renouvele en 2010. Aprs lĠeffondrement de dcembre 2005,
dbutant en 2007, les professeurs universitaires, chargs de cours et autres
travailleurs universitaires, non inclus dans lĠentente globale de 2005, sont
entrs dans la bataille avec un certain succs. Leurs luttes ont culmin dans la grve de sept semaines des
professeurs de lĠUQAM, de la fin fvrier au dbut avril 2009, appuys par des
grves plus on moins longues de la majorit du corps tudiant. La dtermination des grvistes a
surpris tout le monde y compris les grvistes eux-mmes. Non seulement ont-ils gagn un bon
accord salarial, mieux que celui impos au secteur public, mais ils ont obtenu
lĠembauche de 145 professeurs supplmentaires malgr la grave crise financire
de lĠUQAM. Encore une fois, il
tait possible de percevoir un lment dĠoppression nationale en arrire-fond
du conflit. Compar
lĠanglophone universit McGill et mme la moins prestigieuse Concordia, la
grve a encore plus mis en vidence le sous-financement de lĠUQAM, une
universit dĠtat francophone et populaire donnant la priorit lĠenseignement
et sans importantes sources de financement priv.
La fin heureuse de cette grve semble avoir
raviv un certain optimisme qui a servi de prlude lĠannonce, le 11 mai, par
les directions syndicales de la reconstitution de lĠhistorique front commun de
1972, mme plus largement puisque il inclut presque tout le monde, accompagn
dĠun engagement solennel de non-maraudage. Manquait, cependant, dans leur
prise de position, cause dĠun bilan correct mais superficiel de la
catastrophe de 2005, un engagement de rupture de la concertation donc de la ncessit de prparer une confrontation de grande
ampleur. Il est naf de promettre
un rglement rapide avant la fin de lĠactuel contrat collectif, ce qui est
rarement arriv auparavant, tout en garantissant une hausse salariale de 11%
sur trois ans plus une clause dĠenrichissement alors que la crise, par
lĠaugmentation du chmage, provoque des gels et des reculs de salaires et de
prestations de pensions. Peut-tre
les directions syndicales croient-elles que la crise sera surmonte en 2010,
comme le prtendent certains conomistes patents, sans tenir compte de la
grande ingalit de la distribution des revenues qui se maintient et de la
montagne de dettes digrer. Ces
deux phnomnes annoncent une longue dpression une fois la crise termineÉ
quand elle se terminera.
Il faut avouer que lĠemphase analytique sur
la question du manque dĠunit comme tant le problme principal de lĠchec de
la dernire ronde de ngociations du secteur public nĠaide pas voir que
lĠenjeu de la collaboration de classe y fut dterminant. Cette erreur dĠanalyse est dĠautant
plus importante que les analystes de la gauche anticapitaliste y ont contribu
mme sĠils sont bien au fait de lĠimportance cruciale de lĠindpendance de
classe. Heureusement, Gauche socialiste
semble avoir t piqu au vif par la fondation du nouveau parti anticapitaliste
franais (NPA) dont le programme dĠurgence anti-crise, qui contraste comme le
jour sĠoppose la nuit avec la rponse anti-crise de Qubec solidaire que lĠon
peut au mieux qualifier de modrment no-keynsienne, commence tre connu au
Qubec. Gauche socialiste a enfin
commenc srieusement critiquer les directions syndicales, spcialement aprs
quĠelles aient chant les louanges du dernier budget Libral de mars 2009. Mieux, Gs a enfin critiqu le
pro-capitaliste Ç Manifeste du premier mai È produit par la direction
de Qubec solidaire et publi sans la moindre discussion la base. Y a-t-il l le dbut dĠune rupture de
lĠalliance avec la direction sociale-librale et une ouverture pour la
construction dĠun ple anticapitaliste ?
On ose esprer que les collectifs
idologiquement anticapitalistes de Qubec solidaire parlent bientt de la
ncessit de prparer une grve gnrale politique afin de crer les conditions
gagnantes dĠune victoire du front commun, ce qui ncessiterait une drastique
rforme fiscale et budgtaire permettant une augmentation substantielle des
services publics et des programmes sociaux. Il est facile de raliser quĠun tel tournant gauche exigerait
que le peuple qubcois, pour viter une gigantesque fuite de capitaux,
acquiert le pouvoir dĠexproprier les banques, le noyau dur du fdralisme
oppresseur, lesquelles reoivent la majorit de lĠaide fdrale en temps de
crise mme si au Canada celles-ci ne sont nullement menaces de banqueroute,
tant sĠen faut. Cela veut dire
mettre lĠindpendance au cÏur de toute stratgie anti-crise. Toutes ces questions ne devraient-elles pas faire lĠobjet de dbats lors
dĠtats gnraux du mouvement syndical et populaire pour un Qubec indpendant
et cologique ? NĠest-ce pas
les tats gnraux de 1967 qui ont grandement contribu amorcer les immenses
mobilisations menant du front commun de 1972 ?