Commencement de
la fin ou commencement de la faim ?
Tout va trs bien M. le premier ministre (ou M. le prsident ou Mme la chancelire), tout va trs bien. Il y a bien vos petits copains, M. le premier ministre, qui sĠen mettent plein les poches mais comme cĠest nous qui payons coups dĠurgences bondes, de classes dbordantes, de nuits passes dehors et bientt de super-tarifs, pas besoin de commission dĠenqute. Il y a aussi ces Afghans, M. lĠautre premier ministre, quĠon laisse se faire torturs mais comme ce sont que des terroristes rels ou en puissance, leurs droits ne valent pas la rente ptrolire des sables bitumineux au bnfice de vos gras copains. Il y a bien votre escalade guerrire, M. le prix Nobel de la paix — ce M. Nobel nĠest-il pas lĠinventeur de la dynamite ? — mais le sauvetage de la dmocratique civilisation judo-chrtienne ne ncessite-il pas quelques drones, et pas mal de bombes, sur la tte de ces barbus et femmes voiles ? Il y bien, mesdames et messieurs les grands sages de Copenhague, lĠocan qui gobe quelques les tropicales et une poigne dĠInuits qui sĠenfoncent dans le perglisol. Au diable ! On ira se faire griller au soleil du Labrador en bouffant des oranges du GroenlandÉ le pain sera devenu trop cher. Le Berlusconi italien est bless — par un fou mais est-ce un sage ? — vive le nouveau Berlusconi chilien !
La crise ? Quelle crise ? On sĠest tellement habitu au marasme de la guenille, de la fort et de la pche quĠon fait le vide autour des derniers chialeuxÉ contre Ottawa. La solution est bien connue : on remplace les arbres par des VTT, les poissons par des touristes — y a-t-il une diffrence ? — et les usines par des Wall-MartÉ non syndiqus videmment. Les Bangladaises nous habillent, les Chinoises nous branchent, le Mexicaines nous nourrissent, les Latinos nous servent et les Philippines torchent nos bourgeoisÉ des conditions amliores, gracieuset du gouvernement Conservateur. Comment les payerÉ presque rien ? Ë coups dĠune montagne de dettes aux dpens des mmes damns de la terre, hier celles de vous et moi, avant-hier et aujourdĠhui celles des gouvernementsÉ au Qubec et au Canada, les deux la fois. Ce nĠest pas assez ? On actionne la planche billets et tant pis pour la stagflation de demain. Les pauvres ? Elles ont leur chque mensuel ou leur salaire minimum que notre bon gouvernement Libral vient de faire grimper au ciel. Les sans-abris ? Ils ont leur soupes populaires auxquelles notre bon gouvernement Libral — ils exagrent ! — vient de donner une gnreuse subvention pour Nol. Ils sont chanceux, il y en a un milliard qui crve de faim dans le monde. Tout au bas de lĠchelle reste cette si charitable lite tasunienne qui se sacrifie pour la paix du mondeÉ pay par lĠargent extrait de la sueur chinoise pour saigner les peuples dont le sienÉ et le ntre. On ne les oublie pas : on leur vend notre lectricit et notre aluminium beau, bon, pas cherÉ et quelques armements. Pour consoler les uns et les autres, nos jeunes technophiles leurs fabriquent des jeux vido la tonneÉ pour nous aussi, histoire de se droguer de virtuel o lĠon tue sans saigner.
La survie de la plante ? On va quand mme pas achever Bombardier, Pratt et Whitney et Transat en empchant les gens de voyager par avion. Comment tre heureux sans aller Cuba chaque hiverÉ ou en rver ? Fidel ne serait pas content. Faudra-t-il y aller en chaloupe aprs tre all travailler en bixi ? Ils vont quand mme pas nous faire maigrir ! On ne va quand mme pas laisser tomber nos bungalow et nos chars ! (Avouons que sĠil y avait des logements et des transports publics qui avaient de lĠallure, on les laisserait joyeusement tomber. En plus on pourrait travailler moins en tant plus heureux.) En attendant, on serait fou de ne pas en acheter avec un taux dĠintrt tendant vers zroÉ en autant que Lacroix et compagnie ne nous aient pas lessiv. Que les nafs portent leur croix ! On est bien trop heureux travailler comme des fous pour payer nos dettes et pour entretenir nos stocks de Ç biens durables ÈÉ pas trs durablesÉ et avoir peur de devenir chmeuses. Quand la consommation va, tout vaÉ surtout pour le capital qui, autrement, ne pourrait plus sĠaccumuler.
Peut-on imaginer Ti-Jean alias Patapouf survivre sans la cote triple A de MoodyĠs, la cote Alberta/Arabie saoudite/Abou Dhabi ? Attention, nous on a les mains propresÉ mais si on pouvait donc trouver du ptrole dans le Golfe. Pas de problme de pollution, il nĠy a plus de poissons. Ë bien y penser si on couvrait le Qubec dĠoliennes on pourrait tous sĠenvoler Cuba. Plus de tempte de neige. Plus de problme dĠindpendance. Trop chaud pour porter le voile. Les Inuits ? On les laisserait sĠautodterminer sur la banquise. Elle fond ? Ils pourraient ramer jusquĠ la Terre de Baffin pour y planter des palmiers. Financiers du monde, y avez-vous acheter des terrains ? Beaucoup plus payant que le march des droits de polluerÉ en attendant le march des droits de respirer. Il nĠy a que Greenpeace pour crier la dforestation. Ne pourraient-ils pas nous ficher la paixÉ verte ? Heureusement quĠil reste un lucide au Canada, son premier ministre. Nous, on est encore plus chanceux : on en a quatre, les quatre conomistes de lĠApocalypse, qui nous concocte un budget qui ne sera pas vert, cĠest garanti !
Le Qubec nĠest pas fier de ses FIER ? Coudons, le veut-on ce Qubec fort dans un Canada uni ? Merck and Frost cĠest America Inc. Bombardier cĠest Canada Inc. Power Corp. cĠest World Inc. Cline et le Cirque du soleil, quand son propritaire nĠest pas dans la lune, amusent les tasuniens dans la capitale des casinos. Les chialeux nĠen ont pas voulu Montral. Nos syndiqus ne veulent pas se sacrifier au Qubec pour effacer la banqueroute des imprimeries Qubcor en dehors du Qubec. Ils ont dj chass lĠindustrie de lĠauto. Reste quoi ? Le complexe de lĠasphalte, du bois et du ciment, le complexe ABC. Amenez-en des autoroutes. Amenez-en des barrages. Et que a paye. On ne va quand mme pas obliger notre complexe national ABC fabriquer des oliennes, cĠest bien trop cher apprendre comment. Ti-Jean, soutenu par Grard-le-sourire-fendu-jusquĠaux-oreilles, lĠa bien compris. Les dficits dĠObama cĠest pour sauver les banques, ceux de Harper pour sauver lĠaxe Toronto-Calgary, ceux de Ti-Jean pour sauver le complexe ABC. Les rentes hydro-qubcoise, minireÉ et celle des contrats sans appel dĠoffre, y compris pour remplacer le mtro, cĠest pour le capital, pas pour le peuple. Au capital financier de Wall Street et Bay Street le filet mignon, Bombardier le rti de cte, au complexe ABC la viande hache. Reste au peuple gruger les osÉ une fois que Desjardins a pris la moelle. Et tous unis derrire Hydro pour la conqute du Nouveau-BrunswickÉ et de sa centrale nuclaire !
LĠindpendance ? Pour quoi faire ? CĠest Ti-Jean le vrai successeur de Ti-Poil. Les syndicats du public ont mang une vole en 1982, ils en ont mang une en 2005, ils vont en manger une en 2010. Ti-Jean a compris quĠil faut les ngocier mort pour leur enlever de la tte lĠide de la grve gnrale comme en 1972. Un vrai pquiste ce Ti-Jean ! QuĠil tait beau et sublime notre fris national Copenhague. CĠest pas moi qui le dit mais le pquiste Lise. Le PQ ne veut mme pas de dficit pour subventionner le complexe ABCÉ ni pour sauver le peuple. LĠidal pquiste cĠest le Ç dficit zro È avec coupures drastiques bni par les bonzes syndicaux. En fait le PQ ne sait plus trop ce quĠil veut. Il est la recherche de son identit en essayant de faire croire au peuple quĠil est la recherche de la sienne. On ne serait ni anglo ni allo, peut-tre mme pas des francos dĠaprs la conqute. Comme les autres ont pas mal de sang autochtone, ne reste plus quĠun squeletteÉ qui gruge un os. Ti-Jean, lui, connat la solution, la solution Sarkozy : Ç Hi ! If you want to speak in French, press one. È De toute faon, M. Indpendance lui-mme, Ti-Jacques, sĠest rconcili avec Bob le mangeux de hot dog — bon Dieu quĠon le regrette — : lĠindpendance, cĠest la Ç souverainet culturelle È la mode ALNA. Finalement, tout le monde est dĠaccord sur le fond. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Qubec solidaire ? Il en est encore chercher o est Copenhague sur la mappemonde. Et il a oubli o tait Kaboul. Il dnonce le mchant capital tour de bras mais il ne veut pas le taxer. Si une usine ferme, il verse des larmes de crocodiles, en appelle la bonne foi patronale, supplie Ti-Jean dĠintervenir et conseille aux travailleurs de former une coop avec salaires et conditions de travail de lĠconomie sociale. Il ne lui viendrait pas lĠesprit dĠinterdire les congdiements collectifs aux frais du capital. Il est pour les droits territoriaux des Autochtones et des Inuit mais il pense quĠils nĠont pas de territoires bien eux. La Ç souverainet populaire È lui sert comme le PQ se servait de la Ç souverainet-partenariat È : noyer le poisson de lĠindpendance/souverainet (ou le contraire). Le chat sortira du sac aprs les Calendes grecques dĠune assemble constituante une fois lu, sous le chapeau de la constitution fdrale, un gouvernement Qubec solidaire. En attendant, il parle le moins possible dĠindpendanceÉ sauf parfois le dimanche. CĠest quand mme utile pour occuper pendant toute une anne une base qui a la bougeotte. Qubec solidaire pense tre un parti alors quĠil se comporte comme un gros groupe de pressionÉ sous la pression centralisatrice de Franoise pendant quĠAmir amuse la galerie. Ah! les vedettesÉ portes par nos mdias contrls par les copains Paul et KarlÉ et lĠami fdral. Quel magnifique moyen de contrle ! Qubec solidaire pense tre le parti du peuple mais cĠest l un peuple imaginaire dfini par des travailleurs sociaux o tous et toutes vivent dans la pauvret et lĠexclusion. Pour lĠinstant, Ti-Jean peut sĠaccommoder de Franoise bien mieux que de Pauline. Il peut avant Nol faire de petits cadeaux au peuple pauvre — pauvre peuple ! — et dĠautres Ç accommodements raisonnables È le restant de lĠanne pour loigner Pauline du pouvoir parlementaireÉ qui nĠen a que lĠapparence.
Ce serait tout une autre paire de manches si Qubec solidaire se muait en parti de la rue luttant pour une indpendance de gauche affrontant les banques et les pollueurs pour leur arracher le pouvoirÉ rel. Ti-Jean sait quĠil nĠa rien craindre de ce ctÉ pour le moment. Ce ne sont pas Franoise et Amir qui vont en appeler des tats gnraux pour faire de la lutte du Front commun un affrontement politique. Mais sait-on jamais : Qubec solidaire, contrairement au PQ, nĠest pas issu du sommet de la socit mais de sa base. Ti-Jean le malin le sait fort bien : donc mfiance et prudence. Pauline et lui sont du mme monde : ce sont des adversaires mais frre et sÏur dans la richesse. Une Franoise amie des pauvres et des exclues est fort utile pour le jeu politique de Ti-Jean surtout si le PQ chasse sur les terres de lĠADQ. Mais elle nĠest pas une sÏur. Pousse par la colre populaire une sÏur reste une sÏur mais une utile amie des pauvres et des exclues pourrait devenir une dangereuse combattante du proltariatÉ en 2010 ? On a le droit de rverÉ et dĠagir.
Marc
Bonhomme, 19 dcembre 2009