PrŽsentation, ConfŽrence de Socialist Action, Toronto, 22-24 mai 2009

 

Mouvements sociaux et gauche quŽbŽcois de 2000 ˆ 2009 :

Une lueur dĠespoir aprs lĠeffondrement

 

Graphique 1

Rounded Rectangular Callout: Les beaux jours des annŽes 60-70      

 

                                            Graphique 2

Ministre du travail du QuŽbec

 

De lĠespoir de la  Marche des femmes de lĠautomne 2000 ˆ la capitulation des syndicats du secteur public en dŽcembre 2005 

 

La premire phase de cette poussŽe du mouvement de riposte fit dŽbuter en trombe le dŽbut du nouveau millŽnaire :

á      La Marche des femmes (automne 2000), dont la FŽdŽration des femmes du QuŽbec Žtait lĠinstigatrice mondiale

á      Le contre-sommet des peuples des AmŽriques contre la ZLƒA (avril 2001)

á      La manifestation de la guerre contre lĠIraq (mars 2003), relativement importante ˆ MontrŽal comparŽe ˆ celles ailleurs dans le monde

 

Cette premire phase 2000-2003 fut politique et internationaliste, consŽquences de la manifestation de Seattle en 1999 et du premier Forum social mondial en 2001.  Elle intŽgra la gauche quŽbŽcoise ˆ la gauche mondiale.  LĠenvers de la mŽdaille en fut sa faible rŽpercussion en termes de la riposte sociale mme si celle-ci a quand mme un peu augmentŽ (voir le graphique 2).  Les consŽquences Žlectorales furent, elles, percutantes.  Le rŽsultat inattendu (24%) de lĠŽlection partielle dans Mercier (centre-ville de MontrŽal) en avril 2001 pour un candidat soutenu par la grande majoritŽ de la gauche politique rŽvŽla le potentiel pour un parti de gauche.

 

La seconde phase de cette poussŽe, de lĠautomne 2003 ˆ dŽcembre 2005, fut principalement sociale tout en Žtant accompagnŽe dĠun dŽveloppement politique positif mais problŽmatique.  Comme le montre le graphique 2, ˆ cause des grves dĠune journŽe sans coordination du secteur public (ensemble des fonctionnaires, des enseignantes et des travailleuses dĠh™pitaux), il y eut une croissance notable des journŽes-personnes en grve en 2005.  Certes, cette croissance est restŽe modeste par rapport aux annŽes 60 et 70 (voir graphique 1).  Cependant le graphique ne montre ni la plus longue et la plus large grve Žtudiante jamais vue dans lĠhistoire du QuŽbec, ni lĠimportante mobilisation du mouvement Žcologique et ni lĠoccupation, en 2004, dĠune usine de lĠaluminerie ALCAN pendant presque une semaine par ses travailleurs, soutenus par la population du Saguenay, ˆ laquelle la direction de la FŽdŽration des travailleurs du QuŽbec a mis brusquement fin.

 

Cette mobilisation dont le noyau Žtait les syndicats du secteur public se termina abruptement en dŽcembre 2005 non pas par une dŽfaite aprs une dure bataille mais par une capitulation sans combat ˆ la loi spŽciale de retour au travail du gouvernement LibŽral.  Le graphique 2 montre le dŽclin dramatique des jours-personnes de grve/lock-out en 2006, non compensŽ par des ripostes dans dĠautres secteurs, situation dont on nĠest peut-tre pas encore sorti en 2009.  Le problme majeur ne fut pas tant que les directions syndicales entreprirent le combat divisŽes, au point de se marauder les unes les autres en pleine nŽgociation, mais surtout quĠelles sĠen tinrent ˆ la concertation, forme quŽbŽcoise de la collaboration de classe, stratŽgie institutionnalisŽe par le Parti quŽbŽcois (PQ) dans les sommets Žconomiques de la fin des annŽes 90.  Pour combler la mesure, les directions syndicales persistrent dans cette stratŽgie mme si les LibŽraux eurent soulignŽ en termes clairs quĠil nĠy aurait pas cette fois une psychodramatique entente de dernire minute. 

 

Que la concertation eut ŽtŽ le problme majeur, et non lĠabsence dĠunitŽ qui en fut une consŽquence, fut prouvŽ par le relatif succs de la grve Žtudiante.  Ce fut lĠassociation Žtudiante la plus petite mais la plus radicale, lĠASSƒ, qui initia la grve obligeant les deux plus importantes associations pro-PQ ˆ lui embo”ter le pas.  Il est cependant vrai, quĠune fois aprs avoir joint le mouvement, les deux organisations pro-PQ prirent le contr™le des nŽgociations et acceptrent une entente minimaliste suffisante pour empcher la contre-rŽforme gouvernementale mais non pour modifier le statu-quo, tout en ne liant pas la grve Žtudiante ˆ celle en cours des enseignantes, ce pour quoi toutefois les directions syndicales portent la principale responsabilitŽ.  En ce sens, le manque dĠunitŽ devint un problme qui conduisit ˆ un bilan mitigŽ : pourquoi une grve si longue et si large pour si peu ?    

 

La premire phase de la poussŽe 2000-2005 a ŽtŽ la mre de QuŽbec solidaire, le nouveau parti politique de gauche fondŽ en fŽvrier 2006 sur la base de la fusion entre le groupe politique Option citoyenne regroupŽ autour de Franoise David (dirigeante de la Marche des femmes), sans programme ni stratŽgie, avec le parti Union des forces progressistes (UFP), dotŽ dĠun programme antilibŽral et avec une expŽrience Žlectorale.  Les acquis de lĠUFP ont ŽtŽ ˆ ce point ignorŽs que QuŽbec solidaire est toujours sans programme aprs plus de trois ans dĠexistence. 

 

Il nĠen reste pas moins que la fondation dĠun parti de gauche significatif, mais au nombre de membres et ˆ lĠŽlectorat stagnants (3.8% du vote tant aux Žlections du printemps 2007 que de lĠautomne 2008) depuis sa fondation est lĠaspect positif du bilan de la poussŽe 2000-2005.  On dit souvent que parmi les nations impŽrialistes, seul les ƒU, lĠIrlande et le QuŽbec nĠavaient pas de parti de masse de type social-dŽmocrate ou travailliste.  Peut-tre le cas quŽbŽcois est-il en voie dĠtre (mal) rŽsolu aprs les tentatives prometteuses mais avortŽes de 1905-07 et de 1944-47. 

 

Il ne faut pas oublier que cette fondation a aussi eu un pre, soit la seconde phase 2003-2005 se terminant par la dŽfaite stratŽgique de dŽcembre 2005.  Cet aspect sombre se manifeste par lĠŽlectoralisme de QuŽbec solidaire.  Son expression en est le verticalisme, une bureaucratisation prŽcoce et une politique sociale-libŽrale, rŽcemment dorŽe par un hŽsitant discours anticapitaliste (Ç Le Manifeste du premier mai È) beaucoup plus modŽrŽ, par exemple, que celui dĠOskar Lafontaine, dirigeant du Parti de Gauche allemand, quĠon pourrait qualifier de nŽo-keynŽsien radical de gauche.

 

Cet aspect nŽgatif de QuŽbec solidaire provient dĠun mauvais bilan de la poussŽe 2000-2005, soit que les manifestations ne donnent rien, que les grves finissent en dŽfaites mais que les Žlections parviennent ˆ dĠinattendus rŽsultats positifs dont lĠŽlection dĠun premier dŽputŽ en 2008 est lĠheureux aboutissement.  En fait, tant le mouvement des femmes que le mouvement communautaire, dĠo provient la majoritŽ des membres de QuŽbec solidaire, ne se sont pas mobilisŽs de faon significative sur des enjeux concrets, contrairement aux syndicats et aux mouvements Žtudiant et Žcologique, lors de la seconde phase de la poussŽe 2000-2005 et depuis lors.  Leurs dŽfaites, spŽcialement en ce qui concerne le logement social et pour une lŽgislation anti-pauvretŽ, les ont incitŽ ˆ dŽlaisser Ç la rue È en faveur Ç des urnes È.

 

Cette logique sĠapplique spŽcialement aux suites de la Marche des femmes.  Le lendemain de lĠimportante manifestation de 2000, lĠorganisation de la Marche des femmes a brusquement cessŽ toute mobilisation suite au refus du Parti quŽbŽcois (PQ) alors au pouvoir de majorer le salaire minimum ˆ 8.50 $ lĠheure sauf ˆ accorder une hausse humiliante de 10˘ ˆ 7.00 $.  Elle a plut™t fait un tournant Žlectoraliste, spŽcialement le groupe autour de Franoise David, dorŽnavant la dirigeante principale de QuŽbec solidaire.  La FŽdŽration des femmes du QuŽbec (FFQ) vient dĠailleurs de se piŽger dans un diviseur et stŽrile dŽbat sur le voile islamique quĠelle a elle-mme initiŽ au lieu, par exemple, dĠappeler ˆ la mobilisation pour dŽfendre les droits sociaux des travailleuses domestiques des Philippines lesquels font en ce moment lĠactualitŽ suite ˆ un apparent scandale liŽ ˆ une dŽputŽe fŽdŽrale et ˆ un rapport accablant.   

                 

Pour ce qui est des principaux groupes de la gauche anticapitaliste — Gauche socialiste (Quatrime Internationale), Socialisme international (liŽ au SWP britannique) et le Parti communiste du QuŽbec (scission rŽcente du Parti communiste canadien sur la question de lĠindŽpendance) — ils sont devenus des Ç collectifs È reconnus de QuŽbec solidaire aprs avoir passŽ par les fourches caudines dĠun processus long et bureaucratique et aprs avoir renoncŽ ˆ lĠorganisation dĠun p™le anticapitaliste ouvertement critique et proposant un programme alternatif, comme par exemple dans le Parti de gauche allemand.  Cette alliance tactique avec la direction Žlectoraliste et sociale-libŽrale de QuŽbec solidaire a ŽtŽ acceptŽe sur la base dĠune analyse unilatŽrale et complaisante de lĠapparition du nouveau parti.  Pour utiliser ma prŽcŽdente analogie : pour ces collectifs, QuŽbec solidaire avait une mre mais pas de pre.  Les analyses dŽtaillŽes et jovialistes faites par Gauche socialiste et Socialisme international au dŽbut 2006 pour expliquer la fondation de QuŽbec solidaire ignoraient compltement lĠimpact de la dŽfaite stratŽgique de dŽcembre 2005 au point de ne mme pas la mentionner.

 

 

Un rebondissement aprs la catastrophe ? 

 

Comme le montre le graphique 2, la capitulation de dŽcembre 2005 a alors anŽanti le mouvement de riposte.  Cependant, il montre aussi une lŽgre reprise des luttes de 2006 jusquĠau dŽbut 2009.  On peut noter des victoires contre le patronat non-quŽbŽcois (PŽtro-Canada et les propriŽtaires des h™tels visŽs par la Ç nŽgociation coordonnŽe È du Conseil des syndicaux nationaux), un dur et long conflit perdu contre QuŽbŽcor dont lĠenjeu est la restructuration de ses journaux tablo•ds et une sŽrie de grves victorieuses de syndicats de professeurs et de chargŽs de cours depuis 2007 (Concordia, Laval), 2008 (UniversitŽ du QuŽbec ˆ Trois Rivires) culminant dans la grve trs militante et mŽdiatisŽe de sept semaines des professeurs de lĠUniversitŽ du QuŽbec ˆ MontrŽal (UQAM) en 2009 soutenue par de nombreuses et sporadiques grves Žtudiantes.

 

Le lock-out dĠun an de PŽtro-Canada ˆ la raffinerie de MontrŽal se terminant ˆ la fin 2008 est ˆ remarquer parce que lĠemployeur refusait dĠy appliquer lĠentente globale pan-canadienne, ce qui donnait ˆ ce conflit un caractre qui le liait nettement ˆ lĠoppression nationale, ce que la gauche tant canadienne que quŽbŽcoise ne remarqua pas mme si les travailleurs canadiens soutenaient financirement leurs confrres quŽbŽcois.  On peut aussi supposer que la contradiction nationale a renforcŽ la contradiction de classe lors de la remarquable Ç nŽgociation coordonnŽe È organisŽe par le Conseil des syndicaux nationaux (CSN) impliquant quarante syndicats locaux dont deux sont toujours en grve.  La stratŽgie dĠune grve coordonnŽe durant lĠŽtŽ, moment fort de la saison touristique, dĠabord par une grve dĠavertissement dĠun jour ensuite par une grve illimitŽe est particulirement efficace dans ce secteur peu concernŽ par le libre-Žchange.  (Une stratŽgie similaire commence ˆ tre appliquŽe dans 38 grandes surfaces du secteur alimentaire.)

 

Ce fut toute une autre histoire avec le lock-out dĠune annŽe en 2007-2008 du tablo•d Le Journal de QuŽbec par QuŽbŽcor et maintenant avec celui du Journal de MontrŽal commencŽ en janvier 2009.  Ce fleuron de QuŽbec Inc. est renommŽ pour sa ligne dure antisyndicale tant au QuŽbec quĠaux ƒU ou en France.  Bien que les travailleurs du Journal de QuŽbec aient rŽussi le remarquable exploit de publier une Ždition papier quotidienne dĠun journal alternatif durant toute la durŽe du lock-out avec lĠappui de la population et mme de celui de certains marchands, le conflit fut perdu parce que la direction syndicale a refusŽ dĠorganiser cette sympathie spontanŽe.  En ce qui concerne le lock-out en cours du Journal de MontrŽal (et du Progrs du Saguenay), et considŽrant que QuŽbŽcor est aussi propriŽtaire des tablo•des Sun au Canada dont certains employŽs servent de briseurs de grve pour certaines t‰ches, on aurait souhaitŽ une solidaritŽ pan-canadienne.  Pour lĠinstant les lock-outŽs produisent un quotidien web mais ils semblent isolŽs.

 

La relative bonne situation de lĠemploi au QuŽbec jusquĠˆ la fin de 2008 (voir le graphique 2) a certainement crŽŽ de bonnes conditions objectives a ce modeste sursaut de la riposte.  Mme depuis lors, la crise Žconomique a moins frappŽ le QuŽbec que le Canada, particulirement lĠOntario dŽvastŽ par lĠeffondrement des secteurs de lĠautomobile et de lĠacier et de son important secteur financier.  Au QuŽbec, le traditionnel secteur du textile/vtement est en crise depuis la mise sur pied de lĠOMC au dŽbut des annŽes 90 et particulirement depuis la fin de lĠaccord multi-fibres ; la foresterie depuis la prŽtendue rŽsolution du litige Canada-ƒU sur le bois dĠÏuvre, la drastique rŽduction de la demande de papier-journal et le pillage de la fort.  LĠagonie du conglomŽrat Abitibi-Bowater en est peut-tre le chapitre ultime.  Pour lĠinstant, lĠimportant secteur pharmaceutique montrŽalais ne semble pas atteint quoique les fusions de grandes entreprises en cours pourrait entra”ner plus tard des Ç rationalisations È sans compter quĠil est en stagnation depuis plusieurs annŽes.  LĠindustrie du logiciel semble aussi sĠen tirer de mme que le secteur du transport collectif (autobus, mŽtro, locomotives) qui pourrait mme profiter des plans de relance gouvernementaux.  Toutefois, lĠimportant secteur de lĠavionnerie est durement frappŽ tout comme celui de lĠaluminium.  Quant au secteur financier, il est relativement moins important que celui de lĠOntario.  Finalement, les importants projets hydroŽlectriques en cours de construction pour des fins dĠexportation amoindrissent la crise.  Ainsi la relative diversification de lĠŽconomie quŽbŽcoise, comparŽe ˆ celle du Canada, agit pour lĠinstant comme effet tampon.  Cependant, le continuel accroissement relatif de lĠendettement des consommateurs malgrŽ le dŽploiement de la crise recle une bombe ˆ retardement.

 

La crise a durci lĠattitude du patronat confrontŽ ˆ la baisse de ses profits.  Des onze conflits en cours ˆ la mi-mai, sept Žtaient des lock-out.  Ce qui toutefois dŽterminera le futur rapport de forces sera ce qui se produira dans le secteur public o la convention collective globale doit tre renouvelŽe en 2010.  Aprs lĠeffondrement de dŽcembre 2005, dŽbutant en 2007, les professeurs universitaires, chargŽs de cours et autres travailleurs universitaires, non inclus dans lĠentente globale de 2005, sont entrŽs dans la bataille avec un certain succs.  Leurs luttes ont culminŽ dans la grve de sept semaines des professeurs de lĠUQAM, de la fin fŽvrier au dŽbut avril 2009, appuyŽs par des grves plus on moins longues de la majoritŽ du corps Žtudiant.  La dŽtermination des grŽvistes a surpris tout le monde y compris les grŽvistes eux-mmes.  Non seulement ont-ils gagnŽ un bon accord salarial, mieux que celui imposŽ au secteur public, mais ils ont obtenu lĠembauche de 145 professeurs supplŽmentaires malgrŽ la grave crise financire de lĠUQAM.  Encore une fois, il Žtait possible de percevoir un ŽlŽment dĠoppression nationale en arrire-fond du conflit.   ComparŽ ˆ lĠanglophone universitŽ McGill et mme ˆ la moins prestigieuse Concordia, la grve a encore plus mis en Žvidence le sous-financement de lĠUQAM, une universitŽ dĠƒtat francophone et populaire donnant la prioritŽ ˆ lĠenseignement et sans importantes sources de financement privŽ.

 

La fin heureuse de cette grve semble avoir ravivŽ un certain optimisme qui a servi de prŽlude ˆ lĠannonce, le 11 mai, par les directions syndicales de la reconstitution de lĠhistorique front commun de 1972, mme plus largement puisque il inclut presque tout le monde, accompagnŽ dĠun engagement solennel de non-maraudage.  Manquait, cependant, dans leur prise de position, ˆ cause dĠun bilan correct mais superficiel de la catastrophe de 2005, un engagement de rupture de la concertation donc de la nŽcessitŽ de prŽparer une confrontation de grande ampleur.  Il est na•f de promettre un rglement rapide avant la fin de lĠactuel contrat collectif, ce qui est rarement arrivŽ auparavant, tout en garantissant une hausse salariale de 11% sur trois ans plus une clause dĠenrichissement alors que la crise, par lĠaugmentation du ch™mage, provoque des gels et des reculs de salaires et de prestations de pensions.  Peut-tre les directions syndicales croient-elles que la crise sera surmontŽe en 2010, comme le prŽtendent certains Žconomistes patentŽs, sans tenir compte de la grande inŽgalitŽ de la distribution des revenues qui se maintient et de la montagne de dettes ˆ digŽrer.  Ces deux phŽnomnes annoncent une longue dŽpression une fois la crise terminŽeÉ quand elle se terminera.

 

Il faut avouer que lĠemphase analytique sur la question du manque dĠunitŽ comme Žtant le problme principal de lĠŽchec de la dernire ronde de nŽgociations du secteur public nĠaide pas ˆ voir que lĠenjeu de la collaboration de classe y fut dŽterminant.  Cette erreur dĠanalyse est dĠautant plus importante que les analystes de la gauche anticapitaliste y ont contribuŽ mme sĠils sont bien au fait de lĠimportance cruciale de lĠindŽpendance de classe.  Heureusement, Gauche socialiste semble avoir ŽtŽ piquŽ au vif par la fondation du nouveau parti anticapitaliste franais (NPA) dont le programme dĠurgence anti-crise, qui contraste comme le jour sĠoppose ˆ la nuit avec la rŽponse anti-crise de QuŽbec solidaire que lĠon peut au mieux qualifier de modŽrŽment nŽo-keynŽsienne, commence ˆ tre connu au QuŽbec.  Gauche socialiste a enfin commencŽ ˆ sŽrieusement critiquer les directions syndicales, spŽcialement aprs quĠelles aient chantŽ les louanges du dernier budget LibŽral de mars 2009.  Mieux, Gs a enfin critiquŽ le pro-capitaliste Ç Manifeste du premier mai È produit par la direction de QuŽbec solidaire et publiŽ sans la moindre discussion ˆ la base.  Y a-t-il lˆ le dŽbut dĠune rupture de lĠalliance avec la direction sociale-libŽrale et une ouverture pour la construction dĠun p™le anticapitaliste ?

 

On ose espŽrer que les collectifs idŽologiquement anticapitalistes de QuŽbec solidaire parlent bient™t de la nŽcessitŽ de prŽparer une grve gŽnŽrale politique afin de crŽer les conditions gagnantes dĠune victoire du front commun, ce qui nŽcessiterait une drastique rŽforme fiscale et budgŽtaire permettant une augmentation substantielle des services publics et des programmes sociaux.  Il est facile de rŽaliser quĠun tel tournant ˆ gauche exigerait que le peuple quŽbŽcois, pour Žviter une gigantesque fuite de capitaux, acquiert le pouvoir dĠexproprier les banques, le noyau dur du fŽdŽralisme oppresseur, lesquelles reoivent la majoritŽ de lĠaide fŽdŽrale en temps de crise mme si au Canada celles-ci ne sont nullement menacŽes de banqueroute, tant sĠen faut.  Cela veut dire mettre lĠindŽpendance au cÏur de toute stratŽgie anti-crise.  Toutes ces questions ne devraient-elles pas faire lĠobjet de dŽbats lors dĠŽtats gŽnŽraux du mouvement syndical et populaire pour un QuŽbec indŽpendant et Žcologique ?  NĠest-ce pas les Žtats gŽnŽraux de 1967 qui ont grandement contribuŽ ˆ amorcer les immenses mobilisations menant du front commun de 1972 ? 

 

Marc Bonhomme, 27 mai 2009